Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

Les brèves... 




Avril
2005

 

29/04/05

Domingo l'insatiable

Il compte plus de 120 rôles à son actif, il va en ajouter un à son palmarès le mois prochain : Cyrano de Bergerac d'Alfano. Mais ça ne lui suffit pas. Placido Domingo annonce qu'il aimerait interpréter Simon Boccanegra dans l'opéra éponyme de Verdi. Ce ne serait pas la première fois que le bouillonnant ténor espagnol emprunterait la tessiture de baryton. Des zarzuelas lui en ont déjà offert l'occasion et on se souvient de son Figaro du Barbier de Séville enregistré avec Abbado en 1992. Pour le moment, il n'a signé aucun engagement. Avis aux directeurs de théâtre. [CR] 

Belles voix au Canada

Du 9 au 20 mai, le Québec accueille les plus belles voix du monde dans le cadre du Concours Musical International de Montréal (CMIM). Sur 190 inscriptions reçues, 45 candidats, âgés de 23 à 32 ans et originaires de 17 pays ont été retenus. Le jury, 7 membres au total, affiche une distribution prestigieuse. Le lyricomane notera notamment avec émotion la présence de Gwyneth Jones, Shirley Verret, Carlo Bergonzi et Tom Krause. Un site consacré à l'édition chant 2005 permettra aux internautes de suivre la demi-finale en direct, en son et en images. Les visiteurs auront également la possibilité de lire des interviews exclusives, ajouter leurs commentaires, visionner la galerie photo ou se tenir au courant des dernières nouvelles. [CR] 

Donizetti en français

Son duc d'Albe tient le haut de nos dossiers en ce moment sous la plume fervente de Yonel Buldrini. Gaetano Donizetti fait aussi l'objet d'une première biographie en français écrite par Philippe Than chez Actes Sud Classica-Répertoire. Il faut 185 pages et une quinzaine d'euros pour parcourir le trajet d'un compositeur injustement méprisé, qui assura glorieusement la transition entre le bel canto romantique et le drame verdien, dont le talent dramatique et la générosité mélodique n'ont pas fini de faire chanter. [CR]


23/04/05

Du nouveau à la Scala 

Recherche patron désespérément. Après l'ancien directeur de l'ONP, Hugues Gall, et l'intendant de l'Opéra de Zurich, Alexander Pereira, la Scala a jeté son dévolu sur Stéphane Lissner qui, en acceptant, a sorti le temple lyrique milanais de la panade. Cocorico, le nouveau surintendant et directeur artistique est le premier étranger et donc le premier français à occuper ce poste prestigieux. Mais après plusieurs mois de crise, il a du pain sur la planche. Il conserve néanmoins la direction du festival d'Aix-en-Provence. Pendant ce temps, Ricardo Muti confirme les rumeurs qui le désignent comme successeur de Daniel Barenboim à la tête du Chicago Symphony Orchestra. Il a confié au quotidien italien La Repubblica combien il appréciait l'invitation de celui qu'il considère comme "le plus prestigieux orchestre du monde". Mais il se donne le temps de réfléchir en dirigeant La flûte enchantée à Salzbourg, l'endroit idéal d'après lui pour méditer. [CR]

"Ta Bouche" à oreille

A la recherche d'un antidote au poison wagnérien qui exsude à Paris en ce moment, le lyricomane se précipitera au Théâtre de la Madeleine applaudir Ta Bouche, une opérette de Maurice Yvain. Eva et Bastien, comme Tristan et Isolde, s'aiment d'un amour plus fort que les convenances mais, au contraire des deux amants wagnériens, leur passion est prétexte à une série d'airs légers et délicieux qui aident à retrouver le sourire. La compagnie Les Brigands, à l'origine de cet excellent spectacle, n'en est pas à son coup d'essai ; elle a déjà produit 3 pièces de Jacques Offenbach : Barbe-Bleue , Geneviève de Brabant et le Docteur Ox. Portés par la direction musicale vive et précise de Benjamin Levy, par la mise en scène intelligemment décalée de Stefan Druet, les comédiens, acteurs et chanteurs à la fois, donnent le meilleur d'eux-mêmes. Pour l'occasion le Théâtre de La Madeleine a rouvert sa fosse d'orchestre fermée depuis 1935 et annonce son intention de se consacrer de plus en plus à l'opérette et à la comédie musicale. Son directeur, Stéphane Lissner, à présent fort occupé par La Scala, parviendra-t-il à tenir la promesse ? [CR]

