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Richard Wagner, Le Carnet brun – Journal intime (1865-1882)

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Livre
27 avril 2023
Wagner intime

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Richard Wagner

Le Carnet brun

Journal intime (1865-1882)

 

374 pages

Prix indicatif  : 23,5 €

Editeur : Gallimard

ISBN-13 978-2072943331

Date de parution : 2 mars 2023

Gallimard propose un ouvrage qui passionnera les « wagnerolâtres » et intéressera les « wagnérophiles » . Il s’agit du journal intime de Richard Wagner, qui court de 1865 à 1882, publié avec le soutien du « Musée virtuel Richard Wagner » et offert enfin à la traduction française.
On ne sait pas toujours que Wagner a bien plus écrit qu’il n’a composé (théâtre, philosophie, nouvelles, poésies, pamphlets, récits autobiographiques). Il s’agissait pour lui à travers toutes ses productions, dont ses ouvrages lyriques bien entendu, de changer le monde grâce à l’art.

Wagner a rédigé une série de textes autobiographiques à l’intention de ses proches : Le Portefeuille rouge, l’Esquisse autobiographiqueLe Journal de Venise et donc ce Carnet brun, en plus de Ma Vie qui furent ses mémoires dictés à Cosima mais qui seront clôturés dès 1864, alors que la dernière entrée du Carnet brun, qui s’intitule « Du masculin et du féminin dans la culture et l’art » date d’avril 1882 – Wagner meurt à Venise en février 1883.

Il faudra attendre tard dans le XXe siècle pour que le public allemand puisse prendre connaissance du Carnet brun puisque celui-ci ne devait être lu à l’origine que par Cosima ; il n’a donc pas été inclus dans les Œuvres complètes publiées entre 1871 et 1883 sous la responsabilité du compositeur lui-même. Le Carnet brun ne paraît qu’en 1975, en allemand uniquement ; il n’est traduit que pour cette édition, presque 50 ans plus tard.

Le Carnet brun offre une plongée dans plusieurs genres littéraires auxquels Wagner s’adonnait : poèmes (notamment ceux destinés à Louis II que Wagner appelle souvent Parzival), pamphlets, préfaces et surtout une esquisse très détaillée du scénario de Parsifal (où l’on apprend qu’à l’origine Parsifal devait croiser… Tristan).

On y trouve aussi bon nombre de textes où Wagner réaffirme son obsession de révolutionner l’opéra pour en faire le véhicule d’un monde nouveau. Seule l’œuvre d’art de l’avenir, libérée des spéculations et profits d’une société pervertie par l’argent, pourra émanciper l’humanité en unifiant les arts sous la forme du Gesamtkunstwerk (œuvre d’art totale). L’appartenance de Wagner à la nation allemande, à la « germanité » est également omniprésente : « Je suis l’homme le plus allemand, je suis l’esprit allemand », écrit-il.

En août 1865, Cosima von Bülow, qui entretient depuis deux ans une liaison avec Wagner, doit suivre son père Franz Liszt, accompagné de son mari Hans von Bülow en Hongrie. C’est à cette occasion qu’elle offre à Richard un épais cahier relié en cuir brun, muni d’une serrure, dans lequel il pourra consigner ses pensées durant leur séparation (ce Carnet brun de 241 pages est aujourd’hui conservé aux archives du Musée Richard-Wagner à Bayreuth). A la mort de Wagner, Cosima confie ce cahier à sa fille Eva en 1908 qui le remettra au Musée en 1931, soit un an après la mort de Cosima. Eva a malheureusement décidé d’arracher sept feuillets du manuscrit dont le contenu nous restera donc à jamais inconnu ; elle a aussi collé des feuillets sur cinq autres pages pour les rendre illisibles, certains passages ayant pu porter préjudice à Wagner, notamment ceux concernant ses liens avec Franz Liszt.

A coup sûr les textes du Carnet brun revêtent le sceau de l’authenticité ; les trois premières années, il s’agit d’une sorte de journal intime et c’est une façon aussi pour Richard d’y coucher sur le papier les sentiments passionnés qu’il éprouve pour Cosima, puis il devient, après le divorce de Cosima et Hans et l’installation du couple Wagner à Tribschen en 1868 une sorte de carnet de bord sur près de vingt ans. Ainsi le suit-on à Vienne (qu’il déteste), Hohenschwangau (qu’il appelle Monsalvat !), Genève, quand Louis II lui demande de quitter Munich, le sud de la France et puis l’Italie bien sûr, la Sicile pour terminer.

Le Carnet brun recèle des passages qui rendent le personnage attachant : il y a l’omniprésence de personnages comme Siegfried et Tristan. Ainsi, la longue attente d’Isolde par Tristan au 3ème acte est étonnamment semblable à celle de Cosima par Richard, avant qu’elle revienne de Pest, où elle séjournait avec son père et son mari. De même qu’est omniprésent le fantôme du pauvre Ludwig Schnorr, créateur du rôle de Tristan et qui mourut à Dresde quelques semaines après la première de Tristan, alors qu’il était en pleine répétition de Don Giovanni. Wagner consacre de longues pages au récit de ses rencontres avec le Heldentenor, aux répétitions et représentions de Tannhäuser, Lohengrin et bien sûr de Tristan und Isolde dont l’interprétation du troisième acte que Schnorr en donne « défie toute comparaison ». Ce qui pousse Wagner à déclarer à l’issue de l’ultime représentation de la série : « C’est la dernière représentation de la série, je n’en ajouterai pas d’autres ». Wagner décrit aussi avec émotion l’annonce de la mort de Schnorr, son empressement à se rendre à ses funérailles, son arrivée trop tardive et cet échange avec le cocher qu’il pressait.  « Près de vingt mille chanteurs étaient présents aux funérailles, dira le cocher. Oui, répondit Wagner, mais Le chanteur, lui, n’est plus là ! »

Mentionnons également les Annales qui rendent compte, sans aucun effort de rédaction cette fois, de divers événements, artistiques et politiques dans la vie de Richard Wagner. Wagner signe également dans le Carnet Brun l’« ordre pour l’édition complète de mes écrits en 10 volumes ». Y figurent une sélection de ses écrits et, bien sûr, de ses œuvres musicales. Il est notable que Das Lieberverbot, Die Feen ou encore Rienzi, n’y figurent pas.

Enfin le livre se conclut par des notices biographiques très complètes, concernant les personnages principaux cités par Richard Wagner.

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Richard Wagner

Le Carnet brun

Journal intime (1865-1882)

 

374 pages

Prix indicatif  : 23,5 €

Editeur : Gallimard

ISBN-13 978-2072943331

Date de parution : 2 mars 2023

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