Pour marquer le troisième anniversaire de la mort de Jean-Claude Malgoire, le 14 avril 2018, l’idée nous était venue de choisir l’angle de sa résurrection du Montezuma de Vivaldi, un opéra créé en 1733 et dont la partition s’était perdue. En revanche, on en conservait le livret, à partir duquel Malgoire composa un pasticcio : il emprunta à d’autres œuvres du compositeur (Griselda, Dorilla in Tempe, Catone in Utica, Orlando furioso, Tito Manlio, Farnace, etc.) des airs dont la prosodie était analogue à celle des airs de Montezuma.
Un travail d’érudition tout à fait dans l’esprit de l’opéra vénitien, qui faute de temps pratiquait intensément la réutilisation et le recyclage musical. Et entièrement dans la manière de Malgoire, de son érudition gourmande. Le spectacle fut donné à Tourcoing en mai 1992, dans une mise en scène d’Ariel Garcia Valdès et l’enregistrement chez Astrée reçut en 1993 une Victoire de la Musique.
Et c’est ainsi que nous avons interrogé cinq des artisans de cette résurrection : Mirella Giardelli, qui était la claveciniste-copiste-chef de chant-bras droit de Malgoire, puis Florence Malgoire, fille de Jean-Claude, mais surtout en l’occurence premier violon de la Grande Ecurie, enfin trois des chanteurs, Danielle Borst, Isabelle Poulenard (qui avait débuté avec Malgoire) et Nicolas Rivenq, qui resta l’un de ses très proches.
On le verra en lisant ces entretiens, Montezuma fut assez vite mis de côté… Certes, ce qui se dessine, c’est un portrait « en action » de Jean-Claude Malgoire, mais c’est surtout une manière de portrait moral, très affectif, très tendre. Et une manière de faire de la musique très sensuelle, très passionnée, très charnelle.
- Mirella Giardelli : « On faisait de la musique et ça faisait partie de la vie »
- Florence Malgoire : « Jean-Claude n’avait pas peur de l’émotion »
- Danielle Borst, soprano : « Jean-Claude, il vous englobe, il tombe amoureux de vous… »
- Isabelle Poulenard : « C’est mon père de la musique. Cette vie, il me l’a montrée »
- Nicolas Rivenq, baryton : « C’était un homme inspiré »
Et aussi…
- Jean-Claude Malgoire, un portrait-souvenir
- Une discographie (non-exhaustive) de J.-C. Malgoire
- L’image de Malgoire en maître-queux revient immanquablement et c’est pourquoi nous y avons ajouté sa recette de boeuf en daube
Souvenir de Montezuma (resté longtemps dans un portefeuille). Dominique Visse, Nicolas Rivenq et Jean-Claude Malgoire