Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Décembre
2004

 

31/12/04

Besançon fait son opéra...

Innovant, l'Opéra Théâtre de Besançon veut constituer dans les années à venir un véritable pôle régional de production musicale. Premier jalon de ce projet ambitieux, une jeune troupe d'opéra est mise en résidence de manière effective dès 2006. Cinq chanteurs la préfigurent : Kathounia Gadenia, Karen Vourch' (sopranos), Boris Grappe (baryton), Vladimir Stojanovic (basse) et Marc Mauillon (baryton martin). Ce dernier, déjà à pied d'oeuvre, propose d'ailleurs le 6 janvier un concert dont le nom ne manquera pas de séduire les mélomanes chébrans : "Divers voyages". La présence de ces jeunes artistes devrait à terme favoriser les actions de sensibilisation en direction de tous les publics, à commencer par les enfants. Dans le même objectif, Benjamin Britten et son "Let's make an opera" ont été convoqués depuis la rentrée 2004 pour servir d'exemple à l'élaboration d'une oeuvre nouvelle, représentée en mai 2006. D'ici là, le lyricomane impatient se rassérénera en allant applaudir les 28 et 30 janvier prochains Le balcon de Peter Eötvös, mis en scène par Jean-Marc Forêt et dirigé par Stéphane Petitjean. N'en déplaise à Victor Hugo, il ne naîtra désormais plus dans la vieille ville espagnole des enfants sans couleur, sans regard et sans voix. [CR]

Giuseppe di Stefano rapatrié...

On apprend que Giuseppe di Stefano, toujours dans le coma, a été transporté de Monbasa à Milan. Agressé par des cambrioleurs dans sa villa de Diani au Kenya le 30 novembre dernier (lire la brève ci-dessous), le ténor a été gravement blessé à la tête. Son état de santé s'est brusquement aggravé et sa famille a décidé de le faire rapatrier en Italie où il est arrivé le 23 décembre dernier. Il a été immédiatement été admis dans le service de neurologie de l'hôpital San Raffaele. [CR]

Egypte et opéra au Musée de Roanne...

Aïda bien sûr mais aussi Thaïs, Giulio Cesare ou Joseph de Méhul jusqu'à l'Akhanaten de Philip Glass. Ce n'est plus la peine d'en rajouter, la preuve est faite : l'Egypte et l'opéra font bon ménage. Fort de ce postulat, le Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Rouanne propose jusqu'au 6 février prochain une exposition sur le sujet. Objets, affiches, costumes témoignent de la fascination qu'exerça le pays d'Isis sur les compositeurs et leurs librettistes. Tous comptes faits, ce sont plus de deux cent opéras, oratorios, cantates et ballets qui virent le jour sur ce thème, dont la moitié exclusivement consacrée à Cléopâtre. Comme quoi, si son nez eût été plus court, il n'y a pas que la face de la terre qui aurait changé mais aussi ses oreilles. [CR]

Péril en la demeure de Joan Sutherland...

Cinquante années après que Joan Sutherland eut quitté l'Australie pour partir à la conquête de la planète lyrique, la maison qui abrita son enfance commence à se ressentir de son absence. La peinture de la façade victorienne s'écaille, la véranda s'est effondrée et le jardin est envahi par les mauvaises herbes. Robin Brampton de la West Woollahra Association a lancé un appel pour que la demeure chaste et pure soit acquise par l'Etat et transformée en un musée dédié à l'opéra australien. Le coût de la restauration est estimé à environ 780 000 $ (573 000 euros). Mais le propriétaire, installé depuis 1959, n'a absolument pas l'intention de la vendre. Les pouvoirs publics, bien que désireux de donner à la bâtisse un aspect digne de son ancienne maîtresse, ne peuvent intervenir tant que la sûreté des habitants n'est pas en danger. La Stupenda, qui ne mâche désormais plus ses mots (lire la brève du 12 décembre dernier), n'a pas encore donné son avis sur la question. [CR]

Juan Diego Florez et les trois ténors...

