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MOZART, Le nozze di Figaro — Clermont-Ferrand

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Spectacle
15 avril 2022
Réjouissante et folle journée

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opera buffa en quatre actes

Musique de Wolfgang Amadeus Mozart

Livret de Lorenzo da Ponte

d’après la comédie de Beaumarchais La folle journée ou Le mariage de Figaro

Création le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne

Détails

Mise en scène

Pierre Thirion-Vallet

Création du décor

Frank Aracil

Réalisation du décor

Czak Décor

Costumes, réalisés par l’Atelier Clermont Auvergne Opéra,

Véronique Henriot

Lumières

Véronique Marsy

Le comte Almaviva

Alban Legos

La comtesse Almaviva

Erminie Blondel

Figaro

Florian Bisbrouck

Susanna

Jeanne Mendoche

Cherubino

Anne-Lise Polchlopek

Marcellina

Magali Paliès

Bartolo

Eugenio Di Lieto

Basilio / Curzio

Marco Angioloni

Barbarina

Laura Baudelet

Antonio

Pierre Thirion-Vallet

Chœur Opéra Nomade

Orchestre Les Métamorphoses

Direction musicale

Amaury du Closel

Coproduction Clermont Auvergne Opéra / Opéra Nomade 2020

Clermont-Ferrand, Opéra-Théâtre, le mercredi 13 avril, 20 h

L’attention de la critique se focalise particulièrement sur nos « grandes » scènes, dont est éloignée, géographiquement comme culturellement la plus large partie de la population. Le relatif silence qui entoure bien des productions en région paraît aujourd’hui particulièrement injuste. Ces Noces de Figaro en sont l’une des plus belles illustrations, où, à aucun moment, la modestie des moyens ne se traduit par une exigence et un résultat moindres que ceux de nombre de scènes réputées.

Opéra nomade – le bien-nommé (*) – a déjà présenté cette coproduction avec l’Opéra de Clermont-Ferrand Auvergne dans quatre autres villes, avant d’en gagner ensuite au moins trois autres cette année, sans compter les promesses de poursuite en 2023. Directeur d’Opéra Nomade, Amaury du Closel, qui assure la direction musicale, retrouve une fois encore son compagnon en charge de la mise en scène, Pierre Thirion-Vallet, lui-même directeur de Clermont Auvergne Opéra. La lecture singulière et convaincante de leur Cosi fan tutte (2015) et de Don Giovanni (2017) présumait une approche aussi renouvelée et fraîche de cet autre chef-d’œuvre. D’autant que l’équipe réunie pour la circonstance, bien que jeune, s’est forgée au fil des ans pour créer un véritable esprit de troupe, avec les complicités qui en découlent.

Les décors que signe Frank Aracil se réduisent à quelques belles structures dont les combinaisons s’agencent ingénieusement pour renouveler les scènes. Chaque tableau est d’une égale séduction, on pense aux décors de Cassandre-Balthus pour le premier Cosi d’Aix, ce qui n’est pas une mince référence. Les lumières de Véronique Marsy, classiques, participent intelligemment aux climats attendus. Quant aux beaux costumes, signés Véronique Henriot, ils nous plongent dans cette fin du XVIIIe siècle, seyants, caractérisés, colorés à souhait. Le plaisir visuel est constant. La direction d’acteurs, exemplaire, participe pleinement à la réussite de la production, à l’exception de la fin de l’ouverture et de la première scène, un peu brouillonnes pour les figurants.

Modèle d’intelligence et de sensibilité, la mise en scène renvoie à Goldoni, en forçant parfois le trait : nous sommes dans une comédie, commandée par le désir. Les trouvailles amusent, souvent bienvenues, qui concourent à la cohérence des enchaînements, quittes à priver parfois l’imaginaire du spectateur du charme de l’ambigüité. Ainsi, ajoutés entre le III et le IV, les brefs ébats du Comte et de Barberine ne laissent-il aucun doute sur ce qu’elle a perdu.

Non seulement, la distribution – où les prises de rôle sont nombreuses – ne comporte aucune faiblesse, mais elle permet à bien des jeunes d’affirmer leur talent comme leur potentiel : voix saines, franches, qui s’accordent bien dans les ensembles, qui constituent la moitié des numéros de la partition. Tous sont achevés, particulièrement le finale du deuxième acte, du duo au septuor, un des sommets de toute l’histoire de l’opéra, conduit ce soir avec un sens de la progression qui n’appelle que des éloges. La participation du chœur, réduite, est bienvenue, qui ne diffère guère des ensembles que par l’écriture homophone : six chanteurs, et certains seconds rôles, suffisent pour ajouter quelques moments de bonheur.