La communauté de l'anneau

L'opéra, comme le reste on le sait, n'échappe pas aux modes. En ce moment, outre Janacek et le très (trop ?) présent L'incoronazione di Poppea, le Ring marche très fort. Après Adélaide, Toronto, Londres, Liège et avant Paris, Prague se met au goût du jour et présente les quatre opéras du cycle wagnérien pour la première fois sur la scène du Théâtre national. La production, comme tous les chanteurs d'ailleurs à l'exception des Walkyries, provient de l'Opéra du Rhin. Signée Kurt Horres, elle fut créée il y a trente ans mais a beaucoup changé depuis. Elle ne cesse même d'évoluer, si on en croit Tobias Richter, l'intendant de l'Opéra du Rhin. Sa conception, classique, appartient cependant plus à l'époque de Wagner qu'à la notre. John Wegner est Wotan, Linda Watson se charge des "Hoyotoho !" de Brünhilde et Renée Morloc interprète successivement Fricka, Erda et Waltraute. La direction musicale a été confiée au chef d'orchestre américain John Fiore. De l'autre côté de l'Atlantique, Placido Domingo reste dans l'air du temps et annonce qu'il chantera le rôle de Siegmund à Los Angeles en octobre 2006. Cette représentation de Die Walküre fait partie de La Tétralogie que présente Valery Gergiev à l'Orange County Performing Arts Center. En attendant, les admirateurs anglophones du sémillant ténor se dépêcheront de lire l'article que lui consacre en ligne le Chicago Sun Times. [CR]

Le Grand-Théâtre de Genève livre sa nouvelle saison

Lors d'un petit déjeuner dans les foyers du Grand-Théâtre de Genève, Jean-Marie Blanchard a présenté sa prochaine saison : un programme alléchant qui, sur huit opéras, compte quatre nouvelles productions, deux coproductions et deux reprises. Durant les fêtes de fin d'année, Tosca tiendra l'affiche avec deux distributions réunies sous la baguette d'Evelino Pido. Iano Tamar, Carlo Ventre et Jean-Philippe Lafont en Tosca, Cavaradossi et Scarpia seront de la partie (du 16 au 31 décembre 2005). Evénement de la saison genevoise, la nouvelle production de Tannhäuser ouvre les feux avec une distribution de haut vol. Stephen Gould (Tannhäuser), Nina Stemme (Elisabeth) et Dietrich Henschel (Wolfram) et l'inoubliable Isolde de la saison dernière Jeanne-Michèle Charbonnet (Vénus) obéiront à Ulf Schirmer pour la musique et Olivier Py pour la mise en scène (du 23 septembre au 8 octobre 2005). Dans le cycle des opéras de Janacek que Jean-Marie Blanchard s'est promis de montrer aux genevois, La Petite Renarde Rusée est le second spectacle lyrique genevois. Cette coproduction avec le Festival de Bregenz et l'Opéra de San Francisco sera dirigée, comme les autres oeuvres lyriques de Janacek jusqu'ici présentées à Genève, par Jiri Bélohlavek (du 9 au 19 novembre 2005). Une création par an, tel est le projet lyrique de Jean-Marie Blanchard pour son Grand Théâtre. Cette fois, c'est le compositeur Michael Jarrell qui officie avec Galilée d'après La Vie de Galilée de Bertolt Brecht. Nicolas Brieger, dont on se rappelle la superbe Lady Macbeth of Minsk en 2001, et Patrick Davin seront les maîtres d'oeuvre de cette nouvelle production. Le baryton Claudio Otelli chantera le rôle-titre (du 25 janvier au 4 février 2006). Absent de la scène genevoise depuis 1992, année de son flamboyant Dialogues des Carmélites, Michel Plasson revient pour assurer la direction musicale de la reprise de Hamlet d'Ambroise Thomas dans la formidable mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser. La soprano française Annick Massis qui reprend le flambeau d'Ophélie laissé par Natalie Dessay, sera en compagnie du baryton canadien Jean-François Lapointe (Hamlet) et du Claudius de luxe de José van Dam (du 2 au 12 mars 2006). Nicolas Brieger revient pour la nouvelle production de Die Tote Stadt sous la baguette d'Armin Jordan (du 10 au 23 avril 2006). Pendant la rénovation de la machinerie de scène du Grand-Théâtre, les dernières productions de la saison se déroulent au Bâtiment des Forces Motrices BFM. Christian Zacharias dirige son Orchestre de Chambre de Lausanne dans une Clemenza di Tito de grande classe qui comprend Charles Workman (Titus), Anna Caterina Antonacci (Vitellia), Joyce di Donato (Sextus) et la mezzo-soprano fribourgeoise Marie-Calude Chappuis (Annius) (du 26 avril au 14 mai 2006). La saison se termine avec l'Ensemble Il Giardino Armonico dans Le Retour d'Ulysse dans sa Patrie de Monteverdi. La mise en scène de cette nouvelle production est assurée par Philippe Arlaud très chahuté ici même lors de son dernier Orfeo de Monteverdi (du 11 au 25 juin 2006). [JS]

