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THOMAS, Hamlet – Paris (OnP)

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Spectacle
12 mars 2023
Ludovic Tézier : l’apothéose

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en cinq actes d’Ambroise Thomas

Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après l’œuvre éponyme de Shakespeare

Création à l’Opéra de Paris (salle Le Pelletier) le 9 mars 1868

Détails

Mise en scène

Krzysztof Warlikowski

Décors et costumes

Malgorzata Szczęśniak

Dramaturgie

Christian Longchamp

Lumières

Felice Ross

Vidéo

Denis Guéguin

Chorégraphie

Claude Bardouil

 

Hamlet

Ludovic Tézier

Ophélie

Lisette Oropesa

Claudius

Jean Teitgen

Gertrude

Ève-Maud Hubeaux

Laërte

Julien Behr

Le Spectre

Clive Bayley

Marcellus

Julien Henric

Horatio

Frédéric Caton

Polonius

Philippe Rouillon

1er Fossoyeur

Alejandro Baliñas Vieites

Second fossoyeur

Maciej Kwaśnikowski

 

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

 

Chef des Chœur

Alessandro Di Stefano

Direction musicale

Pierre Dumoussaud

 

Paris, Opéra Bastille, le 11 mars 2023 à 19h30

Hamlet d’Ambroise Thomas n’avait plus été donné à l’Opéra national de Paris depuis les représentations de 1938 à Garnier. Le voici qui fait une entrée triomphale à l’Opéra Bastille. L’ensemble de la distribution a été longuement ovationné au rideau final à l’exception du metteur en scène et de son équipe qui ont dû essuyer une bordée de huées dès qu’ils sont apparus sur le plateau, réaction somme toute banale à l’Opéra dès que l’on assiste à une production qui bouscule un peu les traditions.

Pourtant le travail de Krzysztof Warlikowski n’a rien d’iconoclaste, en dépit du changement d’époque. Le déroulement de l’intrigue est parfaitement respecté, le caractère des personnages également. Les décors sont grandioses, d’immenses parois constituées de grilles en métal encadrent le plateau, enfermant les personnages dans ce qui pourrait être un hôpital psychiatrique si l’on en juge par la présence d’infirmiers en blouses blanches. L’idée n’est certes pas nouvelle, Lev Dodin l’avait déjà exploitée en 1999 pour sa Dame de pique, mais la manière dont Warlikowski l’utilise est tout à fait spectaculaire et conforme en fin de compte à l’esprit du grand opéra à la française. Sa production se révèle à la fois fascinante et déroutante. Déroutante, dès le lever du rideau où l’on voit Gertrude âgée, de dos dans un fauteuil roulant, regarder Les Dames du bois de boulogne de Bresson sur l’écran d’une vieille télévision tandis que des personnages en grand deuil pénètrent sur plateau. Déroutante parce que le spectre de Claudius apparaît vêtu en clown blanc tandis qu’au dernier acte Hamlet est en clown noir. Déroutante encore parce qu’Ophélie distribue des oranges et non des fleurs aux villageois ou parce qu’Hamlet, tel un enfant, joue avec une petite voiture téléguidée dans la scène qui l’oppose son oncle. Mais faut-il vraiment chercher une explication à toutes ces étrangetés ou doit-on simplement se laisser emporter dans un univers fantasmagorique peuplé de créatures bizarres comme ces danseurs barbus en tutus qui se mêlent à de vraies ballerines au cours du ballet ? Un univers hétéroclite et pour tout dire fascinant dans lequel on reconnaît la signature du metteur en scène polonais : le fauteuil roulant de Gertrude âgée, la baignoire dans laquelle Ophélie se noie, les projections vidéos comme dan Don Carlos.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Hamlet-1-Bernd-Uhlig-Onp.jpg.
© Elisa Haberer / Opéra national de Paris

