Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Juillet
2005

 

27/07/05

Placido encore...

Que serait le monde lyrique sans lui ? Placido Domingo s'affiche sur tous les fronts : ténor mais aussi baryton, directeur de théâtre, chef d'orchestre,... Entre diriger un opéra à Bayreuth (voir plus bas) ou interpréter Simon Boccanegra (lire la brève du 29 avril dernier), notre sexagénaire n'est pas au bout de ses projets. Le dernier en date concerne la création d'un opéra du compositeur mexicain Daniel Catán intitulé Il postino, (en français Le facteur). Adaptée en 1995 au cinéma sous le même nom par Michael Radfort, l'oeuvre s'inspire en fait de Burning patience, un roman d'Antonio Skarmeta. Elle raconte l'histoire de Mario, un jeune facteur italien quasiment illettré qui découvre le pouvoir des mots en compagnie de Pablo Neruda. Placido Domingo incarnera le poète chilien, Rolando Villazon se chargera de lui apporter le courrier. L'oeuvre, chantée en espagnol, sera représentée à Los Angeles en 2009. Sauf grève des postes... [CR]

La Scala façon Lissner...

Stéphane Lissner, en prenant la tête de La Scala, avait 100 jours pour convaincre. Il vient d'emporter la première manche en étalant son jeu devant une presse décidément séduite par son efficacité. Sans superstition, il annonce pour la saison prochaine 13 opéras qui combinent avec bonheur le grand répertoire (Rigoletto, Don Giovanni, Le nozze di Figaro,...), des oeuvres moins attendues (Katia Kabanova, Ascanio in Alba, Manon de Massenet...) et cerise sur le gâteau, une création. En attendant le retour de Riccardo Muti qu'il ne désespère pas de ramener au bercail, ou mieux l'engagement permanent de Claudio Abbado, le directeur français invitera chaque année cinq ou six chefs d'orchestre parmi les meilleurs du monde. Pour 2005-2006, les heureux élus sont Riccardo Chailly (Rigoletto), Gérard Karsten (Les Noces de Figaro), Lorin Maazel (Tosca), Jeffrey Tate (Ariadne auf Naxos) et Daniel Baremboim en cadeau de Noël pour La neuvième symphonie de Beethoven. Les jeunes auront aussi leur chance, à commencer par Daniel Harding, 29 ans, qui ouvrira le bal le 7 décembre avec Idomeneo, l'Anglais Robin Ticciati, 22 ans, pour Les noces de Figaro puis Gustavo Dudamel, un chef vénézuélien de 24 ans qui lui, se frottera au prince des opéras, Don Giovanni. L'ambition de Stéphane Lissner est de restituer ses lettres de noblesse "au plus grand théâtre lyrique du monde". A suivre. [CR]

Le retour de Mauro Meli...

Pendant que Stéphane Lissner, dessine le nouveau visage de la Scala, son ancien propriétaire, Mauro Meli, cherche un nouveau job. Il pourrait avoir trouvé un point de chute au Teatro Reggio de Parme comme remplaçant de Gian Piero Rubiconi dont le contrat expire à la fin du mois. Un démenti officiel a été apporté à la rumeur mais La Gazzetta di Parma n'en démord pas. A défaut, Meli serait bien placé pour devenir le nouveau superintendant du Maggio Musicale florentin. A suivre aussi.[CR]

Soirées branchées au Palais Garnier...

Le Palais Garnier est trop beau pour ne servir qu'aux ballets et à l'opéra. Et pourquoi pas des soirées branchées ? Gérard Mortier vient de trouver là un bon moyen de rajeunir sa clientèle. Pour mettre toutes les chances de son côté, le directeur de l'ONP a fait appel à Béatrice Ardisson, la pétulante épouse de Thierry qui, avec son bureau de style musical Ardissong, transforme les notes de musique en or. Les endroits à la mode, hôtels, magasins utilisent dorénavant ses services pour se doter d'une ambiance sonore conforme à leur image. Alors pourquoi pas la grande boutique ? Femme d'affaire avisée, Béatrice a pensé à tout. Les ringards pourront se mettre au goût du jour en se procurant chez Naïve la compilation des airs d'opéra remixés. En attendant que tout le monde en parle... [CR].


25/07/05

Triomphe wagnérien pour Placido Domingo...

