C’est lors d’une cérémonie solennelle au Konserthuset de Stockholm, ce mardi 21 octobre, que le Prix Birgit Nilsson a été remis au Festival d’Aix-en-Provence. Cette distinction, une des plus importantes au monde dans le domaine de la musique classique (dotée d’un million de dollars), consacre en 2025 non pas un artiste mais une institution — une première dans l’histoire du prix, créé par la soprano suédoise Birgit Nilsson pour mettre à l’honneur des artistes ou institutions ayant marqué l’histoire de la musique (voir brève du 22 mai dernier).
La remise du prix a eu lieu en présence des souverains de Suède, le roi Carl XVI Gustaf et la reine Silvia, lors d’une soirée de gala où se sont succédé discours et musique. Un hommage émouvant a été rendu à Pierre Audi, directeur historique du Festival d’Aix-en-Provence, qui avait appris la distinction quelques semaines avant sa disparition. Sur scène, Susanna Mälkki dirigeait le Royal Stockholm Philharmonic et le Royal Swedish Opera Chorus dans quelques pages emblématiques du répertoire. Parmi les temps forts : la sérénade de Don Giovanni et la Romance à l’étoile de Tannhäuser, hissées à la hauteur de l’événement par le baryton suédois Peter Mattei. Les lauréats de la bourse Birgit Nilsson étaient aussi à l’honneur : la soprano Matilda Sterby (2024) a interprété un extrait d’Innocence, l’opéra de Kaija Saariaho créé avec le succès que l’on sait au Festival d’Aix-en-Provence en 2021, tandis que le ténor Daniel Johansson (2009) a bravement affronté le finale du dernier acte de Tannhäuser. La cérémonie était diffusée en direct et peut être visionnée dans le monde entier sur Konserthuset Play pendant trente jours.
Récompenser un festival représente une évolution notable du Prix Birgit Nilsson. Elargir son horizon aux institutions capables de créer, commander et diffuser l’opéra envoie un signal fort : la vitalité de l’art lyrique ne tient plus seulement aux artistes mais aussi aux structures et à la création.