Créés en décembre 1869, Les Brigands sont la dernière production du trio gagnant, qui vit Offenbach associer son talent à celui de ses deux librettistes fétiches, Meilhac et Halévy avant la chute du Second Empire. Après La Belle Hélène, La Grande duchesse de Gerolstein, La Périchole, La Vie parisienne ou Barbe-Bleue, c’est l’ultime étincelle d’une époque. Une fois de plus l’association de bienfaiteurs fonctionne à plein : le livret de Meilhac et Halévy regorge de clins d’œil, de gags hilarants, de coups de griffe savamment dosés à l’encontre de la cour impériale (« Y’a des gens qui se disent espagnols… »), et la scène des carabiniers (« J’entends un bruit de bottes… ») prend avec le recul une tournure étonnamment prémonitoire. Quant à Offenbach, il est à son absolu sommet : sa musique, constamment inspirée, regorge de verve en enchaînant les tubes. Entre deux Passions et trois Motets, John Eliot Gardiner, avec les forces de l’Opéra de Lyon, livre la version de référence de l’œuvre. Il s’appuie sur une distribution entièrement francophone qui ne comporte pas le moindre maillon faible. De l’œuvre, il saisit immédiatement l’esprit, et sa direction vive, pétillante, est constamment à propos. On en vient à regretter amèrement que cet enregistrement constitue sa seule incursion dans le répertoire offenbachien.
Tibère Raffali (Falsacappa), Colette Alliot-Lugaz (Fragoletto), Michel Trempont (Pietro), Ghislaine Raffanel (Fiorella) ;
Sir John Eliot Gardiner, Chœurs et orchestre de l’Opéra de Lyon ;
EMI – 2 disques – Date de parution : 1989 ; enregistré en 1988.