C'est devenu une manie, tout jeune ténor prometteur est immédiatement jaugé à l'échelle de Luciano Pavarotti. Mais ce qui peut flatter ce dernier ne manque parfois pas d'irriter ses jeunes successeurs. Ainsi, Juan Diego Florez a longtemps eu la bile échauffée par la comparaison et, plutôt qu'être le second Pavarotti, voulait être considéré comme le premier Florez. Mais il a depuis changé son fusil d'épaule et déclare à présent :Je ne suis plus en colère parce que j'admire Pavarotti comme la plus grande voix du siècle passé et aussi parce que, cette année, quand on lui a demandé qui allait être le prochain divo, il a répondu Juan Diego Florez. J'en ai été bouleversé. Puis il m'a demandé de chanter avec lui au Waldorf Astoria à l'occasion de son anniversaire. J'étais le seul autre chanteur invité. Je me suis senti très honoré car il est mon idole. Il sait que mon répertoire est différent du sien. Je ne vais pas me mettre à chanter Bohème et Tosca. Cela veut simplement dire que quelqu'un avec une belle voix peut faire une belle carrière sans être son clone". Placido Domingo, quant à lui, estime que le jeune péruvien à un bon legato et d'extraordinaires notes aiguës mais il le prévient de prendre garde à ne pas trop en faire car il pourrait abîmer sa voix. Juan Diego prend bonne note de cet avis paternel. Mais il ajoute insidieusement :La différence entre Domingo et moi est qu'il trouve fatigant de pousser un contre ut. Pas moi ! C'est quand je chante un opéra avec une tessiture basse que je suis fatigué". Et qu'en pense José Carreras ? [CR]


21/12/04

Renata Tebaldi : le dernier saut de l'ange

La triste nouvelle est déjà connue de tous. Nous avions d'ailleurs le mois dernier publié une brève sur sa maladie afin de nous préparer à l'inéluctable. Renata Tebaldi nous a quitté dimanche dernier à l'âge de 82 ans. De l'après-guerre au milieu des années 70, elle illumina de sa voix radieuse la planète lyrique. Aujourd'hui encore, son rayonnement est tel qu'il paraît inutile de rappeler ses triomphes, ses principaux enregistrements, les rôles qu'elle transfigura, les polémiques qu'elle déclencha... Ils sont connus de tous. On trouvera plus éloquente l'anecdote racontée par Christian Merlin dans Le Figaro. A l'occasion d'une Force du destin à Florence en 1953, à la fin d'un de ses airs, alors que la salle ensorcelée reprenait ses esprits avant de laisser éclater son enthousiasme, un spectateur court-circuita tout le monde en s'écriant "un angelo !". La légende était en marche. [CR]

Incendie à l'Opéra de Paris

Il y a de curieuses coïncidences. A l'heure où le fantôme de l'Opéra envahit ou s'apprête à envahir les écrans de nos villes, un incendie d'origine indéterminée a perturbé mercredi dernier la représentation de La Belle au Bois Dormant à l'Opéra Bastille. Le feu, qui a débuté au deuxième sous-sol, au dessous de la salle Liebermann, juste avant le troisième acte de la représentation, a été éteint sans dégât majeur. Les 3000 personnes, public et employés, ont été évacués dans le calme mais le spectacle n'a pas pu reprendre en raison de fumées non évacuées dans certaines zones du théâtre. Aucun remboursement n'est prévu car la représentation a été interrompue au-delà de la moitié de sa durée. La direction de l'Opéra propose néanmoins des places à tarif réduit pour Sylvia à l'Opéra Bastille et Cendrillon au Palais Garnier sur présentation de son billet. Une enquête a été ouverte pour déterminer l'origine de l'incendie. En attendant, le fantôme court toujours. [CR]
 

Dawn Upshaw, maître de musique

Les master classes sont monnaie courante dans le monde de l'opéra. Les chanteurs n'attendent d'ailleurs maintenant plus le terme de leur carrière pour dispenser leurs conseils et partager leurs expériences. Mais Dawn Upshaw va plus loin encore. Elle s'apprête carrément à diriger un cours d'art vocal dramatique au sein du Bard College Conservatory of Music dans l'état de New York. "My first experiences with new music were as an undergraduate student, and I think it is vitally important that singers and performers have the chance to create works together." a-t-elle déclaré, émue de l'honneur qui lui est ainsi fait. Il ne s'agit pas d'un coup d'essai pour la soprano américaine. Elle a déjà enseigné à l'institut de musique de Tanglewood. José Van Dam n'a qu'à bien se tenir ! [CR]

Philip Gosset, riche et célèbre...

