Forum Opéra

Le droit inaliénable au silence

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Edito
10 janvier 2022
Le droit inaliénable au silence

Infos sur l’œuvre

Détails

Soudain il n’y eut dans nos vies plus d’églises. On trouva d’autres temples où fleurit notre spiritualité. Par exemple, il s’y fit de la musique et on trouva important de s’y réunir dans le calme pour écouter. Fut-ce d’ailleurs chose commune dans l’histoire des hommes que de former des grappes de silence ? De ne pas chercher à dire mais à entendre. Le miracle des salles de concert n’est pas qu’on y produise de la musique mais que s’y trouve un silence collectif, une hébétude concertée. 

Dire du monde qu’il n’est que bruit n’est sans doute qu’une banalité, mais c’est une banalité d’un genre criant. Les réseaux sociaux ne sont que le symptôme d’une humanité ivre de crier, ce grouillement informe d’assertivité, somme des ignobles certitudes d’une espèce qui n’entend plus exister que dans l’affirmation. Ce que la musique nous offre est un espace où l’opinion est abolie, un incubateur d’émotions dont la caresse placentaire renvoie l’homme à l’ivresse de l’incertitude.

Dès lors n’est-il pas surprenant qu’on tente de fermer les maisons qui placent le silence au cœur de leurs préoccupations ? Comme si la frénésie et l’agitation des uns cherchait à abattre la circonspection et la poésie des autres. En vérité, quand une représentation d’opéra est annulée ce n’est pas tant qu’on renvoie artistes et mélomanes à la maison, à se gaver de séries sur Netflix, c’est surtout qu’on décide qu’il est inadmissible que deux mille paires d’yeux viennent, sans rien réclamer d’autre que l’émerveillement, vibrer ensemble, dans l’intériorité et le respect de la beauté. Soudain il n’y eut plus de lieux de culture. Et le bruit du monde s’amplifia encore et encore. Jusqu’à ce qu’il soit permis d’y deviner les contours des borborygmes de l’enfer.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Infos sur l’œuvre

Détails

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

A contempler sans modération !
CDSWAG

Les dernières interviews

Les derniers dossiers

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Récemment, un magazine spécialisé en art lyrique – un de ces magazines que l’on feuillette ostensiblement en sirotant un Bellini en terrasse – soumettait à ses lecteurs la question suivante : « la mise en scène d’opéra, est-on allé trop loin ? ».
Edito
Voilà un siècle que Giacomo Puccini s’est éteint à Bruxelles, emporté par le cancer qui lui rongeait la gorge, par le traitement redoutable qu’il était venu y chercher et par un arrêt cardiaque. Et depuis un siècle sa musique n’a cessé de résonner sur les scènes du monde entier.
Edito
C’est sur les rives du Bosphore, en prenant le ferry qui relie Kadiköy sur le flanc asiatique d’Istanbul pour rejoindre la rive européenne qu’est soudainement revenue en moi la question de mon identité.
Edito