Cou dur pour Luciano Pavarotti

Dernier contretemps dans la tournée d'adieu de Luciano Pavarrotti, le tenorissimo doit annuler son concert prévu à Tolède en Espagne le 22 juin et en reporter trois autres, dont celui de Nimes, pour cause de suivi médical. Cette annonce est consécutive à l'opération aux deux vertèbres cervicales qu'il avait subie avec succès à New York en mars dernier (lire la brève du 26 mars). "Ce n'est rien de bien grave" a déclaré son manager Terri Robson qui a rappelé en même temps la rapidité avec laquelle le ténor s'était remis de sa première opération. En attendant, les dix mille spectateurs de la Sazka Arena de Prague se sont levés comme un seul homme pour l'applaudir tandis que lui, compte tenu de sa santé, restait assis pour interpréter la dizaine d'airs d'opéra et de mélodies italiennes qui constituent son dernier récital. [CR]


15/04/05

Tugan Sokhiev succède à Michel Plasson

Créé au début du XIXème siècle pour accompagner les saisons d'opéras de la ville rose, l'Orchestre du Capitole de Toulouse prend une nouvelle envergure en 1945 lorsqu'il devient un véritable orchestre symphonique puis surtout en 1968 avec l'arrivée de Michel Plasson. Sous sa direction, l'ensemble philharmonique devient l'un des avocats majeurs de la musique française. Des enregistrements, souvent de référence, chez EMI en témoignent. Depuis le départ du maestro en août 2003, la situation semblait cependant plus incertaine. On apprend donc avec satisfaction la nomination d'un successeur en la personne de Tugan Sokhiev. Originaire d'Ossétie, lauréat du concours Prokofiev, âgé seulement de 27 ans, le chef d'orchestre russe arrive précédé d'une réputation flatteuse et paré d'un curriculum vitae plutôt lyrique, avec, notamment, une participation régulière aux productions du Théâtre Mariinsky et des débuts très remarqués en 2004 dans L'amour des 3 oranges à Aix-en-Provence. Il prendra ses fonctions à partir du 1er septembre 2005 pour une période de 3 ans. Il consacrera entre 10 et 12 semaines par an à la formation symphonique toulousaine et sera amené à réaliser des enregistrements discographiques avec l'Orchestre ainsi qu'à diriger des opéras au Capitole. [CR]