Sa carrière est impressionnante, ne serait-ce que par le nombre de rôles qu'il a interprétés et de scènes qu'il a fréquentées. Pourtant Placido Domingo n'avait jamais encore figuré à l'affiche des fameux Prom's londoniens. Il s'est rattrapé le 18 juillet dernier en enflammant le Royal Albert Hall avec une interprétation anthologique de Siegmund dans Die Walküre. Déjà la soirée se présentait comme l'événement de la saison. Dès 8 heures du matin, soit 9 heures avant le début du concert, le public commençait à faire la queue aux portes de la salle. A la fin du premier acte, l'assistance se répandait pendant plusieurs minutes en applaudissement et autres bravos. L'enthousiasme virait au délire après le deuxième acte avec hurlements et tapements des pieds. Enfin, à l'issue du spectacle, les 6000 spectateurs se levaient comme un seul homme pour réserver au ténor une véritable standing ovation. Bien que coutumier du succès, Placido Domingo n'en revient toujours pas : "At the beginning of the first act I was really nervous, seeing all the people standing and seeing their faces so close. But it was phenomenal, but even better was the public, they were amazing, just amazing. It was like being in the middle of a discotheque, your heart beats so fast. The English are supposed to be reserved people, but not at all, it was the most fantastic response with clapping and tapping on the floor. It is not like a concert hall, it is like an arena. My debut at the Proms may be a late one, but I hope to come back. ". Fort de ce triomphe wagnérien, il aimerait à présent diriger une oeuvre du grand Richard en son royaume, Bayreuth : "I have already sung there, so why should it not be possible to conduct ?... I am working more and more as a conductor. Why not in Bayreuth, too ?". La réponse appartient à Wolgang Wagner. [CR].

Nouveau Tristan à Bayreuth...

Le Festival de Bayreuth, justement, prépare sa 94ème édition avec une nouvelle production de Tristan et Iseult, la première depuis six ans et la dixième de l'histoire du festival. La venue, pour l'occasion, du chef d'orchestre japonais Eiji Oue fait figure d'événement. La Colline inspirée n'avait jamais accueilli d'asiatique auparavant. A 48 ans, il est directeur musical de l'Orchestre philharmonique d'Osaka et chef de l'Orchestre philharmonique de la radio de Hanovre. La mise en scène revient à Christoph Marthaler, 54 ans, auteur notamment d'une Katia Kabanova (voir la critique sur Forum Opéra) à Bruxelles en 2001, qui a quitté l'an dernier la direction du Théâtre de Zurich. Le rôle des deux amants est assuré par le ténor américain Robert Dean-Smith, un habitué du festival depuis 1999, et la soprano suédoise Nina Stemme, qui chantait Freia dans l'Or du Rhin en 1994. Parmi les prestigieux invités, on relève les noms du président allemand Horst Köhler, son homologue portugais Jorge Sampaio, le Premier ministre croate Ivo Sanader, le ministre des Affaires étrangères norvégien Jan Petersen et la candidate conservatrice à la chancellerie allemande, Angela Merkel. [CR]


20/07/05

La nécrologie de juillet...

Malgré sa chaleur, ses longues journées et ses douces soirées qui peuvent parfois donner une impression d'éternité, Juillet porte aussi sa part de deuil. Piero Cappuccilli d'abord dont l'annonce du décès le 12 de ce mois a donné lieu à de nombreux témoignages d'admiration. La représentation de La Bohème aux arènes de Vérone le lendemain a d'ailleurs été dédiée à celui qui était surnommé, à tort ou à raison, le "Prince des barytons". Son Rigoletto mais surtout son Macbeth et son Simon Boccanegra, enregistré en 1977 avec Claudio Abbado et qui fait toujours aujourd'hui référence, lui ont valu une réputation internationale. Il avait fait ses débuts en 1957 et foulé pendant 35 années les planches des plus grands théâtres lyriques. En 1992, victime d'un accident de voiture, il abandonnait la scène pour se consacrer à l'enseignement. "Pour moi, chanter, c'est parler en chantant" déclarait-il pour expliquer l'importance qu'il attachait à la diction. Il avait 75 ans. De l'autre côté de l'Atlantique, le ténor canadien Richard Verreau a été emporté par un cancer des poumons à l'age de 79 ans. Sa carrière musicale fut assez brève, moins d'une quinzaine d'année pendant lesquelles il se produisit un peu partout dans le monde sous la direction des chefs les plus réputés. Douze après ses débuts, en 1951 sur la scène de l'Opéra de Lyon, il faisait ses premiers pas au Metropolitan Opera dans le rôle de Faust. Une première opération à la gorge l'empêcha de poursuivre sur cette brillante lancée. Son interprétation de "Minuit Chrétien" était, parait-il, inoubliable. Par la suite, il se reconvertit dans la peinture et fonda sa propre galerie. Enfin, Carla Wood, mezzo soprano américaine, directeur aussi sous le nom de Williamson du magazine américain Classical Singer, est décédée d'un cancer. Habituée des scènes new-yorkaises, son répertoire comprenait notamment les rôles de Cherubino et Rosine. Requiem... [CR].