L'opéra coûte cher mais peut rapporter gros. La Fondation Andrew W. Mellon vient de décerner un prix de 1 500 000 $ (1 115 000 €) au musicologue Philip Gosset pour son travail sur l'opéra italien du XIXe siècle. Ses recherches au sein de l'université de Chicago ont permis de réhabiliter, entre autres, Giuseppe Verdi et Gioacchino Rossini, jugés auparavant par les universitaires comme indignes d'être étudiés. Il a d'ailleurs réalisé une nouvelle édition critique de la plupart de leurs oeuvres et à ce titre, figure comme l'un des principaux artisans de "la Rossini Renaissance". Par exemple, sans lui, le Barbier de Seville proposé en 1974 par Claudio Abbado pour la Scala de Milan n'aurait jamais vu le jour. Cette leçon vaut bien un million, sans doute. [CR]



19/12/04

Disparition de Giuseppe Campora...

Le monde lyrique est encore en deuil. Le ténor italien Giuseppe Campora vient de mourir à l'age de 81 ans. Il débuta en 1949 à Bari mais sa carrière prit réellement son envol deux après lorsque Toscanini l'invita à chanter Adriana Lecouvreur au côté de Renata Tebaldi. Dans la foulée, il prêta sa voix au Radames de Luciano Della Marra pour la transposition cinématographique de Aïda avec Sofia Loren. Puis, à partir de 1954, suite à son premier Rodolfo de La Bohème sur la scène du Met, il devint l'un des ténors favoris de Rudolf Bing. Mais l'amateur d'opéra aujourd'hui se souvient surtout de lui parce qu'il chanta Edgardo auprès de Maria Callas lorsqu'elle interpréta Lucia di Lamermoor pour la première fois à New York. Au disque, il retrouva Renata Tebaldi dans les Tosca et Madama Butterfly que Albert Erede signa chez Pearl et dans La traviata chez Hardy Classic. Il donna également la réplique à Anna Moffo dans La fille du régiment chez Gala. [CR] 

William Christie en librairie...

Encore à la recherche de cadeaux de Noël ? La maison Gallimard, qui n'oublie pas le lyricomane à court d'idée, consacre l'une de ses dernières publications à William Christie et les arts florissants. Signée Olivier Rouvière, elle s'intitule tout simplement "Les Arts florissants de William Christie" et propose en 176 pages, pour la somme de 35 euros environ, une présentation des membres de la formation baroque, un rappel des grands jalons historiques et une analyse critique de leurs principales réalisations. Les annexes ne sont pas moins alléchantes avec notamment la discographie détaillée, des fiches pour chaque spectacle produit et de nombreuses illustrations. Une phrase extraite de l'ouvrage en guise de papier cadeau "Lorsque l'évolution d'un art semble avoir été infléchie par un artiste, on se plait à imaginer que celui-ci était prédestiné à influer sur celle-là". [CR]

Speed dating au Metropolitan...

Il n'est pas toujours facile de remplir une salle de 4.000 places, surtout quand l'oeuvre programmée (Madame Butterfly) est un peu passée de mode et que la distribution ne vole pas bien haut (Cynthia Lawrence et Marco Berti). Le Metropolitan Opera a donc eu l'idée ingénieuse d'une soirée dédiée aux "célibataires de plus de 40 ans" : cocktails et hors d'oeuvre à partir de 18h30, place d'orchestre, champagne et dessert après le spectacle... le tout pour 95$ seulement. Une affaire : c'est le prix minimal d'une place d'orchestre à elle seule. Le quota de femmes est déjà atteint mais il en reste encore pour les messieurs. Si pas sérieux, s'abstenir. [PC]

Les bonnes oeuvres de Frederica Von Stade...

"Les hauts et les bas de celles qui connaissent la vie de mezzo soprano". Tel est le sous-titre du concert de bienfaisance, intitulé autrement "How about the mezzo soprano", organisé le 16 décembre dernier par The New York Festival of Song. Frederica Von Stade témoignait en en compagnie d'autres chanteuses de sa tessiture. Les airs de Haendel, Mozart, Ravel, Sondheim, William Bolcom et Copland faisaient office de preuves. A quand le passage chez Mireille Dumas ? [CR]


15/12/04

Bataille de Ring à Londres...

