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Forgotten arias, Philippe Jaroussky

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CD
21 octobre 2023
Réviser ses (pré)classiques

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Andrea Bernasconi
L’Olimpiade
1 « Siam navi all’onde algenti » (Aminta)
Christoph Willibald Gluck
Il re pastore
2 « Sol può dir come si trova » (Agenore)
Niccolò Piccinni
Catone in Utica
3 « Che giurai? Che promisi? »
4 « Che legge spietata » (Arbace)
Giovanni Battista Ferrandini
No 11 in 24 Arias (D-Dl Mus.3037-I-6), texte d’après Siroe
5 « Gelido in ogni vena »
Tommaso Traetta
L’Olimpiade
6 « Dove son? Che m’avenne? »
7 « Gemo in un punto, e fremo » (Licida)
Michelangelo Valentini
La clemenza di Tito
8 « Se mai senti spirarti sul volto » (Sesto)
Johann Adolph Hasse
Demofoonte
Sinfonia
9 I. Allegro
10 II. Andantino
11 III. Presto
12 « Ma che vi fece, o stelle »
13 « Sperai vicino il lido » (Timante)
14 « Misero pargoletto » (Timante)
Johann Christian Bach
Artaserse
15 « Per quel paterno amplesso » (Arbace)
Niccolò Jommelli
Artaserse
16 « Fra cento affanni » (Arbace)

Philippe Jaroussky, contre-ténor
Le Concert de la Loge
Julien Chauvin, direction musicale

1 CD Erato 2023
Enregistré les 29-30 novembre et 2, 5 et 6 décembre 2022 à Notre-Dame-du-Liban, Paris

La curiosité de Philippe Jaroussky ne se dément pas depuis maintenant près de 25 ans. Il fut de ceux qui, dans le sillage d’une Bartoli, sortirent des sentiers battus pour explorer 200 ans de création baroque et classique. La rareté est ici le principal argument, puisque la star des faussets nous invite à découvrir dix airs totalement inédits au disque, signés de compositeurs peu fréquentés – sans parler d’un Giovanni Valentini dont nous ne connaissions pas même le nom.

Moins explicitement, c’est aussi à un voyage à travers l’Europe musicale du troisième quart du XVIIIe siècle que nous sommes conviés. Entre Demofoonte de Hasse à Dresde en 1748 et Catone in Utica de Piccinni à Mannheim en 1770, voici une moisson d’airs glanés à Vienne (Gluck), Stuttgart (Jommelli), Saint-Pétersbourg (Traetta), Munich (Bernasconi), Turin (Bach fils) et Bologne (Valentini). On a pu reprocher à cette période, aujourd’hui peu jouée, de ressasser ad nauseam la même soupe seria d’un Metastasio dont l’hégémonie débute dès les années 1730. De fait, tous les airs du programme sont de la plume du grand librettiste, poèmes célèbres à raison, dont Vivaldi ou Mozart ont fait des chefs-d’œuvre. Même les artisans de la réforme qui frémit dès les années 1750, Traetta, Jommelli et Gluck, prêtent allégeance au poète césaréen qui, depuis la cour impériale de Vienne, étend encore son influence sur toute l’Europe.

L’intérêt de ce répertoire est donc dans l’art des musiciens d’imprimer leur patte sur les « scènes à faire » de drames que le public connaissait par cœur. Tout en respectant l’orthodoxie de l’air à grand da capo, ils innovent en renouvelant le rôle de l’orchestre. Maître reconnu en la matière, Jommelli étire une belle ritournelle et fait cavaler les doubles croches en vagues ascendantes et descendantes dans l’air de bravoure d’Artaserse. S’attaquant lui aux adieux du héros, Johann Christian Bach confirme son sens de l’instrumentation en ponctuant une ligne vocale simple et touchante de subtiles touches de bois, cuivres et cordes, flattant la sensibilité du castrat Guadagni. Il privilégie le haut de la tessiture de l’alto, ce qui correspond au meilleur de la voix de Jaroussky.

