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Un jour, une création : 31 décembre 1721, le roi danse (aussi)

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31 décembre 2021
Un jour, une création : 31 décembre 1721, le roi danse (aussi)

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À presque 50 ans et alors qu’il occupe régulièrement des fonctions officielles à la Cour ou à l’Académie royale de musique entre deux succès et autant d’échecs, André Cardinal Destouches est chargé de composer un nouvel opéra-ballet un peu particulier à plus d’un titre.

D’abord, il lui faut le réaliser avec son maître, Michel-Richard Delalande, surintendant de la musique de la Chambre du roi, charge partagée avec Destouches, mais pour laquelle son aîné garde une certaine préséance. Destouches racontera cette collaboration dans une lettre au prince Antoine Ier de Monaco, cinq ans après la création : « On nous ordonna de travailler ensemble. Il y a fait de très belles choses du détail desquelles je vous supplie  de me dispenser, parce qu’il a exigé de moi que nous fussions couverts du même manteau. » Delalande composera de fait l’ouverture et l’essentiel du Prologue, du moins pour ce qu’on en sait.

Ensuite, c’est un nouvel opéra-ballet et il se trouve que certaines des parties doivent être dansées par le roi lui-même. Mais en 1721, ce n’est bien sûr plus le lumineux danseur fils du soleil, qui ne dansait plus depuis fort longtemps à sa mort 6 ans plus tôt. Il s’agit cette fois de son arrière petit-fils, l’encore très jeune Louis XV, 11 ans. 

Pour le livret, on ne cherche pas midi à quatorze heures. Pierre-Charles Roy, son auteur, qui avait déjà travaillé avec Destouches, élabore autour des quatre éléments, qui forment autant d’entrées et donnent le titre de l’opéra-ballet : après le chaos du Prologue, le Destin demande aux Dieux de remettre un peu d’ordre dans le bazar. Devinez un peu qui symbolisera le retour à l’ordre naturel des choses : l’arrière-petit-fils du Soleil devenu soleil lui-même, bien sûr. 

Comme dans tout bon programme de salle, les auteurs expliquent l’ordre des choses :

« L’air offre l’événement tragique d’Ixion et son amour pour Junon qui préside à cet élément,
L’eau est caractérisée par le naufrage d’Arion, par sa réception chez Neptune […] et par son mariage avec une syrène (sic),
Le feu élémentaire ne pouvait être que celui des vestales qui s’allumait aux rayons du soleil (car Vulcain ne désignerait que le feu terrestre). Le trait d’histoire qu’on a adopté est célèbre, le péril d’Émilie intéressant et l’action est dénouée par un prodige assorti à la superstition des Romains,
La terre rassemble tous les Dieux qui l’habitent ou qui la cultivent et l’aventure de Vertumne et de Pomone qui n’avait point encor été mise au théâtre, telle qu’Ovide nous l’a laissée.
[…] à l’exemple de Virgile, on a cru pouvoir annoncer dès le commencement du monde, les destinées d’un Prince qui en doit faire le bonheur ».

Dans cette première version de l’opéra-ballet, un épilogue était également présenté, qui permettait au roi de revenir faire un tour façon triomphe solaire, entouré par de jeunes courtisans et quelques grands symbolisant les continents. Puisqu’il n’y avait plus le roi ensuite, on retirera l’épilogue.

Le tout est donc représenté voici tout juste 300 ans dans la galerie du palais des Tuileries, aménagée en petit théâtre. C’est le maître de musique de l’Académie royale, Jean-Féry Rebel, qui dirige et qui s’en souviendra assez pour produire, 15 ans plus tard, un ballet intitulé lui aussi Les Eléments. La chorégraphie est, elle, logiquement confiée au maître de danse du roi, Claude Ballon et les costumes sont élaborés par Claude Gillot, dont ce serait le dernier grand œuvre avant sa mort.

Mais voilà, le roi a beau danser, il s’ennuie ferme, ce qui condamne la partition à ne pas durer très longtemps au-delà du début de l’année suivante. Elle ne disparait pas pour autant, car elle acquerra une grande renommée pour des décennies. De nombreuses reprises – sans les parties réservées au roi comme on l’a vu, auront néanmoins lieu avec plusieurs modifications les années suivantes, jusqu’à la fin du règne de Louis XV. On verra même la marquise de Pompadour incarner Emilie, puis Pomone en 1749, peu avant la disparition de Destouches.

Voici quelques années, l’ensemble Les Surprises enregistrait la partition avec ici l’air « Ô nuit, déploie ici tes voiles », tiré de la quatrième entrée, la Terre. 

 

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