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WEBER – Der Freischütz – Paris (TCE)

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Spectacle
2 mai 2025
Un Freischütz irrésistible

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Der Freischütz, singspiel en trois actes de Carl Maria von Weber sur un livret de Johann Friedrich Kind

Créé au Königliches Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821

Textes de Samiel écrits par Steffen Kopetzky, traduction française de Lukas Hemleb et Laurent Muhleisen

Détails

Max
Charles Castronovo

Agathe
Golda Schutz

Kaspar
Kyle Ketelsen

Ännchen
Nikola Hillebrand

Kuno / l’ermite
Jongmin Park

Kilian
Milan Siljanov

Ottokar
Levente Páll

Samiel (rôle parlé)
Johanna Wokalek

 

Kammerakademie Potdsam

RIAS Kammerchor

Direction musicale
Antonello Manacorda

Théâtre des Champs-Élysées, mercredi 30 avril 2025, 19h30

Donner un Singspiel en version de concert, qui plus est devant un public non-germanophone, tient de la gageure, peut-être encore plus quand il s’agit du Freischütz, opéra aussi bavard qu’il est chantant. Pour ce cycle de représentations commencé hier soir au Théâtre des Champs-Élysées et qui se poursuivra le 3 mai à Baden-Baden, le 5 à Potsdam, le choix a été fait de couper tout simplement tous les dialogues parlés, à l’exception de quelques répliques de Max et Kaspar dans la scène de la Gorge-aux-Loups. Décision compréhensible, elle nuit tout de même significativement à la cohésion de l’intrigue, l’opéra étant réduit à des morceaux de musique dont on a du mal, même en connaissant l’œuvre, à saisir d’emblée les enjeux dramatiques, tant tout cela est décousu. L’ajout systématique entre chaque page de musique de textes d’une platitude assez déconcertante, confiés à une comédienne jouant également le rôle de Samiel, ne fait qu’augmenter cette étrange impression de flottement et, disons-le, l’hilarité de certains spectateurs du parterre, visiblement atterrés par ces nouveaux intermèdes parlés.

Heureusement, la distribution rassemblée est d’une telle excellence que l’on consent à passer outre. Des rôles secondaires, on retiendra le Kilian bien chantant de Milan Siljanov qui tire son épingle du jeu avec adresse dans ses couplets du premier acte. Au service du rôle de Kaspar, le chasseur ayant conclu un pacte avec Samiel, Kyle Ketelsen offre un baryton-basse riche en graves ténébreux d’un bel effet dans son air « Schweig! Schweig! damit dich niemand warnt! », dont il déploie la redoutable coda avec une aisance adéquatement diabolique. Face à lui, le Max de Charles Castronovo, en prise de rôle, est un pas de côté quelque peu inattendu dans la carrière d’un ténor fréquentant peu le répertoire allemand. Sa dernière incursion chez Mozart, un Don Ottavio à Londres, date déjà d’il y a trois ans. Malgré tout, son Max au timbre chaud, à la fougue juvénile est convaincant. Son évocation des temps heureux vécus avec Agathe dans « Durch die Wälder, durch die Auen », dans lequel il déploie un délié élégant, est tout à fait séduisante. La jeune Nikola Hillebrand, jusqu’à récemment membre de la troupe de l’opéra de Dresde, est une Ännchen délicieuse, piquante et pleine d’humour, dotée d’un timbre fruité et léger. Elle est aussi à l’aise dans le récitatif faussement dramatique « Einst träumte meiner sel’gen Base » que dans le superbe « Trübe Augen », magnifiquement accompagné à l’alto, dans lequel elle fait montre d’une belle sensibilité. À ses côtés, l’Agathe de Golda Schutz séduit par la sensualité frémissante de son timbre velouté. Son air « Leise, leise, fromme Weise », tout en retenue et piani suspendus, est bouleversant, tout comme sa prière à l’acte III « Und ob die Wolke sie verhülle ». Que cette maîtrise technique et cette intériorité remarquable ne laissent pas croire que son Agathe est placide ou désincarnée. L’envolée lyrique, si célèbre, à la fin de son premier air est la preuve du contraire, tant elle est frénétique et viscérale. Golda Schutz fait également montre, dans le très court duo d’Agathe et Ännchen, où sa voix et celle de Nikola Hillebrand se marient avec une charmante fraîcheur, d’un piquant et d’une complicité qui ne sont pas sans rappeler une Comtesse et sa Susanne.

Accompagnant cette belle distribution vocale, le RIAS Kammerchor est un régal de bout en bout, dans la scène de la Gorge-aux-Loups, bien-sûr, avec ses superbes effets atmosphériques, mais aussi dans les pages plus folkloriques de fête et de mariage. Le chœur d’hommes semblait éprouver un plaisir marqué à chanter le superbe chœur des chasseurs à l’acte III, « Was gleicht wohl auf Erden dem Jägervergnügen », plaisir partagé par le public. Enfin, à la tête de la Kammerakademie Potdsam, Antonello Manacorda dirige la soirée d’une main de maître. Dès une ouverture éclatante de contraste, véritable bataille entre le thème du pacte avec le diable et celui, lyrique et romantique dans le sens musical du terme, d’Agathe, Manacorda annonce ce que sera la soirée : pleine de fougue, d’enthousiasme et de jeux de nuance. La suite est à l’avenant, sous cette direction à la fois attentive aux chanteurs et débordante d’énergie. Soulignons ici avoir vu hier soir Manacorda donner un départ au pupitre d’alto… avec le pied !

Servi par une direction musicale absolument excellente et par une très belle distribution vocale, ce Freischütz est une réussite indiscutable.

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Der Freischütz, singspiel en trois actes de Carl Maria von Weber sur un livret de Johann Friedrich Kind

Créé au Königliches Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821

Textes de Samiel écrits par Steffen Kopetzky, traduction française de Lukas Hemleb et Laurent Muhleisen

Détails

Max
Charles Castronovo

Agathe
Golda Schutz

Kaspar
Kyle Ketelsen

Ännchen
Nikola Hillebrand

Kuno / l’ermite
Jongmin Park

Kilian
Milan Siljanov

Ottokar
Levente Páll

Samiel (rôle parlé)
Johanna Wokalek

 

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RIAS Kammerchor

Direction musicale
Antonello Manacorda

Théâtre des Champs-Élysées, mercredi 30 avril 2025, 19h30

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