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Jeanine De Bique toujours plus haendélienne

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Brève
1 février 2022
Jeanine De Bique toujours plus haendélienne

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Nous l’avions découverte sous les traits de Rodelinda, elle vient de faire ses débuts à l’ONP en Alcina et son premier album s’intéresse à la manière dont le Caro Sassone et ses contemporains ont mis en musique les mêmes héroïnes (Agrippina, Alcina, Cleopatra, Deidamia et Rodelinda) : Haendel occupe une place déterminante dans la remarquable ascension de Jeanine De Bique. A notre estime d’ailleurs, seule sa prise de rôle en Bellezza (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) pouvait justifier la standing ovation du public de la Philharmonie d’Essen dimanche dernier, hormis bien sûr l’exubérante invention d’un compositeur de vingt-deux printemps.  

Certes, le versant d’abord frivole de cette figure allégorique la montre prudente et confirme les limites de la projection observées récemment à Paris, la chanteuse appuyant de beaux graves comme pour mieux compenser le relatif manque d’éclat des coloratures (« Un pensiero nemico di pace »). Cependant, la voix s’ouvre et déploie ses couleurs fauves au fur et à mesure que le personnage gagne en profondeur. L’effusion demeure pudique, mais la sensibilité de l’artiste nous va droit au cœur et son lyrisme s’épanouit dans un final à la fois voluptueux et extatique (« Tu del Ciel ministro eletto »). 

Pour le reste, l’affiche promettait un concert grandiose, or il a bien failli tourner au fiasco. Remplaçant au pied levé Emiliano Gonzalez-Toro, Jorge Navarro Colorado (Tempo) a probablement ses afficionados, mais il déséquilibre complètement le rapport de forces entre les protagonistes. Rien que de très prévisible, hélas, après avoir entendu son Lurcanio (Ariodante) atone et du dernier précieux à Göttingen. Si la première partie ronronne et peine à décoller, la faute en incombe à une ornementation des reprises trop souvent réduite à la portion congrue quand les airs – et même le sublime et rare duo pour alto et ténor « Il bel pianto dell’aurora che s’indora » – ne sont pas carrément amputés de leur Da Capo. Impossible de ne pas s’insurger contre cette absurdité rhétorique, cette ineptie esthétique : c’est le bel canto qu’on assassine ! Rubén Dubrovsky connaît pourtant les ressources d’un Terry Wey (Disinganno), qu’il accompagnait déjà à la tête du Bach Consort Wien dans le programme de son magnifique récital Pace e Guerra. Nous avons plaisir à retrouver sa voix longue, délicatement fruitée et cette lumière profuse de l’aigu qu’il dispense au gré de trop brèves échappées poétiques. Sophie Rennert (Piacere) affiche une assurance nouvelle dans la virtuosité et enlève avec panache l’extraordinaire  « Come nembo che fugge col vento », mais le jeune mezzo autrichien remporte surtout la palme de l’élégance et réussit même à s’approprier « Lascia la spina ». Chapeau bas!

Il Trionfo del Tempo e del Disinganno – Philharmonie Essen, 30 janvier 2022

 

 

 

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