Les nouvelles saisons de Vienne et New York

Au printemps, en même temps que les bourgeons, poussent les nouvelles saisons. Pendant que Paris se désespère (lire plus bas), Vienne annonce les réjouissances pour 2005-2006. Outre la grande soirée de gala organisée pour célébrer le jubilé de sa reconstruction (lire la brève du 25 novembre 2004 sur le sujet, le Staatsoper affiche des productions inédites de Lohengrin, Moses und Aron, le tandem Osud et Le Villi et enfin, année Mozart oblige, Idomeneo et Die Entführung aus dem Serail. Les plus grandes baguettes se succèderont au pupitre : Simone Young, Semyon Bychkov, Philippe Jordan, Seiji Ozawa. Le contrat du maestro japonais est, dans la foulée, prolongé de 3 ans. Il restera directeur musical jusqu'en 2010. Quant à la programmation de New York, rendez-vous sur le forum pour en connaître tous les détails. [CR]

Une démission de plus à La Scala

La tempête qui agite La Scala ne connaît pas de trèves. Alors qu'on attendait le départ de Mauro Meli, c'est finalement le président de l'orchestre de La Scala, Fedele Confalonieri, qui démissionne. Par la même occasion, il quitte son fauteuil au conseil d'administration de l'orchestre. Peu bavard, il ne commente pas sa décision mais elle serait, semble-t-il, motivée par le comportement hostile des musiciens envers Riccardo Muti. Le lyricomane, lui, y perd son italien et commence à confondre Milan et Dallas. [CR]

L'opéra réalité devient réalité

Il y avait jusqu'à présent échappé et on pensait même que compte tenu de sa faible popularité il s'en tirerait toujours. Hélas, après le loft, la ferme et autres bachelors, l'opéra devient à son tour victime de la télé réalité. Le programme s'appelle Operatunity et s'apparente plutôt à La recherche de la nouvelle star. En 4 épisodes des chanteurs inexpérimentés s'affrontent pour décrocher un rôle dans Rigoletto à l'English National Opera. Sur 2500 appelés, 6 candidats sont retenus et formés aux techniques vocales et théâtrales. Au final, il reste 2 lauréats qui gagnent le droit de monter sur les planches. Initialement diffusée sur Channel Four en Grande-Bretagne, l'émission traverse l'Atlantique et fera les beaux soirs des PBS's Great Performances. Du moment qu'elle reste de ce côté du Channel... [CR]


09/04/05

Abel mort et ressuscité à Genève

Régulièrement, les malles des vieux palais, les soupentes des théâtres lyriques, les caves des bibliothèques nous réservent de bonnes surprises en délivrant des partitions inconnues, oubliées ou perdues. Cette fois, c'est un oratorio inédit de Domenico Cimarosa, La morte d'Abele, qui a été retrouvé dans les archives du château de Warfusée en Belgique. Le style de la partition permet de lui en attribuer avec certitude la paternité et même d'en dater la composition aux alentours de 1797, vers la fin de sa vie alors qu'il séjournait à Rome. Le chef d'orchestre Francesco Fanna, directeur de l'Institut Vivaldi de Venise, s'est chargé de la résurrection de La morte d'Abele le 7 avril dernier en la cathédrale Saint-Pierre de Genève. D'après lui, l'oeuvre, plus opératique que sacrée, est importante car elle confirme le rôle de chaînon manquant que joue Cimarosa entre Mozart et Rossini. On espère prochainement un enregistrement intégral pour pouvoir en juger. [CR]

Margaret Garner sans Jessye Norman

Jessye Norman ne participera pas comme annoncé initialement à la création de Margaret Garner, un opéra de Richard Danielpour et Toni Morrison. La première était prévue à Detroit le mois prochain. Elle sera remplacée par Angela Brown, la soprano "pharaonique" de la dernière production d'Aida au Metropolitan Opera de New York. La presse s'interroge sur les raisons de ce forfait : raisons personnelles, désaccords avec la production, caprice de diva ou problème avec le calendrier des répétitions ? La dernière raison est celle invoquée par Jessye Norman mais la conclusion appartient à David DiChiera, le directeur général du Michigan Opera Theatre : "It's hard to know exactly what her issues were," explique-t-il, "For a superstar at this stage of her career, they probably have to do simply with her comfort level with the role." [CR].

