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« Etat d’urgence culturel » à Marseille ?

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Actualité
22 mars 2021
« Etat d’urgence culturel » à Marseille ?

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Marseille fut la première ville de province a obtenir le droit de posséder « un théâtre privilégié », du vivant même de Lully, en 1685. La vitalité de la scène lyrique ne s’est jamais démentie, figurant toujours parmi celles qui comptent ( cf. les représentations récentes de Tosca).

Son nouveau maire, Benoît Payan (Printemps marseillais, union des Verts et de la gauche), se proposait de décréter « l’état d’urgence culturel », soulignant qu’« en cette période bouleversée, nous devons sauver le présent et préparer l’avenir » (La Provence, 27 janvier 2021). Mais la situation financière est difficile, au point qu’il a rencontré Emmanuel Macron le 10 mars, pour solliciter une aide de Paris. Au sortir du tête à tête, il exprimait sa confiance. 

Comme nous le rapportions récemment, l’Opéra de Lyon – dont le budget est supérieur d’un tiers à celui de son homologue marseillais – verra vraisemblablement sa dotation fondre de 500 000 euros. Or, nous apprenions dans la foulée que la cité phocéenne devrait également réduire sa subvention à l’Opéra (la somme de 1,2 million d’euros était même avancée). Motif :  le théâtre doit réaliser des économies, ses recettes de billetterie étant réduites à néant. L’Opéra serait ainsi frappé d’une double peine : la privation de son public, et la baisse significative de ses moyens pour l’année entamée. Les médias, comme la presse généraliste, locale et nationale, ne semblent pas avoir été informés par les canaux officiels. 

Certes, sa vaste salle Art déco (1800 places) demeurera, quoi qu’il arrive : elle fait partie du patrimoine. Mais le somptueux écrin ne risque-t-il pas de se retrouver privé de sa raison d’être à la sortie de la pandémie ? Très affaiblie par cette double affection, sanitaire et budgétaire, l’institution connaîtra-t-elle une convalescence – assortie de soutien et de rééducation fonctionnelle – ou sera-t-elle placée en soins palliatifs au terme de plus d’un an de coma artificiel ?

Jean-Marc Coppola, adjoint à la Culture, déclarait à propos de l’Opéra, en décembre dernier (interview réalisée par Destimed, confrère généraliste phocéen) : « il faudrait un partenariat qui permettrait à l’Etat et aux autres collectivités de participer. Le rayonnement de l’Opéra pourrait être beaucoup plus large que ce qu’il est aujourd’hui (…) pour attirer des publics beaucoup plus divers, avec des passerelles, aussi, avec les autres lieux culturels que nous subventionnons, le Conservatoire, la Cité de la Musique ».

Sollicité dans le cadre de notre enquête, il déclare : « le budget, transparent, s’élève à 25 millions d’euros, investissement et fonctionnement confondus, tout compris. La Ville assure l’essentiel des charges. Le Conseil départemental participe à hauteur de 1,2 millions d’euros et l’Etat de 400 000. Depuis le début de la crise, la Ville de Marseille a soutenu toute l’activité culturelle et ses acteurs, y compris les intermittents. Très rares ont été les annulations, les reports sur les saisons prochaines sont plus nombreux. Les captations ont permis de maintenir une forme d’activité. Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai été frappé de devoir parapher les remboursements de billets et d’abonnements par la Ville, l’opéra étant en régie municipale. Un million d’euros (731 000 sur l’exercice 2020, et 269 000 sur le suivant) ont été restitués au public. La Ville s’adapte au contexte, la réflexion est engagée sur les évolutions possibles de l’Opéra. Pour ma part, je souhaite multiplier les partenariats, comme je l’ai dit, travailler à sa labellisation, accroître et renouveler toujours davantage les publics ». L’Opéra de Marseille, également interrogé, n’a pas souhaité répondre à nos questions, s’en remettant aux déclarations de l’adjoint à la Culture.

L’information initiale « de source plus qu’autorisée » est ainsi partiellement corroborée : les remboursements effectués par la Mairie, qui assure la responsabilité comptable de l’opéra, venant en soustraction de sa dotation budgétaire, pendant que les institutions lyriques ayant le statut d’Etablissement public y ont procédé sur leur propre budget. 

Sans doute faudra-t-il attendre que le projet de budget soit diffusé pour savoir si le soutien de la Ville à son opéra relève de la déclaration d’intentions ou d’une volonté affirmée. Montrons-nous optimistes : la Ville avait validé la décision de Maurice Xiberras d’honorer les contrats des chanteurs, signe encourageant. 

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