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VERDI, La traviata – Tours

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Spectacle
17 juin 2025
Violetta, seule face à son destin

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Francesco Maria Piave
d’après La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Création à Venise le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène
Silvia Paoli
Décors
Lisetta Buccelatto
Costumes
Valeria Donata Bettella
Lumières
Fiammetta Baldisseri
Chorégraphie
Emanuele Rosa
Assistante mise en scène
Tecla Gucci

Violetta Valery
Zuzana Marková
Flora Bervoix
Alienor Feix
Annina
Aurelia Legay
Alfredo Germont
Léo Vermot-Desroches
Giorgio Germont
Jean-François Lapointe
Gastone, Vicomte de Létorières
Alfred Bironien
Baron Douphol
Yoann Dubruque
Docteur Grenvil
Maurel Endong
Marchese d’Obigny
Yaxiang Lu*
*Artiste du Chœur

Chœurs de l’Opéra de Tours
Chef de Chœur
David Jackson
Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire
Direction musicale
Laurent Campellone

Tours, Grand-Théâtre, dimanche 15 juin 2025, 15h

Coproduite avec les Opéras de Nantes, Rennes et Angers qui l’ont mise à l’affiche cette saison, ainsi que les Opéras de Nice et de Montpellier qui la proposeront en 2026, cette Traviata mise en scène par Sylvia Paoli a attiré les foules au Grand Théâtre de Tours au point qu’une représentation supplémentaire a dû être programmée. Il faut dire qu’à la popularité de l’œuvre s’ajoute la réputation flatteuse du spectacle, globalement encensé par la critique dans les villes qui l’ont déjà accueilli. Silvia Paoli, n’est d’ailleurs pas une inconnue, sa production de Tosca également à Nantes, Angers et Rennes avait attiré sur elle l’attention du public et de la presse en 2024. La metteuse en scène italienne choisit de transposer le drame de Verdi au tournant des dix-neuvième et vingtième siècle, à l’époque où Sarah Bernhardt artiste scandaleuse et néanmoins adulée régnait sur les planches. D’ailleurs, Violetta est ici une comédienne, l’action étant située à l’intérieur d’un théâtre dont la scène, qui orne le mur du fond, constitue le décor principal. Cette mise en abyme tout comme le grand miroir de l’acte deux n’est pas sans rappeler l’univers de Robert Carsen, de même le double travestissement des invités de Flora (hommes en tutu, femmes portant moustache) à l’acte deux, est sans doute un clin d’œil à la production de Benoît Jacquot pour l’ONP. Le rideau se lève sur une danseuse en chemise de nuit blanche qui s’effondre tandis qu’un groupe d’hommes en frac l’enjambent dans l’indifférence la plus totale. A la fin de l’opéra, Violetta dans une tenue identique, meurt toute seule sur le plateau nu, sous le regard d’une rangée d’hommes immobiles dont on devine les silhouettes sur la scène du théâtre. La boucle est bouclée. Entre les deux tableaux nous assistons au vain combat de Violetta pour imposer sa liberté d’aimer l’homme qu’elle a choisi dans un univers hostile où elle n’est qu’un objet de désirs et de rejet. Ainsi l’intérieur de la maison de campagne aux teintes chaudes et rassurantes n’est qu’un écrin factice bien vite remplacé par un arbre mort et de la neige qui tombe sur Violetta désemparée. La scène finale est particulièrement cruelle pour Violetta qui meurt toute seule, abandonnée de tous, tandis que les voix des Germont père et fils et du docteur qui chantent en coulisse ne sont que le fruit de son imagination délirante aux portes de la mort.

©MariePétry

La distribution, particulièrement homogène, est dominée par la prestation impressionnante de Zuzana Marková qui possède une voix d’une belle homogénéité, un medium consistant, un grave sonore et un registre aigu brillant jusqu’au contre-mi bémol qui conclut le premier acte. De plus, la soprano tchèque vocalise avec aisance et précision, elle émaille son chant de demi-teintes tout à fait exquises. Prudente en début de soirée, elle acquiert, à mesure que le spectacle progresse, une assurance qui fera merveille dans sa scène finale tout à fait saisissante. Très à l’aise sur le plateau, son physique de jeune première, sa classe naturelle et sa compréhension du personnage qu’elle a longuement fréquenté, contribuent à faire d’elle une Violetta de tout premier plan. A ses côtés, Léo Vermot-Desroches ne démérite pas. Lauréat du concours Voix Nouvelles en 2023, ce ténor possède un timbre juvénile qui souligne le côté inexpérimenté d’Alfredo, qui apparaît ici attendrissant et immature. Dès son premier duo avec Violetta « un dì felice, eterea »  l’élégance de sa ligne de chant toute en nuances capte l’attention.  Au dernier acte, il est desservi par la mise en scène qui l’oblige à chanter toute la scène finale en coulisses, en particulier le grand duo « Parigi, o cara » qui s’en trouve déséquilibré, la voix du ténor n’ayant pas la même projection que celle de sa partenaire.  En revanche Jean-François Lapointe dispose d’une voix sonore et imposante qui assoit son autorité dès son entrée en scène.  Il campe avec aplomb un patriarche sûr de ses convictions et manipulateur, qui n’hésite pas à brutaliser Violetta au début de leur rencontre. Il interprète son air « Di Provenza il mar il suol » avec une certaine sensibilité teintée de fermeté. Alienor Feix et Aurelia Legay sont tout à fait convaincantes dans leurs rôles respectifs, Maurel Endong possède le registre grave qui sied au Docteur Genvil tandis que Yoann Dubruque est un Baron Douphol parfaitement idoine. Saluons enfin les interventions irréprochables du Chœur de l’Opéra de Tours dirigé par David Jackson.

Laurent Campellone, à la tête de l’Orchestre Symphonique Région Centre-Val de Loire /Tours dont il tire le meilleur, propose une direction extrêmement fouillée. Il adopte des tempi globalement mesurés, qui contrastent avec de soudaines accélérations lors des passages les plus dramatiques. Sa conception éminemment théâtrale de l’ouvrage, lui a valu une ovation méritée en fin de soirée. 

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Opéra en trois actes
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Francesco Maria Piave
d’après La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Création à Venise le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène
Silvia Paoli
Décors
Lisetta Buccelatto
Costumes
Valeria Donata Bettella
Lumières
Fiammetta Baldisseri
Chorégraphie
Emanuele Rosa
Assistante mise en scène
Tecla Gucci

Violetta Valery
Zuzana Marková
Flora Bervoix
Alienor Feix
Annina
Aurelia Legay
Alfredo Germont
Léo Vermot-Desroches
Giorgio Germont
Jean-François Lapointe
Gastone, Vicomte de Létorières
Alfred Bironien
Baron Douphol
Yoann Dubruque
Docteur Grenvil
Maurel Endong
Marchese d’Obigny
Yaxiang Lu*
*Artiste du Chœur

Chœurs de l’Opéra de Tours
Chef de Chœur
David Jackson
Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire
Direction musicale
Laurent Campellone

Tours, Grand-Théâtre, dimanche 15 juin 2025, 15h

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