On se plaint parfois du manque de concertation des théâtres lyriques parisiens qui nous vaut par exemple cette saison deux couronnements de Poppée, l'un à l'Opéra de Paris, l'autre au Théâtre des Champs Elysées. Mais les londoniens ne sont pas forcément mieux lotis. Ainsi, ils auront bientôt droit à deux tétralogies simultanées. Le Royal Opera ouvrira le feu dans quelques jours avec Das Rheingold alors que l'English National Opera vient juste de présenter Siegfried. L'année prochaine verra s'affronter en même temps Die Walküre et Gotterdammerung. A ce petit jeu, la comparaison est inévitable. Pourtant des deux côtés, on affecte un fair play plus britannique que jamais. Le directeur musical de l'ENO, Paul Daniel, argue du prix des billets, de l'atmosphère et du public distinct des deux maisons pour rendre toute confrontation vaine. Celui du Royal Opera, Antonio Pappano ; déclare qu'il est tout à fait possible d'afficher en parallèle deux oeuvres différentes du même cycle. Il fait cependant remarquer la dimension internationale que confère à sa production des chanteurs de l'acabit de Philip Langridge ou Bryn Terfel. Enfin, un rien perfide, il ajoute que de tels interprètes n'accepteraient jamais de chanter Wagner en anglais ce qui est, on le sait, la particularité de l'ENO. [CR] 

Le répertoire de Salvatore Licitra...

Certains en prendraient ombrage mais Salvatore Licitra ne se vexe pas d'être régulièrement comparé à Luciano Pavarotti. Au contraire, "tous les chanteurs devraient remercier Pavarotti parce que, si l'opéra est connu de tous, c'est grâce à lui" déclare-t-il à qui veut l'entendre. Il désire même accentuer la ressemblance en orientant sa carrière vers un répertoire de plus en plus dramatique et exclusivement italien. Il estime en effet que Wagner, par exemple, met sa voix en péril alors que Verdi est un médicament pour la gorge. Et, pour enfoncer le clou, quand le reporter du Herald Tribune, Enrique Fernandez, lui demande ce qu'il pense de l'opéra contemporain, il s'écrie avec horreur "It's worse than Wagner !". [CR]

Echange de bons barytons...

Il n'y pas qu'au foot qu'on se passe la balle. A l'opéra aussi. Le baryton autrichien, Lauri Vasar, pris d'un malaise cardiaque sur la scène de Linz alors qu'il interprétait Escamillo, fut remplacé immédiatement par l'australien Ian Vayne heureusement présent dans la salle. Alors que, convalescent, il reprenait des forces sous le soleil de Madrid, il apprit que Mathias Goerne qui devait chanter le rôle de Kasim dans "L'upupa" de Henze au Teatro Real venait de se blesser le pied en glissant. Par chance, Lauri Vasar avait étudié le rôle. Sans hésiter, il propose ses services et passe avec bonheur du statut de remplacé à celui de remplaçant. Avis aux amateurs de raretés, l'oeuvre est encore à l'affiche jusqu'au 23 décembre et il reste des places disponibles sur le site de l'opéra madrilène (www.teatro-real.com). [CR]


12/12/04

Bernard Foccroule quitte la Monnaie... 

Il l'avait annoncé depuis plusieurs mois mais en bon disciple de Saint-Thomas, on attendait de le voir pour le croire. Après 15 ans de bons et loyaux services, Bernard Foccroule quittera son poste de directeur général de La Monnaie en juin 2007 soit 2 années avant l'échéance officielle. Ce départ annonce de grands changements car la date coïncide aussi avec la fin du mandat du chef d'orchestre Kazushi Ono, du chef des choeurs et de l'accord avec la compagnie Rosas d'Anne Teresa de Keersmaeker. Son successeur, désigné en juin prochain avec l'aide d'une commission d'experts, aura ainsi les mains libres pour conduire à sa guise la royale maison. Il récupère une institution en bonne forme dont la force réside dans la grande qualité des spectacles proposés, sa modernité et un certain rayonnement international même si ses moyens restent modestes à l'échelle des grands opéras mondiaux. En attendant juin 2007, Bernard Foccroule ne se croisera pas les bras. Cinq créations d'opéras contemporains sont prévues, le problème des pensions complémentaires doit être réglé, le solde du déficit apuré, les bâtiments restaurés, etc. Et après ? Bernard Foccroule ne sait pas ce qu'il fera mais, il le dit lui-même, sur sa carte d'identité, il est écrit musicien. Nous aurons donc encore l'occasion de le croiser. [CR]

Les candidats aux Grammy Awards 2005... 