Une Brünnhilde détonante à l'ENO

"Complètement grossier" titrent certains journaux anglais au lendemain de la première de Gotterdammerung à l'English National Opera de Londres. A la fin, Brünnhilde, au lieu de se jeter dans le bûcher funéraire de Siegfried, se barde d'explosifs et, appuyant sur le détonateur, réduit à néant le monde des dieux. La scène a le malheur de renvoyer à d'autres images et situations actuelles qui, hélas, n'ont rien de théâtral. Le metteur en scène, Phyllida Lloyd, se justifie en déclarant qu'il est difficile de faire plus sensationnel que  Wagner. De toute façon, à l'opéra, il vaut mieux s'insurger que s'ennuyer mais jusqu'où peut-on aller ? Le débat n'est pas nouveau, la juste mesure, idéale, est dure à trouver. On craint d'ailleurs que La Tétralogie signée Bob Wilson au Châtelet la saison prochaine ne penche de l'autre côté. En attendant, on écoute inlassablement Birgit Nilsson clamer sous la baguette électrique de Sir Georg Solti "So werf' ich den Brand in Walhalls prangende Burg". [CR]. 
 

Pace pace mio Pavarotti...

La larme à l'oeil et le mouchoir à la main, Luciano Pavarotti poursuit son farewell tour à travers le monde. Le 3 avril à Pretoria, sous une pluie battante, le tenorissimo a dédié l'Ave Maria de Schubert au Pape Jean-Paul II alors agonisant. Le président d'Afrique du Sud, Thabo Mbeki s'était déplacé pour l'occasion. Il faut dire que la tournée d'adieu du plus célèbre des chanteurs d'opéra prend une dimension politique depuis qu'il s'est engagé à promouvoir durant ces concerts les causes défendues par l'ONU. Des spots sur le développement durable, le sida, les droits des enfants ou les bidonvilles sont dorénavant diffusés entre deux chansons afin d'informer et sensibiliser le public. Le messager de la paix des Nations Unies continue ainsi l'action entreprise depuis 1998 en faveur des entreprises humanitaires. Cet engagement, qui lui a valu d'être qualifié par le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, de "véritable ami de l'humanité", nous offre une occasion supplémentaire de l'applaudir. Les prochains rendez-vous sont fixés à Kiev puis Rotterdam les 13 et le 16 avril. [CR]

Deborah Voight, la forme sans les formes...

Certains craignaient qu'à l'exemple de Maria Callas, la perte importante de poids ne mette en péril sa voix. La performance de Deborah Voight l'autre soir dans Un ballo in maschera au Metropolitan les a rassurés. Méconnaissable car allégée d'une quarantaine de kilos, la soprano américaine a montré qu'à défaut des autres, elle avait su conserver sa forme vocale. Quelques semaines auparavant, elle avait révélé que c'est la pose d'un anneau gastrique qui lui avait permis de retrouver un tour de taille convenable. Les européens découvriront sa nouvelle silhouette en même temps que sa maréchale à Vienne du 12 au 23 mai. Angelika Kirchschlager sera son Octavian. Philippe Jordan mènera tout ce petit monde à la baguette. [CR]

Radames en péril à Copenhague...

Radames n'est pas un rôle facile. Il peut même se révéler carrément périlleux. Ainsi lors de la représentation d'Aida du 7 avril à Copenhague, le plafond de la crypte dans laquelle est enterré le prince égyptien à la fin de l'opéra a failli s'effondrer sur le titulaire du rôle, David Rendall. Il était debout dans le noir, une bougie à la main, quand il a remarqué que le toit de carton-pâte au dessus de sa tête s'affaissait dangereusement. Il a alors poussé un tel cri que le public horrifié a cru qu'il était blessé. Il n'en était en fait rien mais le ténor était tellement choqué qu'il a fallu interrompre la représentation. Les spectateurs, privés du magnifique "O terra addio", n'ont pas été pour autant remboursés. Ils sont repartis l'oeil sec sans connaître la fin de l'histoire. On compatit mais on se réjouit tout de même en songeant que, pour une fois, Radames et Aïda ne meurent pas étouffés et peuvent au moins couler des jours heureux quelque part au Danemark. [CR]


