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VERDI, La Traviata – Vérone

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Spectacle
25 juillet 2025
Le vent soufflait dans la bonne direction

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

La Traviata
Opéra en trois actes (1853)
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Francesco Maria Piave
d’après le roman La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Création à Venise le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène
Hugo De Ana
Chorégraphie
Leda Lojodice
Reprise de la chorégraphie de
Michele Cosentino

Violetta Valery
Angel Blue
Flora Bervoix
Sofia Koberidze
Annina
Francesca Maionchi
Alfredo Germont
Enea Scala

Giorgio Germont
Luca Salsi
Gastone, Vicomte de Létorières
Carlo Bosi
Baron Douphol
Nicolò Ceriani
Marquis d’Obigny
Jan Antem
Docteur Grenvil
Gabriele Sagona
Domestique
Hideroni Inoue
Giuseppe
Alessandro Caro

Orchestre, chœurs, ballets et techniciens de la Fondazione Arena di Verona
Direction musicale
Speranza Scappucci

Vérone, Arènes, 102e Arena di Verona Opera Festival, vendredi 11 juillet 2025, 21h15

Au lendemain d’un Nabucco atomique très New Age, les Arènes de Vérone programmaient une Traviata beaucoup plus traditionnelle, devant une foule compacte, pas un siège ne semblant être vide, ce qui est toujours très impressionnant, quoique rassurant pour l’avenir de la manifestation. Tant la notoriété de l’œuvre verdienne que la beauté de la production proposée depuis une quinzaine d’années maintenant pouvaient expliquer un tel succès. En 2011, Jean-Marcel Humbert avait apprécié la nouvelle production du metteur en scène Hugo de Ana et il est vrai que les décors constitués d’une série de cadres enchevêtrés sur les gradins de l’Arène sont du plus bel effet, les protagonistes évoluant à l’intérieur de ce qui constitue dès lors des tableaux vivants. On sort du cadre, certains sont décadrés, d’autres menacent d’être écrasés par les cadres en mouvements, etc. On peut ainsi visuellement et intellectuellement filer les métaphores à loisir face à ce décor malin et esthétiquement très réussi. Les cadres se font tour à tour plateau de danse, jardin de campagne, mansarde, labyrinthe ou fenêtre à guillotine au couperet inquiétant. Au centre de ce dispositif efficace autant qu’inexorable (le moindre glissement hors champ détonne), Violetta passe de la condition de personnage central à celui de victime expiatoire, essayant vainement de trouver ou retrouver sa place dans une structure en évolution et surtout en pleine désagrégation. Certaines saynètes évoquent le film de Zeffirelli (costumes, lumières et surtout, foisonnement général), d’autres, plus japonisantes, se réfèrent cependant toutes, judicieusement, à la fin du xixe siècle. Les scènes de bal et les chorégraphies sont superbes et hautes en couleur. Il n’est aucunement besoin d’effets spéciaux spectaculaires pour enchanter le public : il suffit par exemple d’une série de lanternes géantes, disposées en arc de cercle sur les gradins, qu’on voit s’illuminer subitement, pour émerveiller tout un chacun.

© Arena di Verona 102° Opera Festival 2025

De plus, ce soir, c’est le ciel lui-même qui s’est mis de la partie pour magnifier le spectacle. Dans la journée, la pluie s’est déjà invitée et l’orage menace avant le début de la représentation. Heureusement, les éclairs sont lointains et muets, se contentant de mettre efficacement un accent lumineux aux moments appropriés du drame, comme fait tout exprès. On en vient à remercier le ciel de nous offrir un tel travail de dramaturgie sans verser des seaux d’eau qui auraient suspendu inopinément ce beau spectacle. Encore plus saisissant, un vent fort se lève, qui aide à disperser les rubans et confettis dorés de la fête, en sublimes nébuleuses effilochées. On se met cependant à craindre que les cadres ne s’abattent réellement sur les chanteurs, mais tout est bien accroché et encore mieux encadré. Par chance, le vent souffle dans la bonne direction et fait office de porte-voix, ramenant les sons vers le public, pour un confort d’écoute optimal. On n’ose imaginer ce qu’aurait produit l’effet inverse…

© Arena di Verona 102° Opera Festival 2025

Servis par une mise en scène lisible, les chanteurs évoluent apparemment très à l’aise. La belle Angel Blue parvient sans peine à entrer dans son rôle et nous émouvoir jusqu’aux larmes. La puissante de projection de la soprano est formidable, la longueur de souffle et le nuancier subtil n’en étant que plus appréciables. Curieusement, quand la jeune femme se met à tousser au dernier acte, une bonne partie du public lui emboîte le pas. Il est vrai que vers minuit, il fait un tout petit peu frisquet en comparaison avec les grosses chaleurs passées, mais tout de même, pas de quoi s’être enrhumé aussi vite. Cela ne rend la performance de l’Américaine que plus admirable. À ses côtés, Enea Scala, s’il ne parvient pas à rendre son personnage aussi sympathique et touchant que sa partenaire, se révèle tout de même un Alfredo bouillant, généreux de sentiments, amant ardent, jaloux flamboyant et repenti sincère. On retiendra surtout les coups d’éclats traduits par des aigus joliment projetés et un superbe legato qui confère la dignité qui pourrait autrement cruellement manquer au personnage. Quand bien même les choix de mise en scène le desservent en accentuant le caractère proprement inhumain du père égoïste et monstrueux (accentués par des gestes de colère à peine retenus quand il n’obtient pas immédiatement la reddition de la pauvre Violetta), Giorgio Germont est merveilleusement campé par un Luca Salsi au sommet de son art. Il parvient à donner au fur et à mesure de la chair et beaucoup de noblesse à son personnage. Puissance, longueur de souffle, beauté du chant, on se délecte à l’entendre. Les autres rôles sont irréprochables, soutenus par des chœurs en grande forme.

À la tête de l’orchestre, Speranza Scappucci ne manque pas d’impressionner par son efficacité. Puisqu’elle a une large formation en éventail devant elle, chœurs compris, sa gestuelle se fait ample et large. On la sent intensément concentrée, attentive aux moindres détails. De fait, elle mène littéralement son petit monde à la baguette, de telle sorte que le résultat est une conduite excellente, fluide, nette, propre, mais bien mieux que cela : très intense et impeccablement maîtrisée. Un vrai beau moment. Seul regret : avoir raté Ludovic Tézier, qui sera Giorgio Germont pour la dernière, le 2 août prochain.

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La Traviata
Opéra en trois actes (1853)
Musique de Giuseppe Verdi
Livret de Francesco Maria Piave
d’après le roman La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Création à Venise le 6 mars 1853

Détails

Mise en scène
Hugo De Ana
Chorégraphie
Leda Lojodice
Reprise de la chorégraphie de
Michele Cosentino

Violetta Valery
Angel Blue
Flora Bervoix
Sofia Koberidze
Annina
Francesca Maionchi
Alfredo Germont
Enea Scala

Giorgio Germont
Luca Salsi
Gastone, Vicomte de Létorières
Carlo Bosi
Baron Douphol
Nicolò Ceriani
Marquis d’Obigny
Jan Antem
Docteur Grenvil
Gabriele Sagona
Domestique
Hideroni Inoue
Giuseppe
Alessandro Caro

Orchestre, chœurs, ballets et techniciens de la Fondazione Arena di Verona
Direction musicale
Speranza Scappucci

Vérone, Arènes, 102e Arena di Verona Opera Festival, vendredi 11 juillet 2025, 21h15

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