Les flonflons du réveillon n'ont pas encore tintinnabulé que déjà se profile 2005 et ses Grammy Awards. Parmi les lauréats potentiels, le lyricomane retiendra dans la série du meilleur disque classique Peter Grimes dirigé par Sir Colin Davis et Le nozze di Figaro signé René Jacobs. Ce dernier reviendra concourir dans la catégorie des meilleurs enregistrements d'opéra avec ce même ouvrage plus Griselda de Scarlatti au côté de L'Orfeo de Monteverdi et Dido and Aeneas de Purcell par Emmanuelle Haïm et "El gato con botas" de Montsalvatge. La meilleure performance classique vocale verra s'affronter Karita Mattila dans les chansons de Grieg et Sibelius, Lorraine Hunt dans les arias de Haendel, Susan Graham dans les chansons d'Ives, Angela Maria Blasi et Stella Doufexis dans les chansons orchestrales de Marx et Thomas Quasthoff dans "A romantic songbook". Les vainqueurs seront proclamés le 13 février prochain à Los Angeles. [CR]

Les dernières déclarations de Joan Sutherland... 

Ceux qui espéraient la voir ou revoir sur scène devront se résigner. Joan Sutherland n'envisage pas de chanter de nouveau. "I'm older, I'm thinner, and I hobble a bit. I feel my years. And whenever I sing nowadays, it's only around my own house, and then only when I feel like singing. I still have some of my technique - not everything goes, thank heavens - but I'd never sing in public again. And you know something? I don't mind retirement one bit" a-t-elle déclaré au Washington Post. A 78 ans, La Stupenda ne mâche enfin plus ses mots. Aurait-elle visionné l'émission télévisée qu'Arte consacra à Anna Netrebko en septembre dernier ? Elle estime qu'aujourd'hui elle ne serait pas capable de faire carrière dans un monde lyrique où l'apparence importe plus que l'art vocal. Implacable, elle poursuit en comparant les Tebaldi et autres Simionato qu'elle connut débutante aux chanteurs de maintenant dont le parcours ressemble hélas souvent à celui d'une étoile filante. Un peu extrême dans ses propos, elle n'hésite pas à employer l'adjectif "horrible" pour qualifier l'opéra d'aujourd'hui et sa propension à montrer ce qui est exécrable plutôt que ce qui est beau et noble. Elle habite toujours en Suisse auprès de son chef d'orchestre de mari, Richard Bonynge. Ils viennent d'ailleurs de fêter leurs cinquante ans de mariage. Armé d'une telle fidélité conjugale ; comment ne pas trouver notre époque détestable ? [CR]

Maison de Verdi à vendre...

"A vendre dans le centre historique de Busseto... Palais unique... 18e siècle... ayant appartenu à Giuseppe Verdi. L'annonce, parue dans le Financial times, peut passer pour un canular mais renseignements pris, il n'en est rien. La maison en question fut acquise par le compositeur en 1848 puis revendue en 1888. Il y composa notamment Luisa Miller et Rigoletto. Couronnée d'une coupole, décorée de fresques, elle accueille un musée consacré à la mémoire de Verdi. La propriétaire, Saba Sabadini Orlandi, a décidé de la mettre en vente car elle n'a plus les moyens de l'entretenir et aucune institution publique n'a accepté de lui venir en aide. Pas rancunière pour autant, elle déclare que les autorités locales auront la priorité si elles décident de l'acheter. Il faut dire que le prix demandé n'est pas à la portée du premier mélomane venu : 6,6 millions de dollars (5 millions d'euros environ) auxquels il faut prévoir d'ajouter encore 3,3 millions de dollars pour remettre à neuf le bâtiment. On comprend mieux maintenant pourquoi Gilda qui vit le jour en ces murs chante "Caro nome". [CR]


08/12/04

Elena Suliotis, une flamme de l'opéra s'éteint...