Quoi que l’on pense du spectacle on ne peut qu’admirer l’extraordinaire précision de la direction d’acteur, en particulier concernant le rôle-titre dans lequel Ludovic Tézier ajoute à sa performance vocale une véritable performance de comédien, car c’est lui le grand triomphateur de la soirée. Parvenu à l’apogée de son art, le baryton français campe un Hamlet halluciné, tourmenté par les trahisons des êtres qui lui sont le plus proches et animé par un désir de vengeance sans cesse différé. On demeure ébloui par l’ampleur de ses moyens, le volume, la projection et la longueur d’une voix saine et bien conduite dont il sait varier les couleurs et la dynamique à des fins expressives. Aucun affect de son personnage ne lui échappe. Il convient de citer son duo avec Ophélie où il se montre tendre et langoureux, sa chanson bachique « O vin, dissipe ma tristesse » lancée avec une voix claironnante, son monologue « être ou ne pas être », tout en émotion contenue et sa grande scène ave Gertrude, d’une violence impressionnante et inattendue chez ce chanteur habituellement sur la réserve. Une grande performance qui fera date.

A ses côtés, Lisette Oropesa campe une Ophélie tout en délicatesse avec une voix plus large que celles que l’on entend habituellement dans ce rôle, ce qui lui permet de remplir sans problème le grand espace de la Bastille. Le medium est corsé, l’aigu solide et bien projeté, la colorature irréprochable et la diction parfaitement intelligible. Sa scène de la folie, complète avec les reprises, lui a valu une ovation largement méritée.

Vieillie au début de la soirée, Eve-Maud Hubeaux, apparaît ensuite dans une superbe tenue années vingt et propose une Gertrude timorée et perpétuellement inquiète. La mezzo-soprano suisse qui possède une voix sonore et un timbre cuivré n’hésite pas à poitriner ses graves à des fins expressives. Jean Teitgen campe un Claudius convaincant avec une voix profonde au grave assuré, Julien Behr possède un timbre agréable qui capte l’attention dans son air « Pour mon pays en serviteur fidèle ». Dommage que sa projection soit un peu limitée – un handicap pour Bastille. Citons pour finir les autres personnages secondaires, tous dotés d’une belle diction ce qui est confortable pour un auditeur français : Clive Bayley, spectre impressionnant, Frédéric Caton, Julien Henric et Philippe Rouillon, tous trois impeccables, respectivement en Horatio, Marcellus et Polonius, ainsi que les deux fossoyeurs désabusés d’Alejandro Baliñas Vieites et Maciej Kwaśnikowski.

A la baguette le jeune chef Pierre Dumoussaud constitue une belle découverte. Sa direction souple et dynamique parvient à conférer une certaine unité à des scènes parfois disparates. Durant la première partie qui regroupe les actes un à trois, il maintient la tension dramatique pendant plus de deux heures sans faiblir. Au final le public l’a chaleureusement applaudi. L’ouvrage est donné dans sa quasi totalité avec même deux numéros du ballet sur cinq.

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Opéra en cinq actes d’Ambroise Thomas

Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après l’œuvre éponyme de Shakespeare

Création à l’Opéra de Paris (salle Le Pelletier) le 9 mars 1868

Détails

Mise en scène

Krzysztof Warlikowski

Décors et costumes

Malgorzata Szczęśniak

Dramaturgie

Christian Longchamp

Lumières

Felice Ross

Vidéo

Denis Guéguin

Chorégraphie

Claude Bardouil

 

Hamlet

Ludovic Tézier

Ophélie

Lisette Oropesa

Claudius

Jean Teitgen

Gertrude

Ève-Maud Hubeaux

Laërte

Julien Behr

Le Spectre

Clive Bayley

Marcellus

Julien Henric

Horatio

Frédéric Caton

Polonius

Philippe Rouillon

1er Fossoyeur

Alejandro Baliñas Vieites

Second fossoyeur

Maciej Kwaśnikowski

 

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

 

Chef des Chœur

Alessandro Di Stefano

Direction musicale

Pierre Dumoussaud

 

Paris, Opéra Bastille, le 11 mars 2023 à 19h30

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