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WAGNER, Das Rheingold – Versailles

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Spectacle
3 juin 2023
Prologue réussi pour la première Tétralogie à Versailles

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Prologue de la Tétralogie L’Anneau du Nibelung en un acte

Musique et livret de Richard WAGNER

Création à Munich le 22 décembre 1869

Détails

Wotan

Peter SCHÖNE

Donner

Stefan RÖTTIG

Froh

Angelos SAMARTZIS

Loge

Algirdas DREVINSKAS

Fricka

Judith BRAUN

Freia

Elizabeth WILES

Erda, Flosshilde

Melissa ZGOURIDI

Alberich

Werner van MECHELEN

Mime

Paul Mc NAMARA

Fasolt

Markus JAURSCH

Fafner

Hiroshi MATSUI

Woglinde

Bettina Maria BAUER

Wellgunde

Valda WILSON

 

Orchestre du Théâtre national de la Sarre

Direction musicale

Sébastien ROULAND

Opéra Royal de Versailles, 29 mai 2023 à 15h

Exceptionnel après-midi à l’Opéra Royal de Versailles où ont retenti pour la première fois sous les ors du superbe théâtre les accents du Prologue du Ring, L’Or du Rhin. L’Opéra du Château de Versailles a noué un partenariat avec le Théâtre national de la Sarre pour fêter l’anniversaire prochain (1876 – 2026) de la création de L’Anneau du Nibelung. Comment mieux marquer en effet les esprits qu’en offrant le chef-d’oeuvre du compositeur préféré du Roi de Bavière dans le château de Louis XIV, ce roi-soleil qu’admirait par dessus tout Louis II, « l’auguste ami » et mécène de Richard Wagner ? L’idée excellente d’un Ring à Versailles (un palais recréé à Herrenchiemsee) a cependant été reportée pour raison de pandémie. Cette première tétralogie en version de concert a donc été heureusement reprogrammée. En 2023 le Prologue, La Walkyrie, sera donnée quant à elle le dimanche 17 mars 2024 à 15 heures. Les autres journées sont programmées respectivement en 2025 et 2026, qui nous amènera à la fameuse commémoration de la création des quatre volets de L’Anneau au Festival de Bayreuth, il y a cent cinquante ans.

Idée plus qu’heureuse quand on connaît l’excellente tenue de cette phalange musicale et vocale : confier ce Ring à L’Orchestre et à la Troupe de l’Opéra de Sarrebruck sous la direction de son Generalmusikdirektor depuis 2018, Sébastien Rouland. La règle pour les chanteurs : chanter sans partition en jouant vraiment leurs rôles. Accompagnés par un orchestre très investi dont le chef français a obtenu un son somptueux et raffiné, magnifié par l’excellente acoustique des lieux, les interprètes nous ont proposé en ce dimanche de Pentecôte un Prologue de très haute volée. Et puis disons-le, aucune mise en scène nulle ou médiocre s’interposant entre l’œuvre et le public, n’est-ce pas un rêve ? 

Le discours musical dense, fluide et riche d’un réseau thématique inouï jusqu’alors (en 1869 à  sa création à Munich) est ici traité avec une maîtrise achevée de la variation sous la baguette souple de Sébastien Rouland. Pour ce voyage dans le passé mythique des dieux, des nains et des géants président au commencement du monde, au sein d’une nature qui émerge superbement dans ces modulations aux cordes graves bientôt rejointes par tous les pupitres en une fusion parfaite (et quelle finesse dans l’entrée des violons !). Les Filles du Rhin à la distribution luxueuse (Valda Wilson, Melissa Zgouridi qui sera aussi Erda, et Bettina Maria Bauer, Woglinde un peu fragile en regard de ces deux voix royales) donnent aussi le ton de ce spectacle face à un Alberich faisant craindre au début une problématique gestion du souffle (dans une entrée réputée difficile). Werner van Mechelen sera néanmoins un Alberich de première classe par la suite, excellent dès son renoncement à l’amour, effrayant à souhait dans la scène du Nibelheim (« Obéissez au Maître de l’Anneau ») bien secondé à l’orchestre, avant sa déconfiture. Très soigneux dans l’accompagnement du chant, l’orchestre tantôt déchaîné, magnifique de tension dès cette première scène du vol de l’or, tantôt limpide, ne manquera ensuite ni de brillance ni du sens du drame jusqu’aux motifs ultimes, dont celui de l’Epée. 

Ce Rheingold ne cessera en effet d’enchanter. Le jeune Wotan de Peter Schöne, voix superbe aux nuances mordorées, solide dans toute la tessiture, et dont l’entrée évoque irrésistiblement quelque roi allemand du siècle passé, se montrera également formidable, incarnant finement tout l’arc des sentiments du dieu « altier » (de la condescendance face aux géants à l’inquiétude finale communiquée par l’anneau maudit par Alberich). Si Fricka et Freia convainquent un peu moins, l’arrivée des deux géants constitue un autre événement avec d’incroyables Fasolt (Markus Jaursch) et Fafner (Hiroshi Matsui) aux moyens considérables ; le premier au timbre magnétique et le second aux graves abyssaux qu’on imagine sans peine en futur dragon. Le Loge bien caractérisé d’Algirdas Drevinskas, rôle éminemment important dans le Prologue, s’imposera sans peine en rusé mais critique conseiller de Wotan, malgré une voix plus claire que puissante, pas toujours sûre dans son assise mais aux beaux accents. 

Un Mime excellent (Paul McNamara) maîtrisant lui aussi l’arioso (avec le récit de l’esclavage des Nibelungen) viendra compléter une distribution parfaitement pensée. Les scènes extraordinaires s’enchaînent : enclumes du Nibelheim, transformation d’Alberich sous le Tarnhelm en dragon, orage de Donner (avec un Stefan Röttig au format de voix ici peu adapté au rôle), retour au Walhalla et son pont d’Arc-en-ciel, et les leitmotive toujours parfaitement dessinés dans cette pâte sonore mouvante par un orchestre au sens théâtral aigu. Ce dernier nous aura décidément ravis en termes d’attaques précises, d’homogénéité et cependant de contrastes, nous accompagnant sur un chemin tracé dans l’oeuvre afin de nous en faire découvrir les détails et beautés. On ne peut enfin que comprendre Wotan (et son chant à la projection et à l’intelligibilité délectables) cédant au sublime chant de bronze étincelant de l’Erda de Melissa Zgouridi, jeune mezzo idéalement wagnérienne, qui nous enchaîne passionnément à chacun de ses mots (« Je sais tout ce qui fut, tout ce qui sera »). Venue de l’Ur-Walla et messagère de l’Eternité, sa mise en garde mystérieuse a les accents supérieurs des grandes tragédiennes du passé. Après la splendeur des motifs (dont celui du Walhalla et de l’Or « Rheingold ! Rheingold ! »), alors que la fin de la suprématie des dieux plane sur ce finale, la coda à l’orchestre sonnera grandiose. Vivement l’année prochaine pour La Walkyrie

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Création à Munich le 22 décembre 1869

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Peter SCHÖNE

Donner

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Angelos SAMARTZIS

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Algirdas DREVINSKAS

Fricka

Judith BRAUN

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Elizabeth WILES

Erda, Flosshilde

Melissa ZGOURIDI

Alberich

Werner van MECHELEN

Mime

Paul Mc NAMARA

Fasolt

Markus JAURSCH

Fafner

Hiroshi MATSUI

Woglinde

Bettina Maria BAUER

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