Le 30 novembre dernier, la première de Tannhäuser au Metropolitan Opera a été interrompue par des activistes se réclamant du groupe Extinction-Rébellion. Alors que Wolfram chantait benoîtement son air de concours à l’acte II, un militant a hurlé « No opera on a dead planet » (« Pas d’opéra sur une planète morte ») avant d’être rejoint dans ses cris par d’autres manifestants stratégiquement éparpillés dans la salle, certains brandissant des drapeaux depuis les loges de côté où était écrit ce même slogan. Les manifestants ont d’abord été évacué par les placiers du Met tandis que la représentation s’interrompait. Après une quinzaine de minutes, Peter Gelb, le Directeur général de Metropolitan Opera, est venu annoncer devant le rideau la reprise du spectacle. C’est alors qu’une seconde cohorte de militants s’est manifestée, entrainant une nouvelle interruption d’un quart d’heure. La représentation a repris une nouvelle fois et a pu se dérouler sans interruptions, mais dans une salle légèrement éclairée cette fois. Pourquoi Tannhäuser et pourquoi à ce moment-là ? Les activistes ont choisi l’instant où Wolfram chante « Mir zeiget sich ein Wunderbronnen, in den mein Geist voll hohen Staunens blickt: aus ihm er schöpfet gnadenreiche Wonnen, durch die mein Herz er namenlos erquickt » (dans la version française de Charles Nuitter : « Mon œil tourné vers une source aimée, S’y plonge ému d’un doux étonnement, Son flot si pur par qui l’âme est calmée, Verse en mon cœur un saint ravissement. »). Pour les manifestants d’Extinction-Rébellion « Contrairement à ces paroles prononcées sur scène, les sources ne sont plus pures dorénavant, car nous sommes dans une crise climatique et notre eau est contaminée ». Toutes considérations politiques mises à part, on admettra qu’il faut décidemment être un sacré wagnérien pour être activiste.
Sources : Financial Times et OPERA-L