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Les Cris de Paris, Warum? – Vézelay

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Spectacle
24 août 2025
Effusion du choeur

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Warum ?

« Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen? », Johannes Brahms

« Resignation », Geistliche Lieder, Hugo Wolf

Requiem, « Seele vergiss Sie nicht die Toten », Peter Cornelius

« O Tod, wie bitter bist du », Max Reger

« Contrapunctus », Johannes Sebastian Bach/Dieter Schnebel
« Die zwei blauen Augen »,Gustav Mahler/Clytus Gottwald
« Ich bin der Welt abhanden gekommen », Gustav Mahler/Clytus Gottwald

Fünf Lieder, Johannes Brahms
« Nachtwache » I
« Nachtwache » II
« Letztes Glück »
« Verlorene Jugend »
« Im Herbst »

Friede auf Erden, Arnold Schoenberg

Les Cris De Paris

Direction
Geoffroy Jourdain

Festival de musique de Vézelay, basilique Sainte-Marie-Madeleine, vendredi 22 août, 21h

Le festival de Vézelay fête cette année ses vingt-cinq ans. Sur la colline magique au pied de laquelle se déchire le brouillard matinal, l’heure est au voyage puisque cette année, Qi-Gong ou fado s’invitent en complément de la programmation de musique sacrée attendue. Tout à la joie de célébrer la musique et la voix dans toutes ces occurrences, ateliers de danse, de chant occitan, carnaval et bal créoles rythment la journée du festivalier.

Le voyage peut également délaisser la légèreté pour se faire intérieur : Warum? Pourquoi? Telle est l’obsédante question que se pose chacun quant à sa présence sur cette terre et au scandale de sa fin inéluctable. L’interrogation révoltée de Job résonne puissamment sous les voûtes de l’abbatiale avec ce Lied de Johannes Brahms qui ouvre le concert.
Il était logique que ce haut lieu de spiritualité relaye le questionnement métaphysique que proposent, à cappella, les Cris de Paris. Dans l’Abbatiale, le mal est envisagé comme une cause extérieure : Diables et monstres, guerriers meurtriers… animent les sublimes chapiteaux. En écho, le programme donne un entendre un spleen intime, teinté de Sturm und Drang ».

C’est en orfèvre que Geoffroy Jourdain aborde ce répertoire puissant et sensible comportant des pages exceptionnelles de grands compositeurs. Allant et venant dans la chronologie de son corpus, l’Ensemble initie une déambulation mentale en quête de sens. Les réponses ne sont pas univoques. La réflexion s’avère moins linéaire que cyclique, comme dans la vie. Voilà qui rend le programme plus touchant encore.

Tout au long de la soirée l’ensemble se pare d’une pâte sonore chaude richement colorée, d’un bon équilibre des pupitres et d’une excellente diction allemande. Les médiums sont soyeux dans « Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen? » qui manifeste une large palette d’émotions, nuançant le cheminement de la pensée depuis l’angoisse métaphysique jusqu’à la sérénité. Dans ce premier Lied, c’est déjà tout un parcours existentiel qui est merveilleusement rendu à travers une ligne mélodique déroulée telle un ruban.

« Resignation », extrait des Geistliche Lieder de Hugo Wolf permet d’apprécier à nouveau les qualités de délicatesse et de legato, la suavité des attaques comme la précision des finales, dépourvues de brutalité. Les voix se superposent telles des vagues dont le flux et le reflux induisent une respiration large et enveloppante. La direction imagée du chef traduit parfaitement cette intention. À plusieurs reprises au cours de la soirée ce ressenti s’imposera comme dans Friede auf Erden (« Paix sur la terre ») d’Arnold Schoenberg à l’envoûtante saturation sonore.

De même, l’évocation de la nature est merveilleusement rendue. C’est le cas avec Hugo Wolf ou Johannes Brahms dans ses cinq Lieder qui constituent un moment suspendu. Les couleurs aquarellées par le choeur y campent délicieusement les personnages dans « Nachtwache » II, opposent les saisons de l’âme dans « Letztes Glück » ou dans le superbe « Im Herbst ». Dans l’extrait du Requiem de Peter Cornelius, la tempête – projection éminemment romantique des tourments intimes – déploie une tension puissamment évocatoire. Les montagnes grondent, la forêt bruisse pareillement d’harmonies imitatives avec « Verlorene Jugend » de Johannes Brahms. Le très beau crescendo fait sonner les voix jusqu’au frisson d’un premier « Seele, vergiss sie nicht die Toten » (« Ame, n’oublie pas les morts »), poignant, qui contraste magnifiquement avec la tendresse de la reprise finale de cette même incantation.

Le texte extraordinaire tiré de l’Ancien Testament, « O Tod, wie bitter bist du » (Mort, que tu es amère) a également été mis en musique par Brahms dans ses Vier ernste Gesänge écrit à l’occasion décès de Clara Schuman. C’est la version de Max Reger qui a été choisie ce soir. La polyphonie complexe y reste parfaitement lisible. L’ensemble fait son miel des contrastes entre frottements et harmonie, entre fortissimo puissamment vibratoire et pianissimo tout en retenue.

A ce temps fort de la soirée succède un moment moins réussi avec le « Contrapunctus » de Dieter Schnebel d’après Johannes Sebastian Bach. Inscrire ce répertoire choral dans la filiation du compositeur de Leipzig ne manque pas de pertinence mais la spatialisation dans les nefs latérales dessert étonnamment le propos : elle déséquilibre considérablement les pupitres et donne à entendre des faiblesses de timbres imperceptibles par ailleurs. Humains, trop humains ? Les chanteurs remontent sur le plateau pour deux arrangements de Gustav Mahler par Clytus Gottwald. « Die zwei blauen Augen » propose de formidables nuances, comme une respiration émue qui enflerait face à ses « deux yeux bleus », condamnation à l’amour et au chagrin. A nouveau, le miroir de la nature et de « ces fleurs qui ont neigé sur moi » avant la sensualité sublime de « tout était redevenu paix » (« War alles, alles wieder gut ») transporte le spectateur. On retrouve le même tapis sonore dans le second Lied, « Ich bin der Welt abhanden gekommen » d’une remarquable sensibilité. S’y détache parfois une voix soliste à la tendresse indicible.

Un spectacle à applaudir à Ambronay le 14 septembre prochain à moins que vous ne souhaitiez découvrir le dernier CD des Cris de Paris dans un répertoire rare.

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« Warum ist das Licht gegeben dem Mühseligen? », Johannes Brahms

« Resignation », Geistliche Lieder, Hugo Wolf

Requiem, « Seele vergiss Sie nicht die Toten », Peter Cornelius

« O Tod, wie bitter bist du », Max Reger

« Contrapunctus », Johannes Sebastian Bach/Dieter Schnebel
« Die zwei blauen Augen »,Gustav Mahler/Clytus Gottwald
« Ich bin der Welt abhanden gekommen », Gustav Mahler/Clytus Gottwald

Fünf Lieder, Johannes Brahms
« Nachtwache » I
« Nachtwache » II
« Letztes Glück »
« Verlorene Jugend »
« Im Herbst »

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Festival de musique de Vézelay, basilique Sainte-Marie-Madeleine, vendredi 22 août, 21h

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