Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

L'édito...
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Ces lecteurs qui nous écrivent

Le courrier des lecteurs est pour moi une source inépuisable de jovialité. Les déclarations admiratives y côtoient les menaces de mort. Les manifestes nymphomanes concurrencent les questions les plus naïves (« qui est ce Rototo dont vous parlez tant ? »). Il est des chercheurs de fond qui demandent des lumières sur des artistes disparus depuis longtemps et dont pas un gramme de cendre ne subsiste à la surface de la terre, ni même dans les entrailles humides de l’Internet. Il est des amoureux qui demandent à quel opéra inviter leur douce et tendre. Il est des grands-mères pour nous rappeler le temps enchanté du beau Luis et de la route fleurie. Il est des confrères pour nous interpeller, des musicologues pour nous gourmander, des amis pour nous critiquer et des ennemis pour nous féliciter. Tout cela est merveilleux, et c’est dans ma boîte mail chaque jour. A tous ces lecteurs assidus, je m’efforce de répondre, ou bien je dirige leurs requêtes et commentaires vers notre Directeur de la Publication, qui les accueille généralement avec la froideur méprisante d’un Commandeur neurasthénique.

Et puis, il est quelques-unes de ces missives qu’il me semble utile de publier dans notre belle et désormais fameuse rubrique « Le Courrier des Lecteurs ».

Et là : jubilation ! Car ce courrier des lecteurs, une fois mis en ligne, provoque une avalanche de… courrier des lecteurs ! Est-ce pas merveilleux ? Qui a dit que le mouvement perpétuel ne se pouvait trouver en ce bas-monde ?

A vrai dire, ce qui suscite l’étonnement, l’ire, la stupéfaction des lecteurs lisant d’autres lecteurs, c’est que les lecteurs puissent être généralement aussi agressifs, médisants, idiots, voire carrément fous à lier. Et ces réactions me sont transmises sur un ton, avec un vocabulaire, des insinuations qui de toute évidence n’échappent eux-mêmes guère aux reproches formulés à l’encontre des malheureux lecteurs (les autres, si vous me suivez). Si bien que ma pauvre boîte mail explose sous le double effet des lecteurs balançant leur humeur sur un peu tout, et des lecteurs balançant leur humeur sur les humeurs des autres lecteurs.

Etourdissant, non ?

Mais voici qu’un doute bientôt naît : les lecteurs en viennent à soupçonner que tant d’excès ne sont que le fruit de mon imagination dérangée. Que le courrier des lecteurs est un grossier faux en écriture !

Je comprends très bien ce qui peut susciter un tel soupçon. Ce ne sont pas à proprement parler les questions ou réactions des lecteurs publiées sur le site (sachant qu’une partie seulement est publiée et pas toujours la plus drôle). Ce sont mes réponses. On me reproche de ne pas répondre avec la dignité et la sollicitude qu’on est en droit d’attendre d’un rédacteur en chef soucieux de ses lecteurs. Ce n’est que trop vrai. J’avoue humblement que je ne me prends pas pour le médiateur du Monde, un des hommes les plus à plaindre qui soient. Oui, cet homme qui, croulant sous les remarques acerbes, tente de concéder à ses lecteurs qu’ils ont raison tout en excipant de la logique éditoriale les fondements des motifs du pourquoi, et conclut toujours sur un ton pincé  - tout en cachant mal ses larmes – qu’il est sincèrement désolé de voir que la pensée céleste et pure du Monde n’a pas toujours eu le mérite de condescendre à être saisie de ses lecteurs les plus attentifs, cultivés, brillants, savants, etc. Je suis presque certain que cet homme va parfois faire des recherches dans les archives pour répondre aux lecteurs. Qu’il interroge les journalistes. Qu’il réfléchit longuement, pèse ses mots, calibre ses arguments. Ô saint, très saint lecteur, mon semblable… mon client !, marmonne-t-il, parodiant le poète. Cet homme peine. Il fait de la peine.

A Forum Opéra, nous avons des lecteurs, mais pas de clients. Donc si un être humain écrit au journal pour qu’on lui réponde, on lui répond. Sans fioritures, sans ménagements. Une réponse, quoi. Et lorsque ces lecteurs tombent dans les travers de l’excès ou de la bêtise à front de taureau, on répond aussi. C’est le bon vieux principe du courrier. Ni plus ni moins.

Si bien qu’entre des lecteurs maniaques, des lecteurs de lecteurs psychotiques, sans parler des lecteurs de lecteurs de lecteurs, dont le toujours aussi primesautier Opera Giocoso donna encore récemment l’exemple en ouvrant un fil de forum sur le courrier des lecteurs de FO ( fil où l’auteur de ces lignes est copieusement calomnié : faut-il considérer cela comme un courrier des lecteurs ?), et pour couronner le tout un rédacteur en chef très peu courtois, le courrier des lecteurs de Forum Opéra devient quelque chose d’assez inédit, d’un peu spécial.

Ce qui est profondément décevant, c’est que ses détracteurs ne voient pas cet arrière-plan, et critiquent sans savoir. Ils ne sont pas conscients, les malheureux, que ce Courrier des Lecteurs conserve finalement des mérites rares : il sait être un outil d’information absolument authentique au service de nos lecteurs les plus sains, un moyen de communication dépourvu de tout sous-entendu, une tribune entendant systématiquement prendre la défense des faibles contre les forts, des offensés contre les offenseurs, des victimes contre les bourreaux. Le courrier de Forum Opéra est une œuvre de salut public. Et elle est injustement décriée.

C’est pourquoi nous venons de l’inscrire sur les listes des candidats au prix Nobel de la Paix.

Sylvain Fort
Rédacteur en chef

 
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