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Haendel, Oratorio per La Resurrezione – Saint Malo

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Spectacle
26 juillet 2025
Toujours vivant

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Oratorio per La Resurrezione di Nostro Signor Gesù Cristo (HWV47)
Musique de Georg Friedrich Haendel sur un livret de Carlo Sigismondo Capece, crée le 8 avril 1708 à Rome

Détails

Angelo
Nardus Williams

Maddalena
Céline Scheen

Cleofe
Paul-Antoine Benos-Djian

San Giovanni
Thomas Hobbs

Lucifero
Thomas Dolié

Orchestre Le Banquet Céleste

 

Festival de musique sacrée de Saint Malo, jeudi 24 juillet 2025, 21h

 

 

« So british », tel est  le thème de la 54e édition édition du Festival de Musique Sacrée de Saint-Malo. S’il n’est pas illégitime d’y convoquer Georg Friedrich Haendel, en revanche le choix de l’Oratorio per La Resurrezione, une œuvre de jeunesse créée à Rome, est plus discutable. Mais l’occasion était trop belle d’accueillir en voisin l’excellent Banquet Céleste – en résidence à l’opéra de Rennes.

Cette création constitue un enjeu de taille pour l’Ensemble puisqu’après le grand succès de la Passion selon Saint Matthieu l’an passé, il acte le départ concerté de son fondateur, Damien Guillon, et entérine une organisation collégiale dont la direction artistique se trouve partagée entre les musiciens selon les projets. Pour la Résurrection, le violoncelliste Julien Barre est aux commandes.
Applaudi ce printemps à l’opéra de Rennes puis à Tourcoing et tout récemment au festival de Beaune, l’Oratorio per La Resurrezione est donné sans chef. Ainsi l’Ensemble revient-il aux origines de l’orchestre baroque, fréquemment mené par l’un des chefs de pupitres. Effectivement, l’interprétation ne manque ni de direction, ni de souffle. Si un ou deux passages auraient pu oser un parti pris plus tranché, comme l’évocation luciférienne du sifflement des Euménides par exemple, la cohérence et la beauté de l’ensemble de la proposition réjouissent l’oreille.

Dès les premières notes, s’impose l’impeccable maîtrise du style, la vivacité de la ligne qui joue des atmosphères pour alterner espoir et gravité. Comme un lac dont le reflet se chargerait de mille nuances en fonction du ciel qui s’y mire, avec des tempi plutôt modérés, les musiciens colorent richement la partition du jeune Haendel.
L’énergie communicative emporte dans le fébrile « Ma dinne, e sara vero » tandis que luth et flûte suspendent le temps dans « Così la tortorella talor piange ».
Les violons répondent à l’ange avec une singulière délicatesse dans « Misero ! ho pure udito ? ». On retrouve cette sensibilité lorsque viole, violon et hautbois entrent successivement dans « Per me già di morire », acmé de la partition, vibrant de foi et de confiance.

© ars.essentia_Beaune_2025

Dans le grand vaisseau de la cathédrale de Saint Malo, mieux vaut éviter la zone latérale où l’on se tord le cou pour apercevoir les chanteurs et le surtitrage. Heureusement, l’on peut tout de même y goûter l’engagement du cast vocal.

L’ange de Nardus Williams coupe le souffle dès sa première intervention d’une pyrotechnie parfaitement maîtrisée. « Disserratevi, o porte d’averno » coule comme un clair torrent qui met en valeur le timbre fruité, le contrôle parfait du souffle de la soprano britannique dont les médiums sonores s’épanouissent dans « Risorga il mondo ».

Face à elle, le Lucifer de Thomas Dolié s’impose, pétri d’autorité vocale comme dans le récitatif « Ahi, aborrito nome ! » Les vocalises sont parfois légèrement savonnées mais on lui pardonne aisément tant l’implication scénique est juste et le large ambitus du rôle superbement assumé dès le « O’ voi dell’Erebo » au somptueux damassé.

Thomas Hobbs, membre du collectif, campe un Saint Jean soucieux de témoigner, de partager et dont les vocalises sont toujours motivées par la narration comme dans « Quando è parto dell’affeto » ou « Ecco il sol ch’esce dal mare » où violoncelles et contrebasses font merveille. Il sait tout autant appeler au recueillement dans « Caro figlio, amato Dio »

Paul-Antoine Benos-Djian endosse avec aisance le rôle de Cleofe avec une belle unité des registres et une grande délicatesse dans les attaques et les finales dès « Piangete, sì, piangete » et « Vedo il ciel » les couleurs contrastées pour dire l’attente, l’espoir relèvent de la même sensibilité dans « Augeletti, ruscelletti ».

L’histoire nous est narrée avec conviction sauf étrangement à certains moments clefs, comme lorsque l’annonce éblouie de la Résurrection n’amène aucune réaction de la part des artistes plongés dans leur partition. Ils sont pourtant par ailleurs très investis dans leurs rôle comme Céline Scheen dont la Marie-Madeleine rayonnante dit bien la force de l’Espérance – superbes « Per me già di morire » et « Del ciglio dolente ». L’artiste appartient au collectif du Banquet Céleste et est partie prenante de la plupart des concerts vocaux. Son timbre charnu, très incarné, à la riche palette, rend magnifiquement justice au personnage dans le très beau « Ho un non so che nel cor » où la rythmique intérieure semble un battement de cœur. Le travail des couleurs, le jeu sur les sons droits régalent par exemple dans le récitatif « Mio Gesù, mio Signore ».

Les ensembles révèlent le meilleur du groupe avec une intensité émotionnelle palpable, tant chez les musiciens que chez les chanteurs. C’est le cas en duo (« Dolci chiodi »), trio (« Ma dinne, e sara vero ») et culmine naturellement dans les deux chœurs finaux, « Il Nume vincitor trionfi » en première partie puis « Diasi lode in cielo, in terra » qui clôt le concert en apothéose.

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Oratorio per La Resurrezione di Nostro Signor Gesù Cristo (HWV47)
Musique de Georg Friedrich Haendel sur un livret de Carlo Sigismondo Capece, crée le 8 avril 1708 à Rome

Détails

Angelo
Nardus Williams

Maddalena
Céline Scheen

Cleofe
Paul-Antoine Benos-Djian

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Thomas Hobbs

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Orchestre Le Banquet Céleste

 

Festival de musique sacrée de Saint Malo, jeudi 24 juillet 2025, 21h

 

 

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