07/04/05

Le Roi Soleil sous le signe de l'Europe

Trop rarement offert à l'admiration des lyricomanes, l'Opéra Royal de Versailles se réveillera en octobre prochain pour quelques représentations de L'Europe Galante de Campra. C'est William Christie qui conduira cette (double) résurrection dont on espère qu'elle ne restera pas sans lendemain. [PC]

L'après Muti à La Scala

"Muti, c'est fini "écrivions-nous plus bas mais le combat continue à la Scala. Mauro Meli, le superintendant, est maintenant la cible du personnel mécontent. Les syndicats refusent toutes négociations tant qu'il n'aura pas démissionné. Le remplaçant de Carlos Fontana se dit prêt à partir si sa démission est le seul moyen de résoudre la crise. En attendant d'en être convaincu, il reste en poste. Pendant ce temps, les spéculations sur le successeur de Riccardo Muti vont bon train. Les initiés misent principalement sur deux italiens : Daniele Gatti, le directeur musical du Théâtre Communal de Bologne, et Riccardo Chailly, un enfant de la balle, puisque son père, Luciano, dirigea La Scala dans les années 60. On parle aussi d'Antonio Pappano, même si il semble couler des jours heureux à Covent Garden, et de Claudio Abbado qui a déjà dirigé le temple lyrique milanais de 1968 à 1986. [CR]

Les économies de l'Opéra de Paris

L'augmentation du prix des places à l'ONP la saison dernière avait provoqué une levée de boucliers. Gérard Mortier répond à la critique en proposant à partir de septembre prochain des places debout vendues 5 euros 45 minutes avant le lever du rideau. Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, il annonce la signature d'un accord avec la SNCF et Thalys. Les provinciaux abonnés à la formule "Dimanche en matinée "et les spectateurs en provenance de Belgique, d'Allemagne et des Pays-Bas bénéficieront d'une réduction de 25% sur leurs billets de train. A la lecture de ces lignes, on reprend espoir et on se dit qu'à défaut d'opéras en français on récupérera peut-être bientôt les "p'tits papiers", ces feuillets bien utiles, distribués avant chaque spectacle, qui indiquaient la distribution du jour. [CR]

Anna Caterina Antonacci déjà légendaire

Sa Cassandre étincelle encore au firmament de notre mémoire. Dans la série des "figures légendaires "à la Maison de Radio France, qui nous vaut aussi Il duca d'Alba à Paris (lire la brève du 31 mars), Anna Caterina Antonacci, accompagnée au piano par Donald Sulzen, retrouve Berlioz le 16 avril à 17 heures. Elle interprétera La mort d'Ophélie et La mort de Cléopâtre au milieu du Lamento d'Arianna de Monteverdi, de lieder de Brahms, Liszt et Mahler. Le récital se terminera par Les adieux de Marie Stuart, une mélodie composée à 27 ans par un Richard Wagner en mal de reconnaissance. Avis aux amateurs de Der Fliegende Holländer, certains y voient une préfiguration de la ballade de Senta. Comme pour Il Duca d'Alba, bien qu'il ne faille pas débourser un euro pour entrer, il est fort à parier que les places seront chères. [CR]


03/04/05

Le répertoire français n'est plus de saison à Paris...