En 13 années de carrière, elle incendia la planète lyrique avant de se consumer dans son propre brasier. Il est cependant des feux inextinguibles et, malgré le temps, son "Anch'io dischiuso un giorno" reste le plus incandescent de la discographie. A 61 ans, Elena Souliotis vient de jeter ses dernières étincelles. Né en Grèce, élevée en Argentine, elle étudia et débuta en Italie à l'age de 21 ans dans le rôle de Santuzza. C'est d'ailleurs avec ce même Cavalleria Rusticana que son parcours se termina en 1973 à Covent Garden. Entre temps, elle incarna les héroïnes les plus brûlantes du répertoire sur les scènes du monde entier : Lady Macbeth évidemment, Norma, Margarita, les deux Leonora, Luisa Miller, Anna Bolena et bien sûr cette monstrueuse Abigaille qu'elle eut la bonne idée d'immortaliser au disque sous la baguette de Lamberto Gardelli. Son chant n'était pas des plus orthodoxes, parfois même fruste. La comparaison avec Callas se justifie surtout par le formidable tempérament dramatique qui l'animait. L'énergie de l'attaque, l'extraordinaire ambitus, la chaleur du timbre, sa luminosité, sa limpidité aussi faisaient le prix de cette voix flamboyante. Il fait soudain plus froid. [CR]

(Lire aussi l'hommage rendu par Xavier Luquet)

On a retrouvé l'oncle de Mendelssohn...

L'amateur d'opéra n'a pas besoin d'utiliser les doigts de sa main pour compter les disques de Mendelssohn qui composent sa discothèque. Il n'en a pas. Il va pourtant lui falloir bientôt ménager une petite place entre Massenet et Messiaen pour certains, Meyerbeer pour d'autres. Helmuth Rilling a découvert dans une bibliothèque de Berlin un opéra comique L'oncle de Boston écrit par le jeune Félix à l'age de 14 ans pour animer une fête familiale. Il avait été ensuite gentiment mis de côté puis oublié. Le chef d'orchestre allemand vient de le diriger en première mondiale à Essen en Allemagne. Il le proposera de nouveau l'été prochain lors du Festival Bach de l'Oregon. Toutefois, ceux qui ne disposent pas d'un vaste appartement pour abriter leur collection de CDs ne prévoiront peut-être pas l'achat d'une étagère supplémentaire. [CR]


06/12/04

Giuseppe di Stefano entre la vie et la mort...

Giuseppe Di Stefano (le vrai, pas celui qui sévissait lors de la dernière fête de la musique à Paris) a été sévèrement molesté par une bande de cambrioleurs au moment où, accompagné de sa femme, il s'apprêtait à quitter en voiture sa villa de Diani au Kenya. Les malfaiteurs ont ensuite saccagé la maison puis se sont enfuis en emportant les objets qui leur semblaient précieux. A 83 ans, le prestigieux ténor a été placé d'urgence en soins intensifs à Monbasa. Il se trouve dans un état critique. Immanquablement reviennent à l'esprit les paroles qu'adresse Tosca à celui qui fut, qu'on le veuille ou non, un Cavaradossi de légende : "O Mario... Tu ? Cosi ? Finire Cosi ?" [CR]

Pavarotti rempile... 

Interviewé par l'agence Reuters, Luciano Pavarotti a annoncé son grand retour pour une tournée d'adieux qui devrait l'amener des Balkans à Buenos-Aires en passant par Londres, Paris (ouf !) et New York. Le contrat, signé avec le producteur anglais Harvey Goldsmith, prévoit 2 à 3 concerts par mois : la tournée pourrait donc largement finir après le 70ème anniversaire du ténor. Elle pourrait tout aussi bien finir beaucoup plus tôt : beaucoup de concerts récents avaient dû être annulés pour cause de faible remplissage. Le chanteur hésite encore sur l'objet de ses derniers coups de glottes : "Bohême", le rôle de ses débuts ou "Nessun dorma" son air fétiche. [PC]

Crise de coeur à Glyndebourne...

Les affaires de coeur sont monnaie courante à Glyndebourne mais elles ont habituellement lieu sur scène. Cette fois, la crise conjugale qui secoue l'institution ne relève hélas pas du livret d'opéra : Gus et Imogen Christie se séparent. La nouvelle semble avant tout propre à piquer la presse à sensation mais elle intéresse aussi les amateurs d'art lyrique. Car le couple veille depuis 4 ans aux destinées du festival le plus prestigieux d'Angleterre dont il faut savoir que le financement repose entièrement sur des subsides privés. Dans ces conditions, il est essentiel de gagner à sa cause les riches et les puissants et pour cela, mieux vaut une vie mondaine rondement menée. Ainsi, George et Mary Christie, les parents de Gus, n'hésitaient pas à recevoir chaque soir ou presque. De même qu'à l'opéra il faut une soprano et un ténor, en ville un homme aura du mal à accomplir ce genre de missions sans sa femme. Imogen, d'après ses proches, remplissait ce rôle à merveille et savait à bon escient déployer des trésors de séduction. Il y a aussi le coût du divorce qui risque de brimbaler la trésorerie. Pour calmer les esprits, une déclaration officielle rappelle que le festival est une société indépendante dans laquelle Gus Christie n'est qu'un simple employé. C'est égal, à l'heure où il s'apprête à souffler ses 70 bougies, Glyndebourne aurait pu souhaiter meilleur cadeau d'anniversaire. [CR]