Quand Roberto Alagna remplace Ben Heppner...

Aux Etats-Unis, ce n'est pas comme à Paris, quand une tête d'affiche déclare forfait, elle n'est pas remplacée par un ou une illustre inconnue dont la médiocre performance ne fait qu'attiser les regrets du public floué. Ainsi, quand Ben Heppner renonce au rôle de Canio dans la production de I Pagliacci que présentera l'opéra de Los Angeles en septembre prochain; il est aussitôt relayé par Roberto Alagna, trop heureux de trouver là une occasion de chanter auprès de son épouse Angela Georghiu qui, elle, interprète Nedda. Placido Domingo se félicite d'accueillir une nouvelle fois le couple terrible de l'opéra après leur sensationnelle première apparition sur la scène lyrique de Californie la saison précédente. Il n'en regrette pas moins d'être privé des débuts in loco de Ben Heppner mais espère que la partie sera bientôt remise. Pas dans I Pagliacci en tout cas, le ténor canadien renonce définitivement au héros de Leoncavallo qui ne convient plus à sa voix. Le répertoire allemand constitue désormais son principal cheval de bataille. Ainsi, l'année prochaine, il sera successivement Tristan, Lohengrin, Fidelio et Parsifal. Seule exception à la règle : Calaf du 7 au 21 juillet 2006 au Royal Opera de Londres. Mais jusqu'à quand ? [CR]

Passeport Offenbach à Paris...

Les parisiens condamnés à ne pas prendre de vacances cet été peuvent toujours se munir d'un passeport un peu particulier qui leur permettra malgré tout de s'évader. Il s'agit du passeport Offenbach proposé par le Théâtre des Cinq Diamants qui donne accès à Pomme d'Api et Tromb al Cazar, deux opérettes pétillantes comme seul sait les gazéifier le petit Mozart des Champs Elysées. Philippe Ermelier, le metteur en scène, promet un divertissement vif, rythmé et joyeux. De la même manière qu'Offenbach pastichait les compositeurs et les styles musicaux de son époque, il s'est modestement laissé aller à quelques clins d'oeil et fantaisies avec le texte, tout en respectant l'esprit de l'oeuvre. Pour lui, son pari sera réussi si pendant une heure quarante il parvient à embarquer jeunes et moins jeunes dans une parenthèse de bonheur. Pari tenu ! [CR]


06/07/05

Les malheurs du Châtelet (et de son public)...

C'était il y a un peu plus d'un an, en mars 2004. Eblouis, nous découvrions la prestigieuse distribution du festival des régions programmé par le Théâtre du Châtelet en 2005. A côté d'une Rondine que se partageaient Angela Georghiu et Roberto Alagna, figurait plus rare encore une Médée portée par la voix incandescente de.Anna Caterina Antonacci, secondée dans cette lourde tâche par Patricia Ciofi, Sara Mingardo et Ildebrando D'Arcangelo. L'enthousiasme commença de retomber à l'annonce du forfait de Roberto Alagna (lire la brève du 17 juin 2004). Le Châtelet se fendit d'un courrier pour gérer la crise, proposa d'annuler les réservations et réussit, bon an, mal an, à apaiser la tempête qui menaçait. Les mois passèrent : La Grande Duchesse de Gerolstein, Le luthier de Venise, Les bassarides, la reprise d'Arabella... Le nez dans le guidon, nous oubliions de regarder la route au loin ; Patricia Ciofi disparut de l'horizon sans que nous eussions eu le temps de nous en apercevoir. Quant à Ildebrando d'Arcangelo, il fallait être bien malin pour deviner qu'il ne chanterait pas Créon puisque son nom figurait (et figure d'ailleurs toujours) en bonne place sur le site du Châtelet. Mais ce n'était que dommages collatéraux. Le pire restait à venir. Angela Georghiu, d'abord, décida de jouer les arlésiennes. Il s'ensuivit une longue semaine de suspens où sa participation dans La Rondine fut repoussée de représentation en représentation, remplacée à chaque fois par Inva Mula, jusqu'à ce que, pour mettre fin à la rumeur qui grondait, le nom définitif de sa remplaçante soit enfin proclamé : Katie Van Kooten, doublure de Magda déjà à Londres en novembre 2004. Ce même 5 juillet, Anna Caterina Antonacci, épuisée par le rythme successif des Médée, annonçait qu'une mauvaise laryngite l'obligeait de passer la main pour la soirée. Oui, mais à qui ? A la pauvre Irène Ratiani jetée dans la fosse d'orchestre alors qu'elle connaissait à peine la partition tandis que sa consoeur, fatalement réduite au silence, se contentait de mimer le rôle. Des forums, bruissante, montait la grogne. Le Châtelet fut bien inspiré de proposer ce soir là le remboursement des billets évitant, après avoir assailli d'appels, de se retrouver submergé de courriers. Il n'en demeure pas moins que, son chèque à la main, le lyricomane contemple avec amertume cette fin de saison dévastée sans savoir vraiment à qui s'en prendre, plus que jamais otage des divas, des théâtres et de sa passion. [CR]. 

