Pour ce 4e épisode, Agnus D.E.I aborde la question de l’intersectionnalité des luttes et s’attaque à l’idée reçue selon laquelle #MeToo ne serait qu’un oriflamme de la « guerre des sexes », ou qu’une affaire de féministes. Avec Pedro-Octavio Diaz, conseiller artistique et dramaturge et à travers une discussion sur les rapports de dominations à l’oeuvre dans notre monde lyrique, nous soulevons le voile de reductio ad feminam commodément jeté sur #Metoo, et tentons de montrer qu’à travers la lutte contre les VHSS (violences et harcèlement sexistes et sexuels), c’est un combat bien plus vaste qui s’opère.
L’émission par ses thèmes
Chapitre 1: Introduction et cadre du débat
00:00:02 – 00:01:59 Présentation de l’épisode, de son ton satirique et du thème central: l’intersectionnalité des luttes appliquée au milieu de l’art lyrique à l’ère de MeToo. Annonce de l’invité, Pedro Octavio Diaz, et de l’ambition d’explorer MeToo comme révélateur des structures de domination.
Chapitre 2: Parcours de l’invité et précisions biographiques
00:01:59 – 00:03:36 Portrait professionnel de Pedro Octavio Diaz, de ses études en France à ses fonctions de dramaturge et conseiller artistique, jusqu’à la création de son agence. Précision sur sa collaboration avec le Festival baroque de Trondheim et la dimension collective de la programmation.
Chapitre 3: L’histoire des mentalités comme outil d’analyse
00:03:36 – 00:06:09 Présentation de l’«histoire des mentalités», de son approche pluridisciplinaire et de sa pertinence pour contextualiser les arts. Diaz explique sa méthode d’analyse des livrets d’opéra comme sources historiques et l’opéra comme tribune politique.
Chapitre 4: Origines musicales, Haendel et la formation du goût
00:06:09 – 00:09:38 Évocation familiale et culturelle des premières rencontres avec la musique, du ballet au baroque. Haendel s’impose comme figure centrale, avec un attachement affectif au Messie et une préférence mûrie pour Parthenope et Orlando.
Chapitre 5: Définir les métiers: dramaturge et conseiller artistique
00:09:38 – 00:13:23 Clarification des missions du dramaturge (programmation, rédactionnels, regard sur le sens des projets) et du conseiller artistique (conception de programmes “sur mesure”, narration des disques, détection de répertoires). Accent sur la cohérence artistique et l’appropriation par les solistes.
Chapitre 6: Intersectionnalité et âgisme à l’opéra
00:13:23 – 00:17:07 Introduction du concept d’intersectionnalité et lien avec MeToo comme outil d’éclairage des oppressions croisées (genre, classe, âge, orientation). Discussion du programme “Déroulement de carrière” de Génération Opéra, focalisé sur les artistes de plus de 35 ans et ses bénéfices de visibilité.
Chapitre 7: Le jeunisme, la maturation des voix et la carrière
00:17:07 – 00:23:57 Critique des limites d’âge en formation supérieure et des parcours tardifs invisibilisés. Rappel de la nécessité d’une maturité vocale et scénique, des dangers de sur-solliciter des jeunes voix, et des effets d’une programmation guidée par la prudence plutôt que par la curiosité.
Chapitre 8: Normes corporelles, illusions scéniques et représentations
00:23:57 – 00:31:21 Analyse des normes esthétiques importées (jeunesse, fitness) et de leur pouvoir oppressif, y compris dans des univers queer. Réaffirmation de l’opéra comme art d’illusion et plaidoyer pour la primauté de la voix et de l’incarnation sur la conformité corporelle.
Chapitre 9: L’oreille, l’œil et la puissance d’incarnation
00:31:21 – 00:34:37 Positionnement entre culte des voix et culte des metteurs en scène, en faveur d’un équilibre. Exemples d’incarnation bouleversante (Karina Gauvin, Véronique Gens) montrant que l’émotion scénique dépasse les critères physiques et signe la postérité des œuvres.
Chapitre 10: Euphémisme de la beauté et domination intra-communautaire
00:34:37 – 00:36:47 Retour sur des esthétiques homogénéisantes dans certaines productions et sur les injonctions normatives au sein de communautés elles-mêmes dominées. Argument pour une diversité réelle des corps afin de favoriser l’identification des publics et le renouvellement de l’audience.
Chapitre 11: Codes sociaux, classes et violences symboliques
00:36:47 – 00:43:33 Observation des injonctions de présentation jusque dans les coulisses et des hiérarchies scolaires et de diplômes. Témoignage sur la violence des codes de classe (anecdote des chaussures) et sur le coût social et financier des études de chant, renforçant les inégalités.
Chapitre 12: L’opéra: art populaire ou art d’élite?
00:43:33 – 00:47:34 Parallèles historiques montrant l’opéra comme pratique populaire et vivante (Zarzuela, Venise, Versailles) malgré ses usages politiques. Thèse d’une liberté artistique qui finit par déborder les cadres idéologiques, avec diversité des modèles de production en Europe.
Chapitre 13: Exister hors norme: assumer sa singularité
00:47:34 – 00:50:05 Comment construire une voie médiane entre norme et “monstruosité” médiatique: assumer ses origines, son regard, et transformer un handicap perçu en ressource. Affirmation d’une diversité biographique comme enrichissement du milieu.
Chapitre 14: MeToo, intersections et angles morts
00:50:05 – 00:52:53 Synthèse du cadre intersectionnel et bascule vers MeToo: effets d’espoir et d’ouverture, y compris au Mexique, avec visibilité accrue des femmes et des peuples premiers. Proposition d’élargir MeToo aux dynamiques de domination au sein des communautés queer.
Chapitre 15: Backlash, temporalité historique et représentations
00:52:53 – 00:56:19 Rappel des cycles historiques de backlash contre les mouvements féministes et prudence analytique sur le temps long. Signes d’avancées sur la représentation des corps féminins, souhait d’extension aux représentations queer, et nécessité de poursuivre l’inclusion.
Chapitre 16: Vers l’humanisme par étapes et fin
00:56:19 – end Conclusion sur l’horizon humaniste en passant d’abord par le démantèlement des rapports de domination (misogynie, patriarcat, oppressions intra-communautaires). L’opéra y est réaffirmé comme vecteur d’émotions communes, ciment d’une humanité partagée, avant les remerciements et le générique.
