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5 septembre 1791 : Meyerbeer a 230 ans !

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Anniversaire
5 septembre 2021
5 septembre 1791 : Meyerbeer a 230 ans !

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Détails

C’est dans le village de Vogelsdorf (aujourd’hui Fredersdorf-Vogelsdorf), qui compte alors sans doute moins de 800 habitants, à 25 kilomètres à l’est de Berlin, que le petit Jakob Liebmann Meyer Beer voit le jour voici 230 ans ce 5 septembre. C’est là que résident ses parents pour l’été, lorsqu’ils ne se trouvent pas dans leur luxueuse maison de Spandauer Strasse, dans la capitale prussienne. La famille du futur compositeur est en effet installée dans ce qui est alors l’une des plus grandes villes d’Europe, depuis plus d’un siècle ; et elle y est aussi l’une des plus riches, des plus connues et des plus visibles.

Le père de Jakob, Juda  Jakob Herz Beer, qui a 22 ans lorsque ce dernier pointe le bout de son nez – c’est le premier d’une fratrie de quatre – accroît une fortune déjà considérable en dirigeant une raffinerie de sucre dans laquelle il a investi la dot de son épouse, Amalia, héritière d’une famille elle-même richissime, les Wulff. Le père d’Amalia est en effet le fournisseur de l’armée prussienne – qui n’est pas rarement en guerre, surtout à partir de l’année suivante – en fourrage pour la cavalerie. Il est aussi le patron de la loterie royale. De quoi assurer bien des vieux jours autour de lui.

Généreuse et vive, Amalia sera un véritable phare pour son fils, durant toute sa vie. Si cela n’a rien d’exceptionnel, il n’en reste pas moins que le rôle d’Amalia dans la vie et l’œuvre de Jakob seront considérables et on peut même imaginer que la force du portrait de Fidès dans Le Prophète, le plus beau des rôles de ce chef-d’œuvre, est une sorte d’hommage à cette figure majeure dont la disparition, en 1854, laissera le compositeur inconsolable.

C’est d’ailleurs surtout par l’intermédiaire de sa mère que le jeune Jakob rencontre la musique et avec elle les musiciens. Ils peuplent, avec nombre d’intellectuels, les salons de la villa des Beer, qui s’installeront bientôt sur Pariser Platz, à l’ombre de la toute nouvelle porte de Brandebourg, achevée l’année même de sa naissance. Si le jeune garçon rencontre ainsi les gloires locales de l’époque comme Moscheles ou Spohr, c’est Franz Lauska, ancien élève de l’incontournable Clementi, professeur à la Cour royale de Prusse, qui lui enseigne en premier le piano. Les dons de Jakob sautent aux yeux de ses professeurs, si bien qu’il donnera son premier récital à 9 ans, avec le concerto n° 20 de Mozart. Il semble alors promis à une carrière de virtuose, tout en apprenant la composition et en commençant à écrire des pièces concertantes ou pour piano seul. L’ami de la famille, Ignaz Moscheles, qui compte lui-même parmi les pianistes les plus prestigieux de son temps, jugera un peu plus tard que le jeu de Meyerbeer est « insurpassable ».


Meyerbeer à l’âge de 11 ans par Friedrich Georg Weitsch

Mais son père est un mécène généreux, qui subventionne théâtres et salles de concert grâce à son immense fortune. Son fils ne tarde donc pas à rencontrer le monde lyrique et devient de surcroît l’élève du second chef de l’orchestre de l’opéra royal, Berhnard Anselm Weber. La scène attire le jeune garçon et il pressent que c’est elle qui le rendra heureux. À l’instigation de Weber,  qui pense ne plus rien pouvoir lui apprendre, il quitte Berlin à ses 18 ans pour parfaire sa formation auprès de l’abbé Vogler, à Darmstadt. Il y fera une rencontre déterminante avec Carl Maria von Weber, de 5 ans son aîné, auquel va le lier une amitié indéfectible que seule la mort prématurée de ce dernier, 15 ans plus tard, rompra. C’est auprès de l’abbé Vogel que Jakob Beer va véritablement compléter ses connaissances. C’est là qu’il se sent assez fort pour composer sa première œuvre théâtrale – en tout cas la première qui sera représentée – un petit divertissement, « Le pêcheur et la laitière », que deux ou trois autres suivront. Mais si ces premières œuvres sont bien créées en 1811-1812, elles ne rencontrent guère le succès.  Le jeune Beer découvre qu’il lui faut encore beaucoup travailler. Son premier véritable opéra est, sans surprise en terres germaniques à l’époque, un Singspiel, Jephtas Gelübde. Créé à Munich en 1812, il essuie un échec sévère. D’autres suivent – certains avec une tonalité nationaliste, la Prusse étant alors en guerre contre la France. 

Lorsque son grand-père maternel meurt à l’été 1812, Jakob décide d’accoler son 3ème prénom – Meyer – donné en l’honneur de son aïeul (dont le nom complet était Liebmann Meyer Wulff) à son nom de famille. Il devient alors Jakob Liebmann Meyerbeer, jurant par la même occasion de ne jamais renoncer à la religion juive, ses parents et grands-parents étant à Berlin des piliers de la communauté.

Mais sur le plan des créations lyriques, rien ne va. Aux yeux de ses contemporains, même du grand Hummel, Meyerbeer est d’abord un pianiste et même un virtuose de génie. Il n’en faudrait pas plus pour décourager quiconque de persister à l’opéra. Mais lui n’en démord pas. C’est dans ce genre qu’il percera, quitte à accumuler les échecs. Un passage à Paris, où il est ébloui par la vivacité de la vie théâtrale, ne fait que conforter son vœu. Lors d’un voyage successif à Vienne, il rencontre le vieux Salieri, qui lui fait sans doute remarquer que pour un musicien qui veut dédier son art à l’art lyrique, c’est en Italie qu’il faut aller parfaire sa technique de composition. Meyerbeer ne se le fait pas dire deux fois et part pour la péninsule en 1816. Il assiste au Tancredi de Rossini et en sort totalement bouleversé : doutait-il encore ? Mais non, décidément, c’est cela qui le transporte, l’émeut, fait sortir sa soif de création par tous les pores de sa peau. « J’étais comme ensorcelé dans un parc magique dont je ne voulais pas, dont je ne pouvais pas m’évader. Toutes mes facultés, toutes mes pensées devenaient italiennes : quand j’eus vécu une année là-bas, il me semblait être italien de naissance. »

Si bien que lors de son long séjour italien, il va composer une demi-douzaine d’opéras qui vont lui assurer une renommée soudaine et définitive. Partout, sans chercher à imiter Rossini ni aucun autre, mais en adoptant un style alors en vogue, il remporte succès sur succès. Ému par ce qu’il doit à ce pays de cocagne, il change alors son prénom en l’italianisant : Jakob devient Giacomo et le restera. Sa carrière peut désormais s’envoler et pour cela, il n’y a qu’une capitale possible pour s’imposer en Europe : Paris, où il va s’installer en 1825 pour y écrire Robert le Diable… Mais c’est là une autre et longue histoire…


Meyerbeer à l’époque de son arrivée à Paris (1825)

Voici un extrait de son premier grand succès, Romilda e Costanza, créé à Padoue le 19 juillet 1817, enregistré sous l’égide de l’indispensable label Opera Rara dans un disque consacré à ses 6 opéras créés en Italie. 

 

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