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J’ai deux amours – Mulhouse

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Spectacle
18 septembre 2023
Deux mariages et un enchantement

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

 

 

Détails

Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie en ré majeur n°35, « Haffner », K 385

Hector Berlioz
Les nuits d’été, opus 7 (*)

Claude Debussy
Prélude à « L’après-midi d’un faune »

Richard Strauss
Suite d’orchestre du Chevalier à la rose

 

Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano (*)

Orchestre symphonique de Mulhouse

Direction musicale
Christoph Koncz

 

Mulhouse, La Filature, 15 septembre 2023, 20h

A la Filature, Christoph Koncz prenait ce soir officiellement (1) la direction de l’Orchestre symphonique de Mulhouse devant son public. Le jeune chef à la carrière déjà riche a choisi un programme où l’Autriche – à travers Mozart et Richard Strauss, étreint la France de Berlioz et Debussy, programme qui s’inscrit dans son parcours binational. Ce soir il dirige tout par cœur, à l’exception des Nuits d’été. Que Mozart et Richard Strauss soient familiers du Viennois, fort bien. On découvre avec bonheur que son aisance dans Berlioz et Debussy n’est pas moindre.

L’allegro con spirito de la symphonie « Haffner » ouvre le concert, dans le bon tempo, avec l’énergie, l’éclat, la précision, les contrastes attendus. Tout juste aurait-on souhaité des cordes un peu moins dominatrices, qui étouffent les bois dans ce premier mouvement. L’andante réalise les équilibres et l’esprit n’est pas moins présent que dans le mouvement précédent. L’élégance est constante, liée à une belle gestique, sobre et dynamique d’un chef qui sait communiquer. Le menuetto, dynamique quoique retenu, vit et chante. Quant au presto conclusif, il est enlevé, avec des cordes, agiles, aussi discrètes qu’impérieuses, et des vents colorés. Mozart comme on l’aime.

La clarté de la diction de Stéphanie d’Oustrac nous dispense du programme de salle (2) comme d’un sur-titrage, inexistant, pour les Nuits d’été. Elle les a inscrites très tôt à son répertoire, et y revient régulièrement (3). Si l’orchestre de la Villanelle semble en retrait par rapport au bonheur qu’il dispense ensuite, les cinq autres mélodies seront un régal, où l’émotion le dispute à l’admiration. Le spectre de la rose, avec un orchestre diaphane, pour une voix longue, fruitée, égale dans tous les registres, avec d’admirables nuances, nous ravit d’autant que le tempo en est très retenu. Le sentiment n’est pas moindre pour le lamento dramatique de Sur les lagunes. Son animation, la ponctuation régulière (« Que mon sort est amer ! Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer ») comme sa suspension finale ont-elles un équivalent ? Le galbe, la douceur d’Absence sont magnifiés par l’entente parfaite, quasi intime, entre le chef et notre mezzo. Que le chant se développe dans un large ambitus, ou recto-tono, cette beauté nous va droit au cœur. La retenue est toujours de mise pour Au cimetière (4). Les dosages subtils, les équilibres parfaits d’un orchestre inspiré nous captivent autant que la voix, admirable : l’évidence, si rare. La barcarolle finale (L’Île inconnue) renoue avec l’allégresse : la brise a soufflé. Rien n’échappe à l’attention, dans des nuances extrêmement ténues, tant le chef valorise le moindre détail tout en gardant les équilibres et la ligne : du travail de dentelière. La direction exemplaire, attentive à chacun comme à tous, impressionne par son énergie et sa capacité à fusionner le meilleur au service de l’ouvrage. Berlioz est là.

L’orchestre s’enrichira pour Debussy puis pour Richard Strauss. L’Ouverture à l’après-midi d’un faune ne se présente plus. Déconcertante – dans tous les sens du terme – nouvelle, sa substance poétique, sa forme, son harmonisation sont un miracle sonore. La flûtiste, Nora Hamouma, que l’on découvre à cette occasion, s’y montre remarquable d’émission et de conduite.  La direction est ample, enveloppante, souple et expressive. Une grande douceur sensuelle, lascive, fragile et lumineuse, infiniment retenue, alanguie. On est sous le charme jusque cette fin, avec son impression d’éloignement, de raréfaction, d’inachèvement qui nous laisse en suspens. Le long silence qui suit, chargé de musique, traduit la fascination exercée sur le public.

Toutes les atmosphères de la Suite de Rosenkavalier sont traduites avec le charme, la sensualité, l’élégance de cette Vienne de rêve, de la légèreté à l’opérette, avec, toujours, la valse. L’orchestre ne fait qu’un, que ce soit dans les tutti animés ou dans les soli enamourés. Les couleurs en sont admirables (les cinq cors, tout particulièrement). Une formation de haut vol, plus concentrée, plus ductile, épanouie et réactive que jamais, inspirée. Le plaisir des musiciens est manifeste et communicatif. L’enthousiasme du public est au rendez-vous, et les rappels sont nombreux.

Qu’une formation puisse se montrer aussi mozartienne que berliozienne, debussyste que straussienne, l’équation est exceptionnellement résolue. Elle l’est ce soir, avec une illustration magistrale de ce qui fait l’esprit si particulier de chacune des œuvres, le mariage des répertoires viennois et parisiens est consommé. Au sortir de cette extraordinaire soirée, on se prend à penser que Mulhouse a réalisé une superbe acquisition en s’attachant les services de Christophe Koncz, plébiscité par ses musiciens comme par le public. Une autre union est scellée.

(1) On les avait écoutés au Festival de Colmar en juillet dernier (Dvorak - Beethoven - Orchestre symphonique de Mulhouse...).
(2) Un problème technique d’impression, d’après l’ouvreuse.
(3) Les enregistrements que diffuse Youtube (Anvers, avec Mark Elder ; l’Orchestre National de Bretagne, dirigé par Grant Llewellyn) pèchent par des directions et des formations en-deçà de ce que nous avons écouté, d’autant que la voix a encore gagné en couleurs et en expression.
(4) A-t-on mieux traduit le quadruple piano de la ligne de chant (« L’ange amoureux ») ?

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Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie en ré majeur n°35, « Haffner », K 385

Hector Berlioz
Les nuits d’été, opus 7 (*)

Claude Debussy
Prélude à « L’après-midi d’un faune »

Richard Strauss
Suite d’orchestre du Chevalier à la rose

 

Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano (*)

Orchestre symphonique de Mulhouse

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Christoph Koncz

 

Mulhouse, La Filature, 15 septembre 2023, 20h

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