Dame Kiri poursuivie...

De l'autre côté de la planète, ce n'est pas comme à Paris : on ne badine pas avec les forfaits. Kiri Te Kanawa en fait les frais. La soprano neo-zélandaise se retrouve assignée par un organisateur de spectacles australien pour avoir annulé 3 concerts qu'elle devait assurer en compagnie du chanteur pop John Farnham, l'une des gloires locales, surnommé "The voice". Les dommages et intérêts réclamés tournent autour de 200 000 euros. Il faut dire que l'événement avait été lancé avec grand fracas. Dame Kiri, elle-même, s'emballait il y a quelques mois en déclarant : "Imagine the perfect pitch and enormous range of John's voice with my bel canto soprano, blending together with Orchestra Victoria's 85-piece orchestra and the fabulous John Farnham Band". La lune de miel entre les deux divas n'aura pas duré longtemps. John Farnham avoue maintenant que la cantatrice a dû le trouver un peu "chatty" (bavard) et fait, mais un peu tard, son mea culpa. Il reconnaît que Kiri est manifestement une grande dame qu'il faut traiter avec respect, qu'elle n'est probablement pas habituée à un environnement de travail agité et demande un silence absolu quand elle répète. Oui, mais pour défendre ce pauvre John, on ajoutera que, quand on s'appelle "the voice", on est bien obligé de donner de la voix. Même quand ce n'est pas à son tour de parler ... [CR].

Lena Nordin, la révélation marseillaise...

Mais il y a aussi des annulations qui se terminent bien. On connaît l'histoire de Montserrat Caballe dans Lucrezia Borgia. Et tant d'autres. Dans le même esprit, on nous raconte qu'après le malaise de la soprano Angela Blancas Gulin qui tenait le rôle titre dans Maria Stuarda à Marseille le 17 juin dernier, la soprano suédoise Lena Nordin, arrivée de Stockholm dès le lendemain pour un remplacement au pied levé, a remporté un vif succès lors de la représentation du dimanche 19 juin en matinée. La mise en scène et les costumes avaient été abandonnés au profit d'une mise en espace très sobre afin que le chef puisse coordonner au mieux le plateau. Mme Nordin chanta partition à la main et montra une aisance et une maîtrise remarquables compte tenu de la virtuosité et de l'intensité dramatique qu'exige le rôle. Le public est parfois indulgent dans ces circonstances. Il n'eut pas à l'être devant la grande qualité de la prestation. Les gestes de joie de la cantatrice, dès la fin de son premier air, à l'acte II, en réaction aux fervents applaudissements qui jaillirent spontanément de toute la salle ont quelque peu trahi la tension qui devait l'habiter en entrant sur scène. Il faut dire que les marseillais sont réputés pour leur exigence, et encore plus durant les matinées où se retrouvent les mélomanes les plus expérimentés. Le public a bissé le plateau, le chef et l'orchestre. Lena Nordin ne s'était, parait-il, jamais produite dans la cité phocéenne ; il est fort à parier qu'elle y reviendra. [EP et CR]. 

C'est Puccini qu'on assassine...

