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Cinq questions à Valentina Nafornita

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Interview
2 novembre 2017
Cinq questions à Valentina Nafornita

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Valencienne dans La Veuve joyeuse en début de saison sur la scène de l’Opéra national de Paris, Valentina Nafornita s’apprête à chanter Servilia dans La Clemenza di Tito, toujours sur notre première scène nationale mais à Garnier cette fois.


Vous avez chanté dans La Veuve Joyeuse à l’Opéra Bastille et vous enchainez avec le rôle de Servilia dans La Clemenza di Tito à l’Opéra Garnier. Comment envisagez-vous cette transition ?

Bastille est une salle énorme. Garnier également mais dans des proportions moindres que Bastille et il s’agit d’un théâtre à l’italienne. Je vais m’y sentir plus à l’aise parce que je suis plus habituée à ce genre de salle. Lorsque j’ai vu l’opéra Bastille pour la première fois ça m’a un peu impressionnée mais dès que j’ai commencé les répétitions, je me suis sentie à l’aise, ce que m’a confirmé le chef. Il ne faut pas chercher à modifier la projection de la voix. Si la voix est là, il faut conserver sa technique. C’est la tâche du chef d’orchestre que de veiller à créer un équilibre entre les voix et les instruments. J’étais très contente de chanter dans La Veuve Joyeuse. C’est une œuvre intéressante, gaie, qui plaît au public. L’opérette était quelque chose de nouveau pour moi. J’ai eu besoin d’un entrainement spécial pour les dialogues, la langue etc. J’aime cette diversité de rôles, de compositeurs, d’esthétiques musicales ainsi que d’essayer de nouvelles choses, de relever des défis ! Les costumes et les décors étaient magnifiques et c’est incroyable de partager la scène avec des artistes tels que Thomas Hampson, Véronique Gens ou Stephen Costello avec qui j’avais déjà chanté à Vienne. Mais il arrive un moment où on veut changer de personnage. J’ai hâte de me glisser dans la peau de Servilia, dans une œuvre plus sérieuse, qui plus est d’un de mes compositeurs préférés.

En restant ainsi longtemps à Paris, vous devez vous sentir un peu chez vous…

Concernant la langue j’apprends encore… Cependant, rester une longue période dans un pays facilite l’apprentissage. Je me plais beaucoup ici à Paris. C’est la quatrième fois que j’y viens mais c’est actuellement la plus longue période. Je suis venue par exemple pour interpréter Sophie dans Werther au TCE, mais c’était trop court : une semaine à peine. En ce moment je loge dans un quartier très calme et c’est important car Paris est une ville très vivante et assez bruyante, bien plus que Vienne. Je peux répéter et travailler ma voix, personne ne s’en est plaint jusqu’à présent.

Rusalka, Sophie, Adina, Valencienne : Comment apprenez-vous ces différentes langues pour interpréter ces rôles ?

« Talent, mein liebe Graf, Talent ! » (NDLR : réplique de Valencienne dans La Veuve joyeuse). Non, plus sérieusement, ça passe par le travail de la langue orale avec des professeurs qui enseignent leur langue maternelle. En français par exemple, j’avais de très bonnes notes à l’école, mais quand on chante c’est différent, il y a toute la notion des accents, de l’ouverture des voyelles « i », « é », « è » … Je n’ai pas de problème avec le russe parce qu’en Moldavie on parle roumain mais aussi russe. Le roumain est une langue latine, au même titre que l’italien ou le français. Il m’est alors plus facile de se familiariser avec ces langues. Par exemple ici, le régisseur me parle tout le temps en français et je comprends tout ce qu’il me dit. Avoir une bonne oreille permet également de relever les subtilités d’une langue et de favoriser son assimilation.

Quel(s) rôle(s) rêveriez-vous de chanter ?

Les gens me disent que les rôles que j’interprète fréquemment comme Norina, Susanna ou Adina me correspondent très bien. Il est vrai que ma voix de soprano lyrique léger et mon apparence physique s’y prêtent mais je pense avoir plus de profondeur, de nostalgie, de mélancolie que ces personnages.  J’aimerais interpréter des rôles dans lesquels je pourrais exprimer ces aspects de ma personnalité comme Mimi ou Violetta. Je pense que Traviata c’est le rêve de toute soprano mais en fait, je n’ai pas vraiment de rôle rêvé. J’aime ce que je fais, chaque chose en son temps ! Ce que je veux, c’est avoir une carrière saine et ne pas brûler les étapes. J’ai gagné en maturité grâce aux bonnes comme aux moins bonnes expériences mais je suis très heureuse de ce qui arrive et de ce qui va arriver : je vais revenir à Paris plusieurs fois, dans des rôles principaux.

A ce propos, quels sont vos futurs projets ?

En avril, je serai à Aix-en-Provence avec le Wiener Staatsoper dans les Nozze di Figaro, aux côtés de Carlos Alvarez. Je vais aussi faire mes débuts à Rome avec Musetta en juin, dans une nouvelle production. La saison prochaine je serai à Lausanne pour une prise de rôle dans Così fan tutte puis je serai de retour à Paris pour l’Elisir d’Amore et je reviendrai encore, en mai 2019, dans un rôle plus important que je n’ai jamais chanté. Je suis très excitée, mais ça reste un secret ! Un petit indice : c’est un rôle-titre.

Propos recueillis à Paris le 8 octobre 2017 et traduits de l’anglais

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