Il arrive souvent que l’actualité et l’opéra dialoguent de façon saisissante. Plusieurs commentaires relèvent les correspondances entre le nouveau pape Leon XIV et son lointain prédécesseur, Leon Ier. Selon la tradition, en 452, ce dernier aurait persuadé le roi des Huns de renoncer à envahir l’Italie. Immortalisé par Verdi dans Attila, le face-à-face légendaire entre les deux hommes incarne l’idée d’une autorité spirituelle capable de triompher de la violence par la seule force de la parole et de la foi.
En choisissant le nom de Léon, le cardinal Robert Francis Prevost inscrit d’emblée son pontificat dans l’héritage spirituel de son illustre aîné. Un lien symbolique renforcé par l’appel au désarmement et à la fraternité, lancé dès sa première allocution hier depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Chez Verdi, la confrontation avec Léon 1er est tout d’abord vécue en songe par Attila dans un des plus beaux airs de basse du répertoire, « Mentre gonfiarsi l’anima », avant de survenir une scène plus loin, à la fin du premier acte, sous la forme d’un vaste concertato – un rappel en musique, presque deux siècles avant l’avènement de Léon XIV, que la grandeur réside dans la retenue et la paix brandie comme un bouclier.