Ceux qui ont eu la chance de visiter l'émouvante demeure de Giacomo Puccini à Torre Del Lago comprendront la colère de sa petite-fille Simonetta. Il est prévu de construire un théâtre de 3200 places dans ce coin de Toscane chéri par son grand-père, fervent adepte de la chasse, de la pêche et du calme. Le bâtiment s'accompagnerait évidemment de boutiques, bars, restaurants, places de parking et, pour couronner l'édifice, d'un ascenseur panoramique qui achèverait définitivement de ruiner le paysage. Franco Moretti, le directeur du festival Puccini, explique qu'il a le plus grand respect pour la beauté de l'endroit, que le nouveau théâtre représente simplement une amélioration de la structure existante. L'événement lyrique, tout à la gloire du père de Tosca, existe depuis 51 ans et attire chaque année plus de 45 000 spectateurs. Pour l'instant, il se déroule dans une arène installée de manière temporaire. A bout d'argument, après avoir évoqué la détérioration de la campagne environnante depuis le décès du compositeur, Simonetta Puccini lance "Le Maestro aurait détesté ce projet !". Que peut-il faire hélas aujourd'hui, sinon se retourner dans sa tombe ? [CR].


03/07/05

Patrice Chéreau, sous le feu des projecteurs...

Entre son Ring mythique, paru en DVD le mois dernier, et Cosi Fan tutte, bientôt sur la scène du festival d'Aix en Provence, Patrice Chéreau fait la une de l'actualité lyrique. Interviewé par le Nouvel Observateur, le metteur en scène confie que "[s]on envie n'est pas tant de faire de l'opéra mais plutôt de faire du théâtre avec de la musique, de réfléchir à la façon de mettre en scène la musique". Pour combattre la réputation de légèreté de Cosi, il a décidé d'alourdir l'oeuvre en axant son travail sur le sérieux des situations. "Après, seulement, on essaiera de repasser là-dessus un glacis de légèreté" ajoute-t-il pour rassurer les partisans d'un Mozart insouciant et frivole. Le décor sera unique car Patrice Chéreau aime "les grands espaces vides, les plateaux vides", déployer ce qu'il appelle "la science de l'espace". Il termine sa phrase par un "Vous verrez le plateau de l'Archevêché d'Aix comme on ne l'a jamais vu" qui rend encore plus curieux et impatient de découvrir cette nouvelle production. Ceux qui ne se déplaceront pas en Provence cet été, ni à Paris l'automne venu, peuvent toujours, pour attiser leurs regrets, lire en ligne l'intégralité de l'entretien. [CR].

La nouvelle Butterfly de Catherine Malfitano...

Catherine Malfitano à l'affiche de Madame Butterlfly ? Cela n'a rien d'étonnant. Oui mais cette fois, la soprano américaine délaisse le kimono de Cio Cio San (qu'elle endossa pour la première fois en 1988 au Deutsche Oper Berlin sous la baguette de Giuseppe Sinopoli) et passe de l'autre côté de la rampe. La nouvelle production du Central City Opera du Colorado marque ses débuts en tant que metteur en scène. D'après elle, il ne s'agit pas d'un changement radical car elle a toujours considéré les personnages qu'elle interprétait sous un angle théâtral et, dans cet esprit, collaborait souvent à la mise en scène. Déçue d'ailleurs par la manière dont est souvent présenté l'opéra de Puccini, elle se déclare ravie de pouvoir proposer sa propre vision des malheurs de la geisha. Elle a choisi de privilégier l'intimité du drame tout en conservant le cadre du début du siècle dans lequel s'inscrit l'oeuvre. "But the production itself is not in a kind of rigid way in a certain year or period", déclare-t-elle, "It has more fluidity than that". We hope so. [CR]

Le Bolchoï en travaux...

Avis au lyricomane voyageur si il a prévu que son chemin, cet été et dans les années à venir, passerait par Moscou. Le rideau du Bolchoï, ce fameux tissu de soie rouge frappé de la faucille et du marteau, est tombé et devra attendre 2008 avant de se relever. Le prestigieux théâtre de Moscou ferme ses portes pour d'importants travaux de rénovation estimés à 700 millions d'euros. Il s'agit de consolider les fondations de l'édifice érodées par le temps, de créer un vaste espace souterrain où seront installés des vestiaires, de moderniser la scène en construisant un double plateau amovible, d'agrandir l'arrière-scène et d'y placer des ascenseurs hauts de 13 mètres pour faire monter les décors actuellement transportés à la main. L'acoustique initiale de l'opéra doit aussi être retrouvée. Elle fut mise à mal par le béton utilisé dans les sous-sols de la grande salle et de l'orchestre lors de la construction du métro en 1930. Enfin, la somptueuse salle de spectacle doit retrouver son luxe d'antan. Six kilogrammes d'or ont été prévus pour la rénovation des boiseries. A ce train, il aurait coûté moins cher de brûler le théâtre et de le reconstruire totalement. Mais, le Liceu et la Fenice nous le rappellent douloureusement, l'âme des lieux n'a pas de prix. En attendant, la troupe se produira dans une nouvelle salle ouverte en 2002 à côté du bâtiment principal et au Palais du Kremlin. [CR]

Vivaldi superstar...