Figaro, Susanna, Marcellina et Bartolo © Yann Cabello

Alban Legos nous vaut un Comte grand seigneur, jeune, élégant, coureur de jupons. La voix est ronde, ample et libre, et sait se faire joviale comme colérique. Excellent comédien, ses récitatifs, comme les ensembles auxquels il participe sont toujours crédibles, justes. Quant à son air « Vedro, mentre io sospiro », complexe dans son évolution et dans les expressions requises, la réussite est exemplaire. Florian Bisbrouck est un Figaro chaleureux, nuancé, moins impertinent que celui du Barbier, humain, sympathique, qui sait ce qu’est l’amour comme la souffrance. Dès son « Se vuol ballare… » on sait que la soirée sera réussie. Son dernier air, « Aprite un po’ quegli occhi », est un pur régal : la progression des trois strophes lui permet de passer par toutes les expressions et de faire montre de son talent, qui n’est pas mince.  Le groupe des comprimarii ne connaît aucune faiblesse. Les personnages sont parfaitement caractérisés et justes, truculents. Bartolo, imbu de sa personne et drôle, est bien campé par Eugenio di Lieto. Marco Angioloni qui chante tour à tour Basilio et Don Curzio réalise une belle performance, la voix est bien placée, claire, intelligible. En Antonio, toujours entre deux vins, nous retrouvons enfin notre metteur en scène, Pierre Thirion-Vallet, qui s’amuse manifestement de cet emploi

Les rôles féminins sont superbement tenus. Suzanne est Jeanne Mendoche, jeune lauréate de plusieurs concours renommés. C’est elle la vraie primadonna, la plus sollicitée, et celle que Beaumarchais et Mozart placent au cœur de l’action. Palpitante, pétillante, mutine, espiègle, mais clairvoyante, fine, douce et sensible. Son chant, des récitatifs aux ensembles, en passant par ses arias, paraît d’un naturel confondant, captivant, avec une riche palette expressive. « Deh vieni non tardar » est exemplaire. Auparavant, son duo de la lettre, avec la Comtesse, atteint à la perfection. Cette dernière est confiée à Erminie Blondel dont les qualités rares ont été déjà signalées. Ce n’est pas cette figure vertueuse, éthérée, souvent illustrée, mais une ardente Rosine, sensuelle, coquine, rouée, qui a maintenant l’expérience de la vie. Le « Dove sono », plus encore que le « Porgi amor », nous laisse pantois. La nostalgie du début est vite balayée par la résolution, avec une maîtrise vocale, un souffle infini, des aigus radieux pour une émission ronde, charnue. La grande ligne qui consacre les grandes voix. Chérubin est ici un adolescent trop vite poussé en asperge, aussi épris des femmes que le Comte.  Anne-Lise Polchlopek, remarquable mezzo, est irrésistible dans cette composition. Ses deux célèbres airs sont d’une qualité indéniable, assortis de récitatifs d’une vivacité singulière. Egale dans tous les registres, sonore, riche en couleurs, la voix est mûre pour aborder des rôles plus lourds. La Barberine de Laura Baudelet, fraîche, vive, délurée, nous émeut avec sa splendide cavatine « L’ho perduta… », accompagnée par les cordes en sourdines. Enfin, Marcelline, Magali Paliès, après un surprenant parcours, avant d’épouser son Bartolo, nous chante son « Il capro e la capretta » jovial, daté, d’où sa vindicte du début a disparu. La voix, corsée, retrouve à ce propos une certaine noblesse dont l’avaient privée ses interventions précédentes.

L’ouverture, pétillante, souple et vigoureuse, préludait bien à la folle journée. Tous les pupitres des Métamorphoses ont voix au chapitre, les bois et les cors sont clairs, bien timbrés, même si les cordes, agiles et incisives, manquent de rondeur, notamment dans les passages les plus lyriques. Mais ne boudons pas notre plaisir : les formations permanentes n’assurent pas forcément mieux, nous le savons bien. Amaury du Closel connaît son Mozart. Il l’a mûri, gouverne tout et sait ce qu’il veut. Son sens du théâtre est égal à celui de la musique. La direction, toujours soucieuse de la fluidité des enchaînements comme des contrastes, est marquée par son attention constante au chant et aux équilibres. Les voix, comme le clavecin et l’orchestre, nous tiendront en haleine jusqu’à l’ultime accord. Cette production, aboutie, chargée de séductions, tonique, servie par des interprètes pleinement engagés, mérite le déplacement : les incessantes acclamations du public clermontois l’attestent.

(*) « A la manière dont les caravanes portaient jadis des produits rares », Opéra Nomade fait découvrir à des publics souvent éloignés des grandes scènes lyriques des ouvrages lui permettant de vivre l’émotion que, seule, la voix permet de traduire (www.operanomade.org)

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Opera buffa en quatre actes

Musique de Wolfgang Amadeus Mozart

Livret de Lorenzo da Ponte

d’après la comédie de Beaumarchais La folle journée ou Le mariage de Figaro

Création le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne

Détails

Mise en scène

Pierre Thirion-Vallet

Création du décor

Frank Aracil

Réalisation du décor

Czak Décor

Costumes, réalisés par l’Atelier Clermont Auvergne Opéra,

Véronique Henriot

Lumières

Véronique Marsy

Le comte Almaviva

Alban Legos

La comtesse Almaviva

Erminie Blondel

Figaro

Florian Bisbrouck

Susanna

Jeanne Mendoche

Cherubino

Anne-Lise Polchlopek

Marcellina

Magali Paliès

Bartolo

Eugenio Di Lieto

Basilio / Curzio

Marco Angioloni

Barbarina

Laura Baudelet

Antonio

Pierre Thirion-Vallet

Chœur Opéra Nomade

Orchestre Les Métamorphoses

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Amaury du Closel

Coproduction Clermont Auvergne Opéra / Opéra Nomade 2020

Clermont-Ferrand, Opéra-Théâtre, le mercredi 13 avril, 20 h

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