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Un jour, une création : 4 mars 1913, la noble broderie de Fauré…

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4 mars 2023

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À rebours de ses contemporains Saint-Saëns ou surtout Massenet, Gabriel Fauré n’a guère côtoyé l’opéra. Il attend ses 55 ans pour réaliser son premier essai en la matière avec Prométhée, tragédie lyrique qui ressemble davantage à une cantate, créée en grandes pompes (800 exécutants tout de même) aux Arènes de Béziers en 1900 et aussitôt oubliée.

Quelques années plus tard, début 1907, Fauré a la surprise de recevoir une commande d’une cantatrice qui est alors au faîte de sa gloire : Lucienne Bréval, née Brennwald à Berlin de parents suisses allemands, et naturalisée française.

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Lucienne Bréval en 1902

Bréval est la grande chanteuse wagnérienne du moment en France. Elle y a interprété Brünnhilde, Vénus, Eva… en attendant de devenir une Kundry qui fera date un peu plus tard. Elle est aussi très prisée du dernier Massenet, dont elle créera les rôles de Griselidis, d’Ariane ou… d’Ariane dans le Bacchus du compositeur stéphanois.

En 1907, elle se tourne donc vers celui qui est devenu, depuis peu, directeur du Conservatoire de Paris et lui demande d’écrire un nouvel opéra pour elle en quelque sorte, en le mettant en contact avec le dramaturge (et acteur) René Fauchois, à peine 24 ans. Le sujet choisi est tiré de l’Odyssée et, puisqu’il s’agit d’une commande de Mme Bréval pour elle-même, il s’appellera Pénélope et non pas Ulysse. D’ailleurs, ça change un peu ! L’œuvre est donc centrée sur elle, qui refuse obstinément tout nouveau prétendant jusqu’au retour d’Ulysse auquel elle croit et qui finit par survenir, comme on sait !

Fidèle à ses deux premières productions théâtrales, René Fauchois concocte un grand drame en cinq actes, qu’on ramène bientôt à trois, en sacrifiant au passage Télémaque. Fauré se met au travail dès le printemps 1907, mais il avance à la vitesse d’un escargot qu’on aurait dopé au valium. C’est que, directeur du Conservatoire – qu’il dirige d’une main de fer et sans beaucoup déléguer – il n’a pas beaucoup de temps pour ces fantaisies lyriques. Il ne compose donc que durant l’été et la partition n’est achevée qu’en 1912, le laissant, comme il l’écrit à sa femme Marie, « aplati de fatigue ». D’ailleurs, il a confié une grande partie de l’orchestration au jeune compositeur Fernand Pécoud. Et il s’épuise à essayer d’expliquer à son librettiste, un peu démonstratif, qu’il veut un texte plus simple.


Fauré brodant sa partition © Palazzetto Bru Zane / fonds Leduc

C’est d’abord l’opéra de Monte-Carlo qui doit monter l’œuvre en premier. Mais son directeur, Raoul Gunsbourg, ne prévoit pas de grand triomphe délirant en voyant la partition, et réduit au minimum le nombre de représentations. D’ailleurs, la création, voici 110 ans aujourd’hui sous la direction de Léon Jéhin et avec Charles Rousselière en Ulysse et devinez qui pour Pénélope, n’est pas un franc succès.

Si bien qu’il faut attendre le 10 mai pour que le tout nouveau théâtre des Champs-Elysées accueille la production, toujours avec Lucienne Bréval, mais avec Lucien Muratore en Ulysse, et lui réserve un vrai triomphe, malheureusement stoppé net par la mauvaise santé financière du jeune théâtre.

Georges Rochegrosse - Poster for Gabriel Fauré's Pénélope (1913).jpg
Affiche de Roger Rochegrosse pour le théâtre des Champs-Elysées

Ce poème lyrique, qui porte finalement bien ce nom, n’a jamais réussi à s’imposer, mais recèle quelques bijoux aux influences contemporaines, de Massenet à Debussy. Voici un large extrait de l’acte deux, dans le seul enregistrement intégral de studio de l’œuvre (à ma connaissance), à la distribution idéale, sous la direction de Charles Dutoit. Vous pourrez trouver aussi, filmé dans des conditions assez peu idéales, des extraits de l’opéra, donné en version de concert au théâtre des Champs-Elysées avec Roberto Alagna et Anna Caterina Antonacci pour le centenaire de la création.

 

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