Puccini célébré en Italie...

Le comité des célébrations pucciniennes 2004-2008 vient d'être présenté au président du sénat Marcello Pera. Mis en place en juillet dernier et présidé par Bruno Ermolli, il a pour objectif d'agir en faveur de la diffusion de l'oeuvre de Giacomo Puccini, notamment auprès des nouvelles générations qui doivent apprendre à mieux connaître le grand compositeur italien. Un budget de quatre cent mille euros a été attribué pour la seule année 2004. Il servira à financer la prochaine édition du festival de Torre del Lago et une nouvelle production de Madama Butterfly au Teatro del Giglio à Lucca, ville natale de Puccini. Le montant alloué pour les années suivantes n'est pas encore connu. Cependant d'autres fonds publics doivent être utilisés pour servir cette noble cause, notamment un million d'euros destinés à la digitalisation du patrimoine musical italien pour le compte des communes de Parme, Lucca et des éditions Ricordi. Et ce n'est pas fini car dès janvier 2005, d'autres subventions permettront la mise en place de bibliothèques digitales qui joueront en Italie un rôle actif dans la commémoration du père de la princesse Turandot. [CR]

Les bons résultats du Canada...

Le lyrique se porte plutôt bien de l'autre côté de l'Atlantique. La Canadian Opera Company de Toronto a annoncé, lors de son conseil annuel, un excédent de neuf mille euros pour la saison 2003-2004 et un taux de remplissage supérieur à 95%. Les productions de Die Walküresignée par le réalisateur Atom Egoyan, Tosca et Turandot ont même affiché complet. La collecte de fonds est aussi dans le vert avec une augmentation des revenus de 14% par rapport à l'année précédente. La réunion a marqué le départ d'Arthur R.A. Scace, remplacé à la direction par Robert Collins. La compagnie attend maintenant avec impatience 2006 pour déménager dans le Four Seasons Centre, la nouvelle salle d'une capacité de 2000 places. Elle vivra alors un grand moment de son histoire en proposant pour la première fois du 12 septembre au 1er octobre trois cycles complets de Der Ring des Nibelungen. [CR].

L'opéra dans la bergerie...

Parmi les innombrables vertus de l'opéra italien, il en est une qui nous avait échappé : il rend la laine des moutons plus fine et plus soyeuse. Certains éleveurs de Nouvelle Galles du Sud en Australie n'hésitent pas à combiner régime nutritionnel et lyrique afin de conserver leurs ovins dans une bonne forme physique et mentale essentielle selon eux pour produire une laine d'une qualité exceptionnelle. Et les résultats sont probants : l'épaisseur de la toison tourne autour des 12 microns contre 20 à 21 pour un mérinos standard avec un prix au kilo 345 fois supérieur à la moyenne. On serait presque convaincu si, dans le programme proposé chaque jour aux ruminants, ne figurait Andrea Boccelli. "La donna e mobile" mais la brebis aussi. [CR].


01/12/04

Des Troyens homériques en perspective... 

L'idée des vendanges tardives nous avait déjà beaucoup séduits (lire la brève du 3 juin dernier). On ne sait pas encore quel thème trouvera l'Opéra du Rhin pour justifier sa prochaine production des Troyens mais il parait que Cassandre sera interprétée par Sylvie Brunet et Didon (accrochez-vous) par Anne-Sofie Von Otter. [CR]

Les doublures de Natalie Dessay... 

