Première cantatrice en titre sous le règne de Louis XVI, Anne-Antoinette-Cécile Clavel, dite Mme Saint-Huberty (1756-1812) n’avait d’égal à son art que son mauvais caractère. Le compositeur Antoine Dauvergne, alors directeur général de l’Académie royale de musique, la disait « la plus méchante femme de son théâtre ». Sociétaire de la Comédie-Italienne, appelée à devenir l’Opéra-Comique, Louise-Rosalie Lefebvre, dite Madame Dugazon (1755-1821) eut un succès tel que son nom désigne encore aujourd’hui les soubrettes amoureuses. Si elle ne partagèrent jamais la même affiche, l’esprit querelleur du monde lyrique parisien dans la 2e moitié du 18e siècle autorise à penser qu’elles furent rivales.
Tel est du moins le postulat qui sert de programme à un nouvel album du label Alpha. Sandrine Piau et Véronique Gens, qui rêvaient d’enregistrer ensemble, s’emploient – la première en Dugazon, la seconde en Saint-Huberty – à raviver la prétendue querelle en un florilège d’airs et de duos composés par Gluck, Grétry, Monsigny, J.-C. Bach, Piccinni, Edelmann et Cherubini. Julien Chauvin à la tête de son Concert de la Loge arbitre la dispute. Sortie annoncée le mois prochain ; en concert au Théâtre des Champs-Elysées le 15 avril (plus d’informations).