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Berg, Webern, Schoenberg

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CD
4 avril 2011
Un quatuor à bonne école

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor à cordes n°2 op. 10
Anton Webern (1883-1945)
Six bagatelles pour quatuor à cordes op. 9
Alban Berg (1883-1945)
Suite Lyrique
Sandrine Piau (soprano)
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Quatuor Diotima
Enregistré en juin 2010, MC2, Grenoble
1 CD Naïve –V 5240

Avec ses deux mouvements « vocaux » et une écriture que l’on peut considérer comme le « degré zéro » de l’atonalité (bien qu’il soit noté en fa dièsemineur), le Quatuor n°2 op.10 d’Arnold Schoenberg est une page importante dans la complexe évolution du langage musical. Très à l’aise avec cette esthétique, le Quatuor Diotima poursuit son parcours discographique sans faute, après de très beaux enregistrements consacrés, entre autres, à Janáček (Alpha), Oslow (Naïve) et Durosoir (Alpha). En utilisant les innombrables nuances dynamiques contenues dans la partition, les instrumentistes rendent la texture polyphonique très claire –même si, de manière générale, on aimerait un alto plus présent. Leur sens de l’architecture, la fulgurance de certaines sections (dans le Sehr rasch !) et la réalisation parfaite des effets sonores (pizzicatos rageurs, sul ponticelo magnifiques, etc.) font de cette interprétation analytique une belle réussite. Sandrine Piau signe de son côté une prestation très expressive. Se fondant dans la polyphonie, elle nous plonge magnifiquement dans le climat érotico-macabre et délétère de la Vienne « fin de siècle ». Troublant et magistral.  

 

Chef-d’œuvre absolu dans le style aphoristique, les Six Bagatelles pour quatuor à cordes op. 9 de Webern sont dédiées à Alban Berg –notons que le présent enregistrement propose un mouvement chanté inédit (Schmerz immer, Blick nach oben). L’extrême brièveté de ces pages exige des musiciens qu’ils puissent s’exprimer en un instant, sans avoir l’occasion de « s’installer » dans l’œuvre. Les interprètes doivent donc aller directement au but afin de rendre l’essence de ces diamants bruts. Dans une lecture moins violente que les Emerson (Deutsche Grammophon) mais plus kaléidoscopique que la récente gravure des Hagen (Myrios), les Diotima réussissent le tour de force de pénétrer le cœur de ces miniatures et d’en rendre les mille reflets colorés.   

 

Largement dodécaphonique1, la Suite Lyrique d’Alban Berg cite textuellement la formidable Symphonie Lyrique de Zemlinsky (dédicataire de l’œuvre) et Tristan et Isolde de Wagner. Elle apparaît comme la petite sœur des œuvres en six mouvements de Mahler (Le Chant de la Terre) et, tout comme les Lettres intimes de Janáček ou le Quatuor n°5 de Martinů, est une pièce chambriste en forme de preuve d’amour extraconjugale. En effet, bien que marié à Hélène, le compositeur y cache un message à l’intention d’Hanna Fuchs, sœur de Franz Werfel et, par conséquent, belle-sœur d’Alma Mahler. Pour ce faire, il utilise un motif formé sur les notes la, si bémol, si bécarre, fa qui, dans le système solfégique allemand, se lisent A, B, H, F (initiales d’Alban Berg –Hanna Fuchs). La version choisie ici est celle où la voix chante, dans le Largo desolato final, le De profundis Clamavi de Baudelaire traduit par Stefan George. Très à l’aise dans les autres mouvements, les instrumentistes s’y laissent un peu trop submerger par le charisme vocal de Marie-Nicole Lemieux, dont le timbre généreux et le sens dramatique embrassent la musique de manière idéale.   

 

Nicolas Derny

 

 

1 Dodécaphonisme sériel construit de tel manière que des repères tonals émergent (accords, relations, etc.).

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Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor à cordes n°2 op. 10
Anton Webern (1883-1945)
Six bagatelles pour quatuor à cordes op. 9
Alban Berg (1883-1945)
Suite Lyrique
Sandrine Piau (soprano)
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Quatuor Diotima
Enregistré en juin 2010, MC2, Grenoble
1 CD Naïve –V 5240

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