Des trois maisons d’opéras que compte Prague (quatre avec la Nová Scéna), le Théâtre National est sans doute la plus emblématique. Financé par souscription, décoré par les meilleurs artistes de l’époque, détruit par un incendie deux mois après son inauguration en aout 1881, aussitôt reconstruit, il a pour les Tchèques valeur de symbole identitaire et culturel. C’est porté par cette histoire patriotique et par la splendeur du bâtiment, situé au pied de la Vlatva, face au Château, que l’on en franchit le seuil, inévitablement impressionné.
Adresse : Národní 2, 110 00 Praha 1, République tchèque
Institution lyrique hébergée : Národní Divadlo
Site Web : www.narodni-divadlo.cz
Année de construction : 1881 puis 1883
Architecte : Josef Zítek (1881) puis Josef Schultz, un de ses élèves (1883)
Style architectural : néo-renaissance
Répertoire de prédilection : Les opéras du du « quatuor Tchèque » – Janáček, Smetana, Dvořák, Martinů – occupent évidemment une place de choix au sein de la programmation du Théâtre National mais son répertoire n’hésite pas à franchir les frontières et les siècles dans des mises en scène qui, sans être avant-gardistes, savent se montrer inventives (alors que le Théâtre des Etats ne s’aventure pas au-delà de Rossini, que la Nová Scéna reste circonscrite à la création contemporaine et que l’Opéra des Etats se contente des œuvres les plus populaires, représentées de manière plutôt traditionnelle).
Education : Pas de programme d’éducation pour le jeune public mais des conférences ouvertes à tous avant le spectacle pour les nouvelles productions et des tarifs préférentiels dans certaines catégories réservés aux juniors (enfants de moins de 15 ans, étudiants), aux familles et – plus inhabituel – aux séniors (plus de 65 ans) !
Histoire : Le 11 juin 1881, le Théâtre National est inauguré en grande pompe avec Libuše de Smetana. Les Tchèques ont tout lieu d’être fiers de ce nouveau bâtiment qui affirme haut et fort leur identité nationale alors que le pays est toujours sous la domination des Habsbourg. Financé par souscription, le projet a demandé près de quarante années pour se concrétiser. Les plus grands artistes ont participé à sa décoration intérieure, somptueuse. Las, deux mois plus tard, un terrible incendie ravage une grande partie de l’édifice. Vécu comme une catastrophe nationale, ce sinistre donne lieu à une réaction sans précédent dans l’histoire du pays. Une nouvelle souscription est lancée. En en un mois et demi, les fonds nécessaires à la reconstruction sont réunis et, le 18 novembre 1883, une nouvelle inauguration a lieu, toujours avec Libuše. L’inscription « Don de la nation à elle-même » (Národ sobě) qui orne le fronton de la grande scène rappelle cet élan remarquable de solidarité. Malgré les vicissitudes de l’histoire – guerres mondiales et avènement du communisme –, le bâtiment, doté des technologies les plus à la pointe de son époque, sera utilisé en l’état jusqu’en 1977. Après une rénovation supervisée par l’architecte Zdeněk Vávra, à l’occasion de laquelle on adjoint au Théâtre une construction moderne – la Nová Scéna (Nouvelle Scène) –, il rouvre de nouveau ses portes le 18 novembre 1983 – un siècle après sa deuxième inauguration – avec Libuše évidemment.
Premier opéra représenté : Libuše (héroïne tchèque légendaire) de Bedřich Smetana
Créations marquantes :
- Libuše de Bedřich Smetana, le 11 juin 1881
- Jakobín (Le Jacobin) d’Antonín Dvořák, 12 février 1889
- Čert a Káča (Le Diable et Catherine) d’Antonín Dvořák, 23 novembre 1899
- Rusalka (Ondine) d’Antonín Dvořák, 31 mars 1901
- Armida d’Antonín Dvořák, 25 mars 1904
- Výleti pánĕ Broučkovy (Les Voyages de Monsieur Brouček) de Leoš Janáček, 23 avril 1920
- Julietta aneb Snář (Juliette ou la clé des songes) de Bohuslav Martinů, 16 mars 1938
Meilleures places : milieu du parterre (septième et huitième rang) ou première rangée du premier balcon
Acoustique : Salle à l’italienne avec une bonne acoustique avantageant davantage l’orchestre que les voix, dont les défauts – s’il y en a – peuvent être surlignés
Tarifs : Pour un opéra compter, selon le cours de la Couronne tchèque, entre 3,5€ et 40€ la place. A ce prix, avouez qu’il serait dommage de s’en priver, d’autant que comme expliqué plus haut, les mises en scène n’ont rien de poussiéreux, les chanteurs tous originaires de Tchéquie ou des pays voisins ont pour la plupart la générosité chaleureuse que l’on associe aux « voix des pays de l’Est » et le niveau de l’orchestre est très bon (ne pas oublier le diction local : « tel Tchèque, tel musicien » ). Pour être encore plus certain de passer une bonne soirée, privilégier si possible des opéras tchèques ou à défaut slaves.
