Pour cet opéra rare et encore aujourd’hui quelque peu confidentiel de Puccini, c’est l’enregistrement de Lorin Maazel qui remporte la palme. L’équilibre entre opérette et lyrisme tragique reste insurpassé : les sautillements qui parsèment les actes I et II s’entrechoquent avec l’expressivité d’un orchestre emporté par la baguette du chef jusqu’au saut final, bouleversant de justesse. L’ensemble est d’une luxuriance particulièrement raffinée qui sait, le moment venu, restituer toute la mélancolie attendue. La distribution somptueuse sert cette ambition à merveille. Kiri Te Kanawa, en Magda, impose un chant d’une élégance totale, au timbre soyeux et au phrasé impeccable. Sa vérité dramatique éclate d’un bout à l’autre de l’œuvre, du chant de Doretta au sacrifice de l’acte III. Face à elle, la puissance de la voix Plácido Domingo emporte évidemment tout sur son passage. Son Ruggero est in fine moins désespéré et obstiné que résigné et défait de l’intérieur. Leo Nucci, en Rambaldo, équilibre parfaitement le triangle amoureux central.
Kiri Te Kanawa (Magda), Plácido Domingo (Ruggero), Leo Nucci (Rambaldo), Mariana Nicolesco (Lisette), David Rendall (Prunier), Lilian Watson (Yvette), Gillian Knight (Bianca)
London Symphony Orchestra, The Ambrosian Opera Chorus
Lorin Maazel (direction), CBS/Sony (1983).