Dans la famille des compositeurs lyriques, je voudrais le grand-père, ce fameux Vivaldi, ignoré de tous il y a moins de 10 ans et incontournable aujourd'hui. Numéro un au box office depuis l'album que lui consacra La Bartoli, ses opéras sont désormais enregistrés les uns après les autres ; la dernière intégrale de Bajazet, indispensable à tout amateur de musique baroque, en témoigne. Le cinéma, impressionné par un tel succès, tente à présent de lui faire de l'oeil. Deux films basés sur sa vie sont en cours. Le premier, dirigé initialement par Catherine Hardwicke, privilégie les relations entre le prêtre roux et sa maîtresse, la cantatrice Anna Girard. Le second se base sur un scénario du journaliste Jeffrey Freedman. L'accent est mis cette fois sur le rôle du professeur de musique dans les écoles de jeunes filles, ces fameuses "scola" pour lesquelles fut composée, entre autres, Juditha Triumphans. Le violoniste folk rock Ashley MacIsaac prêtera ses traits au père de Farnace. [CR]

Un Nabucco d'actualité...

Un metteur en scène ne doit reculer devant rien pour faire parler de lui. David Freeman l'a bien compris, et, pour agiter la planète lyrique, propose à l'Opéra de Sydney un Nabucco au parfum de scandale. L'insolence consiste cette fois à donner l'allure de Saddam Hussein au héros verdien qui se retrouve ainsi en treillis, fusil dressé sur la hanche et fièrement moustachu comme il se doit. La parade du roi de Babylone dans les ruines du temple juif prend alors une consonance clairement terrifiante pour le spectateur d'aujourd'hui. Le souci de l'analogie est poussé jusqu'à la fin de l'opéra quand le souverain déchu est représenté les cheveux et la barbe en bataille ainsi qu'apparaissait le dictateur irakien dans les reportages télévisés au moment de sa capture. David Freeman justifie son choix par la nécessité de faire comprendre au public australien, peu au fait de l'histoire de l'unification italienne, la dimension politique de l'opéra. Il aurait pu même pousser le bouchon un peu plus loin en travestissant Abigaille en Oudaï et Fenena en Qoussaï. [CR]

La flûte allégée...

La chasse aux calories continue. Il y avait les yaourts sans matières grasses et les glaces sans sucre, il existe maintenant des opéras "light". A New York, le Metropolitan propose la saison prochaine Die Zauberflöte dans une version réduite à 90 minutes (contre trois heures normalement). Pour Joseph Volpe, son directeur actuel, il s'agit d'un moyen d'attirer de nouveaux spectateurs. Peter Gelb, son successeur, se montre plus circonspect et considère plutôt cette production allégée comme un spectacle de vacances destiné avant tout à un public familial. Il avoue d'ailleurs ne pas avoir prévu dans les années à venir de renouveler l'expérience. Surtout que le plus dur reste à faire : décider des coupures à opérer. On ne met pas impunément Mozart à la diète. [CR]

Le (sempiternel) retour des trois ténors ...

On en parlait, il n'y a pas si longtemps que ça (lire la brève du 6 juin dernier), les trois ténors n'ont pas chanté leur dernière note. Placido Domingo a annoncé que le trio pourrait se reformer en 2006 à l'occasion de la coupe du monde de football en Allemagne. Les fétichistes du chiffre trois courront applaudir auparavant à Compiègne, le dimanche 26 mars 2006, les trois basses, Bertrand Bontoux, Claude Massoz, Jean-Loup Pagesy, dans des airs, duos et bien sûr trios de Gounod, Offenbach, Rossini et Compagnie. Placido Domingo, de son côté, reviendra diriger Aïda cet été dans ces fameux Thermes de Caracalla où il se produisit pour la première fois en 1990 en compagnie de ses deux compères. Cette série de représentations marquera la réouverture du site, fermé pendant plus d'une décennie. [CR]
 


Placido Domingo
Brèves du 25/07/05

Piero Cappuccilli (1929-2005)
Brèves du 20/07/05

Anna Caterina Antonacci
Brèves du 06/07/05

Lena Nordin
© www.lenanordin
Brèves du 06/07/05

Patrice Chéreau
Brèves du 03/07/05

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