Un titre du magazine Diapason a mis le feu aux poudres : "Demain j'arrête". Depuis la planète lyrique discourt du cas Natalie Dessay. Toujours sur la brèche, le forum, également embrasé, s'empare avec passion du sujet. Pendant ce temps, Veronica Cangemi se prépare à remplacer le rossignol tricolore dans les cantates de Bach et Haendel que propose le Théâtre des Champs Elysées le 3 décembre prochain. Emmanuelle Haïm et le concert d'Astrée l'accompagneront. La soprano argentine a le vent en poupe. Auréolée de son triomphe parisien dans La fida ninfa de Vivaldi, elle défend au disque avec un bonheur égal le même compositeur dans le récent Orlando furioso paru chez Naïve. En janvier 2005, elle alternera les rôles de Ginevra et Dalinda dans Ariodante au Bayerische Staatsoper de Munich. Les parisiens attendront le 23 mars pour s'agenouiller devant la Messe du Couronnement de Mozart qu'elle interprétera toujours au Théâtre des Champs Elysées en compagnie de Sandrine Piau, Paul Agnew, Luca Pisaroni sous la direction dynamique de Jean-Christophe Spinosi. Quant à "la 4ème symphonie"de Mahler prévue le 17 décembre, elle est sauvée par la soprano suédoise Miah Persson, la Smorfiosa de L'Opera Seria de Gassmann en 2003 à Paris ou plus près de nous Sophie de Der Rosenkavalier présenté à Salzbourg cet été. Son nom sera en début d'année prochaine associé à L'incoronazione di Poppea. Elle commencera par incarner La Fortuna et Drusilla sur les planches du Palais Garnier puis agrafera la fibule de Poppée à sa tunique dans la production que signe David McVicar pour l'Opéra National du Rhin. Nerone, son amant à la scène, y sera chanté par Jeremy Ovenden, son mari à la ville. Roberto et Angela n'ont plus qu'à bien se tenir. [CR]

Bryn Terfel inaugure le Wales Millenium Center... 

Le Wales Millenium Center vient d'être inauguré comme il se doit par une grande soirée de gala. Parmi les divas qui l'illuminèrent de leur présence, on notait Dame Gwyneth Jones, Dame Shirley Bassey et, plus inattendue, Nana Mouskouri bien connue néanmoins des amateurs d'opéra pour avoir signé une interprétation d'anthologie du "Va pensiero". Dédié à l'art en général et à l'opéra en particulier, le nouveau bâtiment doit une fière chandelle à Bryn Terfel. Le chanteur, étroitement impliqué dans les différentes étapes du projet, s'est notamment battu pour que l'établissement prenne place au centre de la baie de Cardiff. Un tel soutien n'était pas de trop pour que l'opération aboutisse car il a fallu 18 années pour la mener à bien. D'un coût initial de 107 millions d'euros, l'addition dépasse finalement la barre des 150 millions d'euros. Et pourtant même à ce prix là, on nëest pas à l'abri d'un pépin. Lors de cette première soirée, le rideau est resté bloqué 25 minutes au début de la deuxième partie. Mais il en faut plus pour entamer le moral des gallois. Les 1900 spectateurs ont alors entonné en coeur l'hymne national jusqu'à ce que l'incident soit réparé. "What we have got is a focal point for every aspect of our cultural life : music, dance and theatre. It's going to be sensational. The first time I walked into the theatre was last night and it absolutely took the wind out of my sail" a déclaré Bryn Terfel, plus lyrique que jamais. [CR]

Bingo pour les Arts Florissants... 

"Quand elle est morte, il n'y a plus eu de musique à la maison". C'est en hommage à cette mère mélomane que Madame Liliane Bettencourt a créé en 1990 son prix de chant choral. Il couronne chaque année un choeur, en alternance parisien, provincial ou étranger. Proclamé en avril dernier, il vient d'être remis officiellement au Choeur des Arts Florissants lors de la Séance publique annuelle de l'Académie des Beaux-Arts au Palais de l'Institut. La récompense, dotée d'un montant de 38 000 € tombe à pic car l'ensemble de William Christie fête cette année ces 25 ans d'existence. De quoi passer un joyeux anniversaire. [CR]


Renata Tebaldi
Brèves du 21/12/04

Giuseppe Campora
(© www.grandi-tenori.com)
Brèves du 19/12/04

Salvatore Licitra
Brèves du 15/12/04


Emmanelle Haïm
Brèves du 12/12/04

Elena Suliotis
brève du 08/12/04

Giuseppe di Stefano
© www.giuseppedistefano.it
brève du 06/12/04

Natalie Dessay
Brèves du 01/12/04

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