Et si, un jour, le Musée du Louvre décidait de fermer au public des salles entières dédiées à la peinture française. Quel tollé cela provoquerait ! Les journaux s'empareraient de l'affaire, le public descendrait dans la rue, le personnel ferait grève. Quel scandale ! Et pourtant, c'est exactement ce qu'il se passe à l'Opéra de Paris aujourd'hui sans que personne ne dise rien. A l'image du cru précédent, la saison 2005-2006, de l'ONP, en ligne depuis quelques jours, continue de mépriser le répertoire qui constitue son patrimoine. Certes, sur les dix-huit ouvrages proposés, six s'expriment dans la langue de Molière. Mais il faut compter parmi eux L'amour des trois oranges, Juliette ou la clé des songes et Adriana Mater, création de Kaija Saariaho sur un livret d'Amin Malouf, bien peu représentatifs de la musique française. Restent La damnation de Faust, le sensationnel Platée signé par le tandem Minkowski Pelly et Iphigénie en Tauride de Gluck, l'une des dix nouvelles productions dignes d'intérêt. A ce propos, on déplore comme l'année dernière le manque d'originalité. Don Giovanni, Simon Boccanegra, Le nozze di Figaro, Cosi fan tutte ont déjà fait, il y a peu de temps dans cette même maison, l'objet d'une nouvelle mise en scène. Ailleurs à Paris, la situation n'est pas beaucoup plus réjouissante. L'Opéra Comique joue toujours les "Belle au bois dormant" en attendant le prince charmant baroque qui doit le réveiller. Le Châtelet, même si il fait deux clins d'oeil au très courtisé Valery Gergiev, se concentre avant tout sur La Tétralogie de Bob Wilson. Le Théâtre des Champs Elysées, plus étoffé, se spécialise dans les années antérieures à la prise de La Bastille en osant un timide crochet vers le bel canto romantique avec Semiramide et Roberto Devereux. Mozart est à l'honneur en son année mais il est dommage que deux des cinq opéras proposés le soit aussi à l'Opéra de Paris. En fin de compte, parmi les 23 oeuvres lyriques qu'il affiche, seuls Lully avec Alceste et Le bourgeois gentilhomme et Rameau avec les Indes galantes sont prophètes en leur pays. "Non, c'est impossible, j'ai fait un songe horrible" s'exclamerait Zurga des Pêcheurs de perles. Encore faudrait-il lui donner la possibilité de le chanter. [CR]

Oui voilà la vie parisienne !

"C'est donc ça la vie parisienne ?" est tenté de s'écrier le lyricomane à la lecture de la brève ci-dessus. Non, heureusement, c'est aussi l'un des ouvrages les plus pétillants de Jacques Offenbach qui, à défaut de bénéficier des faveurs des plus grandes scènes lyriques françaises, se produit du 6 avril au 29 mai au Théâtre Silvia Monfort dans le quinzième arrondissement de Paris. Après Longjumeau et Dijon, en même temps qu'ils explorent le Maroc (lire la brève du 26 mars dernier), Olivier Desbordes et sa compagnie nationale de théâtre lyrique et musical Opéra éclaté, basée normalement en Midi-Pyrénées, font étape dans la capitale française. Inutile d'apprendre le livret par coeur avant de se rendre au spectacle, la distribution réunie pour l'occasion sous la baguette de Dominique Trottein est entièrement francophone. [CR]

Muti, c'est fini

Les démêlés de Ricardo Muti avec la Scala de Milan défrayaient la chronique depuis un certain temps ; nous en avions relaté certains épisodes (lire les brèves du 19 mars et du 27 février). Le feuilleton touche à sa fin. Le maestro italien vient de donner sa démission. "C'est un choix obligatoire", a-t-il déclaré pour expliquer sa décision, "malgré les marques d'estime exprimées durant le conflit par le conseil d'administration, l'hostilité manifestée d'une manière aussi ouverte par des personnes avec lesquelles j'ai travaillées depuis presque 20 ans rend impossible de poursuivre une collaboration qui devrait être fondée sur l'harmonie et la confiance". Et il conclut : "Faire de la musique ensemble n'est pas seulement un travail de groupe mais demande de l'estime de la passion et de l'entente, sentiments que j'ai cru être la constante de ces 20 années passées à La Scala". [CR]


Stéphane Lissner
Brèves du 23/04/05

Tugan Sokhiev
Brèves du 15/04/05

Jessye Norman
Brèves du 09/04/05

Anna Caterina Antonacci
(ici en Cassandre)
Brèves du 07/04/05

Riccardo Muti
Brèves du 03/04/05

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