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L’Art du chant, par Luisa Tetrazzini et Enrico Caruso

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Livre
14 mai 2025
Nouvelle traduction française d’un indispensable

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Infos sur l’œuvre

Détails

« L’Art du chant par Luisa Tetrazzini et Enrico Caruso », revue Tempus perfectum, n° 25, éd. Symétrie, printemps 2025, 32 p.

Traduction et avant-propos de Hjördis Romain

Conseils à un jeune chanteur

C’est un texte dont les amoureux du chant ont déjà entendu parler et que nombre d’entre eux ont pu lire, en ligne ou ailleurs, dans sa version originale anglaise. The Art of Singing, publié en 1909 à New York, regroupe deux courts textes écrits par Enrico Caruso et Luisa Tetrazzini, qui sont alors les deux plus grandes stars du Met, place forte du chant italien dans le nouveau monde et institution lyrique dont le poids va croissant. Partant du constat que l’enseignement du chant est encore balbutiant en Amérique, ils prodiguent des conseils à la fois techniques et pratiques aux jeunes chanteurs, dessinant les contours d’un chant idéal, qui serait un chant naturel, produit en liberté et en toute détente.

Une édition minimaliste

Disons d’entrée de jeu que ces textes sont plus des curiosités qu’une mine d’or d’information, un objet de collection pour fanatique sans repentir qui passera agréablement une heure dans son fauteuil, bien plus qu’un indispensable pour comprendre ce qu’est le chant. Le caractère anecdotique de ces textes n’est pas racheté par le travail d’édition, quasi inexistant ici. Il revient certes à Hjördis Romain d’avoir traduit l’intégralité de ce texte et de proposer un court avant-propos qui raconte comment elle l’a découvert. Mais en dehors de cela, la revue Tempus perfectum ne propose aucun travail de contextualisation, d’analyse, de comparaison et se contente de reproduire la traduction française assortie de deux portraits. C’est d’autant plus dommage que, si Caruso n’est pas un inconnu, la Tetrazzini ne fait pas l’objet d’un grand nombre de publications. On dispose pourtant de plusieurs enregistrements, certes tardifs, qui témoignent de son art du chant et elle a publié des mémoires qui ne sont pas dénués d’intérêt, My Life in Song (1921).

Anecdotes et témoignages entre les lignes

Il y a des analyses à tirer des propos plutôt inoffensifs que tiennent les deux chanteurs :  d’abord parce qu’on y trouve des anecdotes qui donnent un aperçu de ce qu’était le monde du chant à l’époque, ensuite parce que Caruso et Tetrazzini sont parmi les premiers chanteurs à avoir eu des carrières résolument modernes, au sens où elles étaient mondialisées et discographiées. Dessiner des lignes de continuité et des ruptures avec le système lyrique actuel n’est pas sans intérêt. C’est là qu’un travail d’analyse du côté de la revue aurait été appréciable.

Côté anecdote : la Tetrazzini conseille aux jeunes chanteuses de ne pas se passer du corset (nécessaire pour cacher un embonpoint inévitable, surtout avec l’âge) mais de veiller à ce qu’il ne remonte pas plus haut que la dernière côte, pour qu’il n’empêche pas la respiration et le soutien. Elle rappelle aux têtes-en-l’air qu’on ne porte pas de chapeaux à bords larges en récital, car ils empêcheraient que le son se propage normalement et cacheraient leur visage aux spectateurs assis en hauteur. Elle se moque d’une jeune élève qui, pour montrer la force de son diaphragme, a poussé un piano rien qu’en contractant son impressionnant muscle ! Caruso recommande de faire un peu de sport, mais sans se forcer, puisque respirer profondément est déjà assez éprouvant : une promenade en automobile suffira. Il rapporte, un peu perfidement, les superstitions de ses collègues, mais sans les nommer. Ils affirment qu’on doit jouer avec le haut du visage (les sourcils et les yeux principalement) pour laisser la mâchoire et la bouche libres de produire leurs mouvements habituels.

De façon plus centrale, les deux chanteurs prennent leurs distances avec l’idée qu’il existe une méthode de chant et soulignent que rien ne remplace la patiente construction de sa propre voix, puisqu’il est bien plus précieux de se faire sa propre expérience que de tenter de reproduire ce qui a fonctionné pour d’autres. Ils s’accordent aussi à dépeindre un métier qui ne se limite pas, loin de là, à la production d’un son. On reconnaît des témoignages contemporains dans les lignes qui rappellent que tout chanteur doit maîtriser plusieurs langues, savoir jouer, tomber sur scène, chanter allongé, combattre à l’escrime, qu’il doit limiter ses engagements mondains et ménager sa vie personnelle, puisque chanter devient difficile quand on est contrarié ou déprimé.

Courez lire ou relire ces textes, et profitez-en surtout pour vous plonger dans les formidables tréfonds d’internet, où vous trouverez de précieux témoignages, comme cette vidéo où l’on voit une Tetrazzini âgée chanter sur un disque de Caruso, en s’offrant un ultime duo avec son partenaire décédé.

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Caruso tetrazzini

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« L’Art du chant par Luisa Tetrazzini et Enrico Caruso », revue Tempus perfectum, n° 25, éd. Symétrie, printemps 2025, 32 p.

Traduction et avant-propos de Hjördis Romain

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