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10 avril 1913 : trois rois pour un bijou

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10 avril 2023
L’Amore dei tre re de Montemezzi a 110 ans

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Comme Leoncavallo, Zandonai ou Catalani, Italo Montemezzi est, pour la postérité, le compositeur d’une seule œuvre. L’Amore dei tre re (L’amour des trois rois) est en effet le seul qui s’est maintenu, bon an mal an et notamment outre-Atlantique, depuis sa création voici 110 ans à Milan.

C’est le compositeur lui-même qui sollicite le dramaturge Sam Benelli, de deux ans son cadet, pour qu’il adapte sa pièce L’Amore dei tre re, créée en 1910 juste après son plus grand triomphe, La Cena delle beffe. Le livret, dense et profond, évoque aussi bien les textes de D’Annunzio ou de Maeterlinck que Francesca da Rimini, que son ami Zandonai adapte au même moment. L’intrigue y est violente, l’atmosphère poisseuse et inquiétante.

Nous sommes dans un Moyen Âge assez précoce, au royaume d’Altura. Le roi, Archibaldo, est vieux et aveugle. Son fils Manfredo guerroie quelque part et le père attend avec impatience son retour. Il est persuadé que l’épouse de Manfredo, Fiora, trompe son mari avec quelqu’un, malgré les dénégations de la jeune femme. Or, vit dans le château un prince, Avito, à qui Archibaldo a arraché Fiora, sa promise, pour qu’elle épouse Manfredo. Avito retrouve Fiora, mais s’inquiète des soupçons du vieux roi. Le retour inopiné de Manfredo, très amoureux de sa femme, permet è Fiora d’éviter l’interrogatoire serré d’Archibaldo qui maudit son handicap car il l’empêche de voir qui est l’amant.

Manfredo doit repartir en campagne et demande à Fiora de monter au sommet de la plus haute tour, afin d’agiter son voile jusqu’à ce qu’elle ne le voie plus. Mais Avito l’en empêche et elle lui cède pour une étreinte que surprend Archibaldo, conduit par son serviteur. L’amant fuit, laissant le roi avec Fiora. Il l’interroge à nouveau, furieux de ce qu’il a entendu. Elle avoue qu’elle a un amant mais refuse de révéler son nom. Il saisit la jeune femme à la gorge et serre, trop fort, trop longtemps. A cet instant surgit Manfredo qui, ne voyant pas le voile en haut de la tour comme il l’avait demandé, est revenu. Il découvre l’horrible scène. Son père lui affirme que Fiora l’avait trahi dans sa propre maison.

Avant la cérémonie funèbre, désespéré, Avito vient en secret donner un dernier baiser à sa maîtresse. Las ! Le roi avait mis un peu de poison sur les lèvres de la défunte, et Avito, foudroyé, agonise. Manfredo le surprend et comprend, comme il mesure l’amour immense que, comme lui-même, son rival portait à Fiora. Comprenant le piège dans lequel est tombé Avito et effondré lui aussi, il pose à son tour ses lèvres sur celles de sa femme et meurt à son tour. Entre Archibaldo, venu constater que son terrible stratagème a réussi. Il se réjouit en sentant un corps inanimé près de la dépouille de Fiora. Mais il entend aussitôt la voix de son fils qui expire et s’effondre, dévasté.

Lorsqu’il compose cet opéra, Montemezzi a 37 ans. Conquis par la musique de Wagner dans une Italie qui pleure son Verdi et où rayonne la nouvelle gloire de la péninsule, Puccini ; Montemezzi trouve un langage musical qui fait la synthèse des tendances de son temps : wagnérisme, vérisme, symbolisme. Il leur donne dans ce véritable chef-d’œuvre une force saisissante qui a séduit plus d’un auditeur pendant plusieurs décennies, notamment outre-Atlantique ; et attirant de grands noms comme Toscanini ou De Sabata, Caruso ou Mary Garden, Bruscantini ou Rosa Ponselle. Et pourtant, on ne peut que constater sa rareté sur les scènes lyriques actuelles et c’est grand dommage quand on écoute cette partition serrée, haletante, brûlante même, qui s’écoute d’un trait. En voici la terrible scène finale du deuxième acte, dans une représentation du Festival de Bregenz en 1998, qui affichait notamment un Kurt Rydl tout de noirceur, ici avec Stephan Pyatnychko, sous la direction de Vladimir Fedosseyev à la tête des Wiener Symphoniker.

Décor pour l’acte II lors de la création de 1913

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