C O N C E R T S 
 
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PARIS
15/01/03

(Vivica Genaux) 
Il Barbiere di Siviglia

Opéra de Gioacchino ROSSINI

Il Conte d'Almaviva : Bruce Fowler
Bartolo : Bruno Pratico
Rosina : Vivica Genaux
Figaro : Vassili Gerello
Basilio : Peter Rose
Fiorello : Giorgio Caoduro
Berta : Jeannette Fischer
Un ufficiale : Denis Aubry
Ambrogio : Jean-Marc Huber
Orchestre et choeurs de l'Opéra National de Paris
Jesus Lopez-Cobos

Mise en scène : Coline Serreau

Paris, Opéra Bastille, 15 janvier 2003


Après son succès la saison dernière, la production du Barbier de Séville de l'Opéra Bastille méritait amplement d'être reprise. La mise en scène de la cinéaste Coline Serreau, dont c'est la deuxième réalisation à l'opéra, après sa Chauve-Souris autant décriée qu'acclamée, est une réussite et l'on ne se lasse pas de revoir cette adaptation orientale de l'intrigue de Beaumarchais.

La direction d'acteur est rigoureuse, originale (la scène de l'orage permet à Rosine de tout casser dans sa chambre, pendant que le décor se transforme habilement), sans excès mais avec quelques effets très réussis (le petit mot doux de Rosine faisant plusieurs dizaines de pages qu'elle déplie, ou le déplacement furtif du choeur au premier tableau, ...). La bouffonnerie de l'oeuvre ainsi mise en avant permet au spectateur de passer une soirée bien amusante.

La mise en scène de Coline Serreau est fort bien secondée par les magnifiques décors de Jean-Marc Stehlé et d'Antoine Fontaine, notamment leurs extraordinaires changements à vue : le passage de l'extérieur à l'intérieur de la maison de Bartolo ou encore la réduction de la chambre de Rosine au deuxième acte pendant que le jardin apparaît à ses fenêtres. On regrettera malgré tout la disparition du portrait de Rossini qui descendait au tableau final pendant que du sol naissait une forêt de palmiers.

En revanche, la distribution a été entièrement renouvelée, à l'exception de Jeannette Fischer qui incarne encore Berta et nous charme par son agilité scénique, surtout dans son air interprété façon hip-hop. Aux côtés d'honnêtes seconds rôles et de choeurs peu inspirés, le reste des solistes nous a offert le pire comme le meilleur.

Le Basilio de Peter Rose peut sans aucune hésitation se ranger dans la deuxième catégorie ; vocalement et scéniquement il incarne son personnage à la perfection: il en maîtrise aussi bien les hésitations que les certitudes avec une voix de basse magnifique.

Bruno Pratico domine fort bien le côté bouffe de Bartolo, mais en abusant du falsetto dès que le livret le lui permet, au détriment d'une interprétation qui reste uniforme et dépourvue de nuances.

Après sa prestation en Paolo de Simon Boccanegra, on retrouve Vassili Gerello plus à son aise en Figaro ; la voix s'y déploie avec une puissance certaine, mais il peine encore à incarner son personnage. Cela est d'autant plus gênant qu'il succède à l'excellent Dalibor Jenis, révélé dans ce rôle, et que Figaro demeure malgré tout le personnage clef de l'intrigue.

Bruce Fowler possède une belle voix de ténorino qui convient fort bien au Comte Almaviva, mais il recherche trop l'effet en tenant exagérément des aigus dont l'émission laisse parfois à désirer. Les vocalises ne sont pas toujours bien maîtrisées et pour une fois l'absence du "Cessa di piu resistere" se fait sentir, car il nous aurait permis de connaître les moyens réels de cette voix.

Cette représentation marquait les débuts rossiniens de Vivica Genaux à Paris. Après son enregistrement d'airs de Farinelli avec René Jacobs qui avait partagé les critiques et une prestation correcte mais peu enthousiasmante en Rinaldo cet été à Montpellier, la curiosité était de mise pour ce répertoire qu'elle défend outre-Atlantique. La mezzo se révèle très convaincante en Rosine, mais sa performance n'a pas été non plus sensationnelle. Sa voix au timbre métallique remplit sans peine le vaste espace de l'opéra Bastille, les vocalises sont impeccables et elle campe son personnage d'une manière volontaire, engagée, fidèle à l'idée féministe du personnage voulue par Beaumarchais et mise en avant par Coline Serreau.

Jesus Lopez-Cobos dirigeait un orchestre dépourvu d'homogénéité, les différents pupitres semblant, tout au long de la représentation, jouer chacun de leur côté sans concertation. Les musiciens et leur chef ont malgré tout été bien applaudis au rideau final, aux cotés de Coline Serreau qui méritait amplement les chaleureuses ovations des spectateurs pour cette reprise finalement assez inégale.
 
 

Jean-Bernard Havé
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