Le Boléro de Ravel est-il, précisément, de Ravel – c’est-à-dire uniquement de Ravel ? Indirectement, c’est sur cette question que se penchera le tribunal judiciaire de Nanterre dès le 14 février prochain.
Si l’on admet que le Boléro est bien de Ravel, l’œuvre est en principe tombée dans le domaine public depuis 2016, le compositeur étant décédé en 1937 et les droits d’auteur s’éteignant désormais soixante-dix ans après la mort de l’auteur (l’œuvre a en outre bénéficié de quelques années de protection supplémentaires suite aux deux conflits mondiaux). Simple, mais sans doute frustrant pour les héritiers Ravel qui, dans cette hypothèse, se voient privés de sommes cumulées très importantes, découlant de chaque diffusion, interprétation ou enregistrement.
Si toutefois on se rappelle que le Boléro était, à sa création, un ballet, un horizon d’espoir peut se dessiner pour les ayants droit qui souhaitent continuer d’assurer la défense de l’œuvre (c’est leur version), ou continuer de toucher les millions générés par le tube (c’est une autre version). En effet, si le tribunal qualifie le Boléro d’œuvre de collaboration, fruit du travail de plusieurs coauteurs, le point de départ du calcul de la durée du droit d’auteur change : il faudrait alors désormais compter soixante-dix ans à partir du décès du dernier coauteur. En l’occurrence, Bronislava Nijinska, chorégraphe, est décédée en 1972. La qualification d’œuvre de collaboration obligerait certes les héritiers Ravel à partager les revenus de droits d’auteur avec les ayants droit des autres coauteurs, mais le jeu, pour eux, en vaut certainement la chandelle…
À suivre donc.