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PUCCINI, Il Trittico – Paris (Bastille)

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Spectacle
1 mai 2025
Trois triomphes valent mieux qu’un pour Asmik Grigorian

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Trois opéras en un acte, composés par Giacomo Puccini et créés au Metropolitan Opera de New York le 14 décembre 1918

Gianni Schicchi – Livret de Giovacchino Forzano d’après La Divine Comédie de Dante (Enfer, XXX)

Il Tabarro – Livret de Giuseppe Adami d’après La Houppelande de Didier Golds

Suor Angelica – Livret original de Giovacchino Forzano

Détails

Mise en scène
Christof Loy
Décors
Etienne Plus
Costumes
Barbara Drosihn
Lumières
Fabrice Kebour
Dramaturgie
Yvonne Gebauer

Gianni Schicchi

Gianni Schicchi
Misha Kiria
Lauretta
Asmik Grigorian
Zita
Enkelejda Shkosa
Rinuccio
Alexey Neklyudov
Gherardo
Dean Power
Nella
Lavinia Bini
Betto di Segna
Manuel Esteve Madrid
Simone
Scott Wilde
Marco
Iurii Samoilov
La Ciesca
Theresa Kronthaler
Maestro Spinelloccio
Matteo Peirone
Ser Amantio di Nicolao
Alejandro Balinas Vieites
Guccio
Luis-Felipe Sousa
Pinellino
Vartan Gabrielian

Il Tabarro

Michele
Roman Burdenko
Giorgetta
Asmik Grigorian
Luigi
Joshua Guerrero
Il Tinca
Andrea Giovannini
Il Talpa
Scott Wilde
La Frugola
Enkelejda Shkosa
Un venditore di cansonette / Un amante
Dean Power
Un amante
Ilanah Lobel-Torres

Suor Angelica

Suor Angelica
Asmik Grigorian

La Zita Principessa
Karita Mattila

La Badessa
Hanna Schwarz

La Suora Zelatrice
Enkeledja Shkosa

La Maestra delle Novizie
Theresa Kronthaler

Suor Genovieffa
Margarita Polonskaya

Suor Osmina
Ilanah Lobel-Torres

Suor Dolcina
Lucia Tumminelli

La Suora Infermiera
Maria Warenberg

Due Cercatrici
Lavinia Bini
Camille Chopin

Novizia
Lisa Chaïb-Auriol

Due Converse
Silga Tiruma
Sophia Van de Woestyne
Anna Yasiutina

Chœur de l’Opéra National de Paris

Chefs des chœurs

Ching-Lien Wu

Orchestre de l’Opéra National de Paris

Direction musicale
Carlo Rizzi

 

Paris, Opéra Bastille, le mardi 29 avril 2025, 19h

Le Triptyque de Puccini n’est pas joué si souvent dans nos contrées, et encore moins dans le désordre : à rebours d’une tradition plaçant la farce après les drames, Christoph Loy a préféré commencer son spectacle, déjà présenté à l’été 2022 au Festival de Salzbourg, par Gianni Schicchi, avant de poursuivre avec le mélodrame naturaliste du Tabarro et de conclure par la tragique et mystique Suor Angelica. Pourquoi ? Imaginer, au prix de quelques licences avec les livrets, un fil rouge faisant de la principale figure féminine de chaque pièce une seule et même héroïne ? Proposer une continuité dramaturgique ou esthétique justifiant ce renversement ? Même pas. Les décors, d’une pièce à l’autre, jouent la carte d’un réalisme contemporain de bon aloi, et le metteur en scène règle une direction d’acteurs à l’avenant, habile et cohérente, sans excès d’imagination. Tournant le dos à l’absurde et au fantasque, Gianni Schicchi paraîtra presque timide, pour ceux qui gardent en mémoire le spectacle très fellinien proposé dans la même maison par Laurent Pelly. Il Tabarro s’affirme davantage, qui distille une atmosphère à la fois poisseuse et familière de film noir. Suor Angelica, pour finir, évacue avec subtilité ce que la dernière scène peut avoir de grandiloquent, braque un projecteur sur la protagoniste, qui nous montre sans artifice son infinie douleur et bouleverse d’autant plus. Le rideau baissé, une question nous vient : et si Christophe Loy avait décidé de l’ordre des pièces après avoir réglé sa mise en scène, tout simplement pour finir par ce qu’elle propose de plus fort, à l’issue d’un long crescendo émotionnel ?

Crescendo aussi va la triple prestation d’Asmik Grigorian. Non qu’elle commence en retrait : sa Lauretta est d’un naturel confondant, et offre, de sa voix iridescente, un « Babbino caro » si lyrique et si intense qu’on en oublierait presque qu’on l’entend pour la dix-millième fois. Mais à cette frêle jeune fille succède une Giorgetta sensuelle, qui s’enracine dans son Paris laborieux comme elle enlace son amant, corps et âme. Et vient Suor Angelica, où la soprano lituanienne réussit une interprétation qu’on peut qualifier d’historique ; des accents de renoncement apparemment bienheureux qui émanent de ses premières répliques à la rage qui la pousse à affronter sa tante, jusqu’à la détresse terrifiante de la mère qui, au moment de son suicide, croit revoir son enfant, tout sonne juste dans cette incarnation qui tire les larmes et fait rendre les armes. « Senza mamma » semble murmuré du bout des lèvres, mais quelle projection ! On croit n’y entendre que l’expression de l’humanité dans ce qu’elle a de plus essentiel et de plus simple, et pourtant quels trésors de nuances, de phrasé, de legato ! La clarté du timbre est de celles qu’on destine aux héroïnes juvéniles, mais quelle capacité à le moduler, à l’ombrer, à le parer de teintes pourpres ou noires. En somme, tout au long de ces trois opéras : quelle chanteuse, et quelle actrice !