Cependant, le falsettiste ose désormais poitriner plus franchement ses graves. Johann Adolf Hasse, jumeau artistique de Metastasio, lui permet d’en faire la démonstration dans deux remarquables airs écrits pour Carestini. Pour ce castrat vieillissant à la voix abaissée, le pathétique « Misero pargoletto » tout comme le vif « Sperai vicino il lido » ne jouent pas sur de folles coloratures, mais sur l’autorité et la noblesse d’une voix balayant deux octaves, du sol grave au sol aigu. Dans l’agile « Siam navi all’onde algenti » qui ouvre le disque, de franches incursions sous la portée annoncent la couleur : la rupture de registre est nette et la matière amoindrie, mais on saura gré au chanteur d’élargir ses moyens expressifs et de faire sonner les pages pour contralto.

Pourtant, ses meilleures cordes restent dans les teintes garçonnes du médium et haut médium, avec des ressources préservées dans un aigu à la saveur surette. A 45 ans, Philippe Jaroussky est certes inégal, avec de ponctuelles baisses de régime et des fêlures dans le timbre. Même si le chant demeure mordant et musical, les pages agitées comme le délire de Licida dans L’Olimpiade de Traetta (1769), tout en déclamation et tiraillements, appellent davantage d’ampleur. En revanche, Jaroussky fait son miel du « Gelido in ogni vena » de Ferrandini, maître de chapelle en Bavière. Une superbe cantate mariale, longtemps attribuée à Haendel, témoigne de la force émotionnelle dont est capable le compositeur. Traversée de modulations aigres-douces et de fulgurances superbes, la glaçante prémonition de Clistene est une des belles découvertes du disque.

Avec les adieux de Sesto à Vitellia,  Michelangelo Valentini offre un véhicule adapté à Jaroussky en déployant de longues vocalises tendres extrêmement séduisantes, à défaut d’émouvoir. On sait peu de choses sur ce compositeur, frère de la légendaire Regina Mingotti. Peu prolifique, il laissa notamment cette Clemenza di Tito, reprise quatre fois après la création bolonaise de 1753.

Un Gluck à la sensibilité dépouillée et un Piccinni à la pointe sèche témoignent de la diversité expressive de l’époque. Ces documents n’ajoutent ni à la gloire de ces compositeurs fameux, ni à celle du contre-ténor.

S’ils laissent la vedette au chanteur, favorisé par le prise de son, Julien Chauvin et Le Concert de la Loge convainquent dans ce répertoire, qu’ils fréquentent moins que le classicisme français. Avec Le Cercle de l’harmonie, Chauvin était néanmoins déjà complice de Jaroussky en 2009 pour La Dolce fiamma, hommage à Johann Christian Bach. L’ouverture de Demofoonte de Hasse est bien enlevée ; le style et le sens de la narration sont au rendez-vous (« Sperai vicino il lido ») avec une belle respiration (Valentini, Ferrandini) et de l’animation, bref tout ce qu’il faut pour contribuer à faire aimer ce florilège.

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L’Olimpiade
1 « Siam navi all’onde algenti » (Aminta)
Christoph Willibald Gluck
Il re pastore
2 « Sol può dir come si trova » (Agenore)
Niccolò Piccinni
Catone in Utica
3 « Che giurai? Che promisi? »
4 « Che legge spietata » (Arbace)
Giovanni Battista Ferrandini
No 11 in 24 Arias (D-Dl Mus.3037-I-6), texte d’après Siroe
5 « Gelido in ogni vena »
Tommaso Traetta
L’Olimpiade
6 « Dove son? Che m’avenne? »
7 « Gemo in un punto, e fremo » (Licida)
Michelangelo Valentini
La clemenza di Tito
8 « Se mai senti spirarti sul volto » (Sesto)
Johann Adolph Hasse
Demofoonte
Sinfonia
9 I. Allegro
10 II. Andantino
11 III. Presto
12 « Ma che vi fece, o stelle »
13 « Sperai vicino il lido » (Timante)
14 « Misero pargoletto » (Timante)
Johann Christian Bach
Artaserse
15 « Per quel paterno amplesso » (Arbace)
Niccolò Jommelli
Artaserse
16 « Fra cento affanni » (Arbace)

Philippe Jaroussky, contre-ténor
Le Concert de la Loge
Julien Chauvin, direction musicale

1 CD Erato 2023
Enregistré les 29-30 novembre et 2, 5 et 6 décembre 2022 à Notre-Dame-du-Liban, Paris

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