Anecdote : On peut si on le souhaite offrir à l’artiste de son choix des fleurs ou autre cadeau en demandant à l’ouvreuse de le lui remettre sur scène au moment des saluts. Cette pratique n’est d’ailleurs pas spécifique au Théâtre National mais apparemment courante à Prague (il n’en demeure pas moins surprenant de voir à la fin de Iolanta l’interprète de Marta gratifiée d’un superbe bouquet de roses alors que les premiers rôles repartent les mains vides)
Vestiaire : au sous-sol du bâtiment, gratuit et plus ou moins obligatoire. Service empressé et rapide.
Toilettes : à chaque étage, côté jardin pour les dames et cour pour les messieurs, équipements d’époque (sinon d’origine), d’une propreté exemplaire avec suffisamment de cabines et d’urinoirs pour éviter toute attente à l’entracte.
A l’entracte : Trois bars sont ouverts, deux dans le foyer au premier étage, et un autre au rez-de-chaussée dans le hall (un quatrième bar, au deuxième balcon, côté jardin, était fermé lors de notre visite). Privilégier le foyer, ne serait-ce que pour admirer la vue sur le Château depuis la terrasse ou faire les cent pas en admirant les toiles d’Aleš, Ženišek, Hynais, Myslbek et autres grands peintres tchèques ayant participé à la décoration intérieure de l’édifice (on les surnomma à propos « génération du Théâtre National »). Boissons, alcoolisées (bons vins de Moravie, rouge, rosé, blanc, pétillant) ou non, (bons) sandwichs et friandises diverses salées et sucrées (noix de cajou, bonbons gélifiés…) sont proposés à des tarifs n’excédant pas 3€ (oui, 3€ !)
Le bémol : la boutique (voir ci-dessous)
Le dièse : les tarifs (voir ci-dessus) et le système de surtitrage en anglais, fort utile pour ceux qui ne parlent pas le tchèque (la majorité d’entre nous a priori)
Accessibilité : Des plateformes sont installées au pied de certains escaliers pour les personnes à mobilité réduite, sans que nous puissions certifier l’accessibilité de tous les étages du bâtiment
Accès : Tramway lignes 6, 9, 17, 18,21, 22 arrêt » Národní divadlo » ; Métro ligne jaune B, station » Národní Třída
Boutique : Une boutique, assez misérable, existe ou a existé au premier étage à côté du foyer (côté cour). Elle semble aujourd’hui fermée, tout au moins, avant, pendant et après les spectacles auxquels nous avons assisté.
Où dîner à proximité ? Après le spectacle, pour une petite faim, les cafés historiques Slavia (Smetanovo nábř. 1012/2) et Louvre (Národní 22) vous tendent les bras, le premier surtout avec sa vue imprenable sur le Château ou le Théâtre national au choix. Pour un dîner plus gastronomique, préférer le Restaurant Bellevue (Smetanovo nábř. 329/18, réservation conseillée) et pour un petit creux avant le spectacle, ne pas faire l’économie d’une halte au salon de thé Carrousel (Národní 416/37). Leur cheesecake est un des meilleurs que l’on connaisse.
Où dormir à proximité ? L’offre hôtelière à Prague étant pléthorique, il y a l’embarras du choix. Pour les amateurs de confort contemporain, on conseillera le Metropol Hôtel (Národní 1036/33, 120€ environ) à deux pas du Théâtre sur la même avenue. Pourquoi cependant ne pas choisir un hébergement dans le quartier romantique de Mala Strana, sur l’autre rive de la Vltava, ne serait-ce que pour traverser le Pont Charles le soir après le spectacle en regagnant sa chambre et bénéficier d’un point de vue exceptionnel sur les monuments illuminés. Opter dans ce cas, selon l’épaisseur de son porte-monnaie, pour l’Hôtel U Krize (Ujezd 20, 75€ environ), l’Hôtel Biskupský Dům (Dražického nám. 62, 120€) ou – soyons fou ! – pour le luxe suprême du Mandarin Oriental (Nebovidská 459/1, plus de 300€).