Le plus beau est qu’autour d’elle, personne ne joue les faire-valoir. Au milieu d’une impeccable bande de cousins et de neveux, Misha Kiria impose, de sa voix percutante et de sa vaste silhouette, un Schicchi qui amuse et séduit autant qu’il inquiète. Si l’instrument d’Alexey Neklyudov semble encore mal chauffé dans « Firenze è come un albero », il gagne en puissance dans de beaux duos enamourés, et l’autre ténor de la soirée, Joshua Guerrero, dessine, dès un « Hai ben ragione » prêt à exploser de colère, un Luigi hargneux, qui vaut à peine mieux que Michele dans cet univers de violence. Michele, justement, trouve en Roman Burdenko un interprète idéalement rocailleux, muré dans des silences que viennent taillader de terrifiants éclats de voix. Couple abîmé par la vie et relié par une étonnante tendresse, Scott Wilde (Talpa) et Enkelejda Shkosa (La Frugola) offrent un répit d’humanité bienvenu. Le casting entièrement féminin de Suor Angelica permet, enfin, d’entendre la Genovieffa ductile et gracieuse de Margarita Polonskaya, de scruter avec émotion la silhouette de Hanna Schwarz, figure wagnérienne et straussienne bien connue des années 1970-1980, qui garde en Badessa une belle présence vocale, et d’attendre en frémissant la confrontation entre Asmik Grigorian et Karita Mattila : certes, celle-ci n’a jamais été contralto et ne peut se permettre, à ce stade de sa carrière, les graves qu’elle n’avait déjà pas il y a trente ans. Mais les reflets moirés du timbre, la présence féline, l’agressivité rentrée sont autant de coups de griffes qui, en déchiquetant un peu plus l’héroïne, achèvent de nous la rendre poignante.

Les Chœurs de l’Opéra, en grande forme, et l’Orchestre, d’une précision perfectible en début de soirée, auraient certes gagné à la présence d’une baguette plus alerte et plus impliquée que celle de Carlo Rizzi ; au fil des représentations, ils devraient tous se laisser contaminer par la fièvre théâtrale qui émane de la scène.

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Trois opéras en un acte, composés par Giacomo Puccini et créés au Metropolitan Opera de New York le 14 décembre 1918

Gianni Schicchi – Livret de Giovacchino Forzano d’après La Divine Comédie de Dante (Enfer, XXX)

Il Tabarro – Livret de Giuseppe Adami d’après La Houppelande de Didier Golds

Suor Angelica – Livret original de Giovacchino Forzano

Détails

Mise en scène
Christof Loy
Décors
Etienne Plus
Costumes
Barbara Drosihn
Lumières
Fabrice Kebour
Dramaturgie
Yvonne Gebauer

Gianni Schicchi

Gianni Schicchi
Misha Kiria
Lauretta
Asmik Grigorian
Zita
Enkelejda Shkosa
Rinuccio
Alexey Neklyudov
Gherardo
Dean Power
Nella
Lavinia Bini
Betto di Segna
Manuel Esteve Madrid
Simone
Scott Wilde
Marco
Iurii Samoilov
La Ciesca
Theresa Kronthaler
Maestro Spinelloccio
Matteo Peirone
Ser Amantio di Nicolao
Alejandro Balinas Vieites
Guccio
Luis-Felipe Sousa
Pinellino
Vartan Gabrielian

Il Tabarro

Michele
Roman Burdenko
Giorgetta
Asmik Grigorian
Luigi
Joshua Guerrero
Il Tinca
Andrea Giovannini
Il Talpa
Scott Wilde
La Frugola
Enkelejda Shkosa
Un venditore di cansonette / Un amante
Dean Power
Un amante
Ilanah Lobel-Torres

Suor Angelica

Suor Angelica
Asmik Grigorian

La Zita Principessa
Karita Mattila

La Badessa
Hanna Schwarz

La Suora Zelatrice
Enkeledja Shkosa

La Maestra delle Novizie
Theresa Kronthaler

Suor Genovieffa
Margarita Polonskaya

Suor Osmina
Ilanah Lobel-Torres

Suor Dolcina
Lucia Tumminelli

La Suora Infermiera
Maria Warenberg

Due Cercatrici
Lavinia Bini
Camille Chopin

Novizia
Lisa Chaïb-Auriol

Due Converse
Silga Tiruma
Sophia Van de Woestyne
Anna Yasiutina

Chœur de l’Opéra National de Paris

Chefs des chœurs

Ching-Lien Wu

Orchestre de l’Opéra National de Paris

Direction musicale
Carlo Rizzi

 

Paris, Opéra Bastille, le mardi 29 avril 2025, 19h

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