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VIVALDI, L’Olimpiade – Beaune

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Spectacle
25 juillet 2023
La compétition truquée, ou l’amitié rivale de l’amour

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Antonio Vivaldi

L’Olimpiade

Détails

Antonio Vivaldi

L’Olimpiade RV 725

opera seria en trois actes

Livret de Métastase, d’après Hérodote

créé à Venise, Teatro Sant’Angelo, le 17 février 1734

 

Argene

Chiara Brunello

Alcandro

Matthieu Toulouse

Megacle

Rémy Brès-Feuillet

Licida

Fernando Escalona

Aristea

Francesca Ascioti

Clistene

Jean-Jacques L’Anthoën

Aminta

Ana Maria Labin

 

Ensemble Matheus

direction musicale

Jean-Christophe Spinosi

Beaune, 41e Festival International d’Opéra Baroque et Romantique, Cour des Hospices, 22 juillet 2023, 21 h

 

 

 

Comment oublier l’Olimpiade que Rinaldo Alessandrini offrit ici même en 2002, avant de l’enregistrer ? Après avoir très longuement mûri son projet, c’est maintenant le tour de Jean-Christophe Spinosi, dont la familiarité à Vivaldi est connue. La production, prévue en 2022, avait été compromise par la pandémie. Elle sera reprise à Paris au TCE, dans une mise en scène d’Emmanuel Daumas, et une distribution totalement renouvelée (1) en juin 2024, en prélude à l’ouverture des Jeux olympiques. Le respect de la partition est absolu : ni coupure, ni altération de tel ou tel passage, le fait est suffisamment rare pour être signalé.

De Caldara à Donizetti, le livret de Métastase fut illustré plus de cinquante fois. L’histoire, complexe, repose sur deux couples – réunis pour une fin heureuse. Les deux hommes sont amis, qui se découvrent rivaux, la princesse Aristea étant promise par son père au vainqueur des Jeux. Mais l’authentique vainqueur, ayant concouru sous le nom de son ami et à sa demande, est aimé de la princesse. De multiples péripéties, allant de la tentative de meurtre du roi, au sacrifice de la fiancée abandonnée comme à la reconnaissance de l’enfant sacrifié vont autoriser toutes les situations dramatiques propres à émouvoir le public.

L’ouverture, nerveuse, incisive, contrastée à souhait, augure bien de la suite. La direction, énergique et souple, équilibre et sculpte avec un bonheur constant. Maîtrisant l’ouvrage comme la syntaxe et la grammaire vivaldiennes, Jean-Christophe Spinosi construit le drame en soulignant les richesses (ainsi les figuralismes, tel galop de cheval dans « Qual destrier… », le violoncelle solo de « Sciagurato, in braccio a morte »…).  L’Ensemble Matheus, précis, articulé, dynamique, coloré, est au service du chant : peut-on mieux servir l’œuvre ?

Si l’orchestre et la direction sont exemplaires, la distribution réserve autant d’excellences que de prises de rôle un tantinet laborieuses, parce qu’insuffisamment assimilées ou desservies par les moyens vocaux. Les trois brèves interventions du « coro », ici les solistes rassemblés à l’unisson, déçoivent, sympathiques mais bâclées.

Aristea, convoitée par Licida, aimée de Megacle, est Francesca Ascioti. Malgré d’incontestables moyens, on demeure sur sa faim, faute d’une pleine appropriation du rôle, jusqu’au deuxième acte. Le bon et noble Megacle, accablé par le sort, partagé entre l’amitié et l’amour, est le contre-ténor Rémy Brès-Feuillet. Inégal dans les registres, il mettra du temps avant d’imposer son autorité, vocale et dramatique. Asservi par la lecture, il ne s’en échappe vraiment qu’au travers des récitatifs. Ce n’est qu’au dernier acte (« Lo seguitai felice ») qu’il parviendra à nous émouvoir. Le duo Aristea-Megacle qui ferme le premier acte ne convainc pas pleinement. Jean-Jacques L’Anthoën a l’autorité vocale et dramatique requise pour incarner Clistene, le roi. Si les moyens sont réels, l’articulation des traits reste en deçà des attentes. La plénitude vocale n’interviendra qu’avec le trouble de « Non son donde viene ». L’ Alcandro de Matthieu Toulouse est desservi autant par une émission inégale que par la lecture appliquée de ses interventions. Ces réserves émises, il faut maintenant insister sur les qualités des trois autres solistes. L’inconstant et fougueux Licida est Fernando Escalona, contre-ténor vénézuélien, exceptionnel d’aisance, de maturité et de couleur. Il s’est pleinement approprié la partition et son jeu, libre et habité, impressionne. Son « Mentre dormi », où les cors se joignent aux cordes, est admirable, voix longue et agile aux mezza voce idéaux, avec une ornementation juste, virtuose, jamais ostentatoire. Toutes ses interventions confirmeront cette maîtrise, doublée d’un incontestable investissement dramatique. Chiara Brunello, contralto aux graves profonds, est Argene. Elle associe sa maîtrise vocale à son sens dramatique, servis par une élocution et un débit exemplaires. Ses trois airs (un par acte) sont autant de réussites. Enfin, pour couronner le tout, Ana Maria Labin campe un Aminta d’excellence. Le précepteur avisé, mûr, est servi par des moyens vocaux qui ne se démentent jamais. La voix est sonore, souple, homogène, aux aigus brillants, avec un sens de l’ornementation d’un répertoire où elle confirme toutes ses qualités. Son air « Siam navi » est un modèle tant par la virtuosité des traits que par l’égalité des registres. Il en ira de même tout au long de l’ouvrage (« Son qual per mare ignoto », aux superbes couleurs). La liberté du jeu, associée à un investissement exemplaire participent à notre bonheur.

Pour résumer, un chef aguerri, un brillant ensemble et une distribution peu homogène, où l’excellence voisine une lecture vocale qui peine parfois à convaincre.

(1) Jakub Józef Orliński - Licida ; Marina Viotti - Megacle ; Varduhi Abrahamyan - Aristea ; Delphine Galou - Argene ; Jodie Devos - Aminta ; Luigi De Donato - Clistene ; Christian Senn - Alcandro. On nous promet une dimension contemporaine (breakdance, slam, street art…) ainsi que la participation d’athlètes de l’équipe de France.

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L’Olimpiade

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L’Olimpiade RV 725

opera seria en trois actes

Livret de Métastase, d’après Hérodote

créé à Venise, Teatro Sant’Angelo, le 17 février 1734

 

Argene

Chiara Brunello

Alcandro

Matthieu Toulouse

Megacle

Rémy Brès-Feuillet

Licida

Fernando Escalona

Aristea

Francesca Ascioti

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Jean-Jacques L’Anthoën

Aminta

Ana Maria Labin

 

Ensemble Matheus

direction musicale

Jean-Christophe Spinosi

Beaune, 41e Festival International d’Opéra Baroque et Romantique, Cour des Hospices, 22 juillet 2023, 21 h

 

 

 

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