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Dix opérettes pour les fêtes

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Actualité
22 décembre 2016
Dix opérettes pour les fêtes

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Charmante, gaie, joyeuse, légère, exquise, sentimentale, vive, entrainante,  affriolante… L’opérette, cette fille de l’opéra-comique qui selon Saint-Saëns aurait mal tourné, suscite autant d’adjectifs délicieux qu’elle offre de visages, selon les pays et les époques. Née officiellement en France au milieu du 19e siècle, elle se développe et se répand ensuite en Europe durant plus d’un siècle avant de donner à son tour naissance à une fille qui, depuis, a également mal tourné : la comédie musicale. Aujourd’hui, synonyme de fêtes, l’opérette revit sur nos scènes, entre Noël et le Jour de l’An, avec trop souvent les mêmes titres. Et si nous profitions de cette fin d’année pour en découvrir de nouveaux ?


1. Jacques Offenbach, Monsieur Choufleuri restera chez lui (1861)

On oublie qu’avant de virer fleur bleue sous la IIIe République, l’opérette fut d’abord satirique. Les ouvrages les plus fameux d’un des fondateurs du genre – Jacques Offenbach – n’avaient d’autre intention que de brocarder les mœurs et coutumes de leur temps. Si leur dimension parodique nous échappe aujourd’hui car liée intimement à une époque que nous n’avons pas connue, le snobisme raillé dans Monsieur Choufleuri, lui, demeure intemporel. Et le pastiche d’opéra italien que comporte la partition reste jubilatoire pour tout mélomane un tant soit peu familier des ouvrages de Bellini ou Donizetti. [Christophe Rizoud]

2. Gilbert & Sullivan, The Pirates of Penzance (1879)

Réponse britannique à Offenbach, sir Arthur Sullivan avait trouvé ses Meilhac et Halévy en la personne de William S. Gilbert. A eux deux, ils produisirent quatorze opérettes entre 1871 et 1896, avec pour cible favorite l’incompétence des autorités. Sur les livrets délicieusement absurdes de son aîné Gilbert, Sullivan sut composer une musique pleine d’entrain, l’union des mots et des notes trouvant peut-être son apogée dans le « patter song », air à interpréter aussi rapidement et distinctement que possible, lointain descendant du chant syllabique rossinien. [Laurent Bury]

3. Claude Terrasse, La Botte secrète (1903)

Compositeur de musique de scène pour Ubu roi, beau-frère de Pierre Bonnard, Claude Terrasse fut vers 1900 le maître incontesté de l’opérette, souvent sur des livrets concoctés par Robert de Flers et Gaston Arman de Caillavet, auxquels on doit la version française de La Veuve joyeuse. C’est sur un texte de Franc-Nohain, librettiste de L’Heure espagnole, qu’il composa La Botte secrète, qui réunit calembours, grivoiserie, satire sociale et parodie musicale (avec, dans ce duo, des citations du Sigurd d’Ernest Reyer). [Laurent Bury]

4. Maurice Yvain, Ta bouche (1922)

Premier volet de ce qu’avec Pas sur la bouche et Bouche à Bouche on appelle la trilogie buccale de Maurice Yvain, Ta Bouche avec ses mélodies enjouées posées follement sur des rythmes alors à la mode rappelle que Paris fut une fête. La critique ne s’y trompa pas. «Toute la fadasserie sentimentale qui fait l’ignominie du genre a ici disparu. Il ne reste que comique et grâce vive », put-on lire au lendemain de la première. Reste à comprendre pourquoi aujourd’hui ce chef d’œuvre d’esprit et de légèreté n’est pas plus souvent représenté. [Christophe Rizoud]

5. André Messager, L’Amour masqué (1923)

Epoux en deuxièmes noces d’Yvonne Printemps, Sacha Guitry eut l’intelligence de s’assurer les services des meilleurs compositeurs pour concevoir des oeuvres qui  mettraient en valeur son épouse autant que lui-même. Dans L’Amour masqué, il est donc convenu que le rôle principal masculin parle sur la musique (le grand Sacha ne savait pas chanter) tandis que l’héroïne lui donne la réplique en chantant. Même si cette opérette est devenue trop rare à la scène, bien peu de chanteuses ont pu résister à l’air « J’ai deux amants » où, comme dans La Périchole, on disserte sur la bêtise des hommes. [Laurent Bury]

6. Reynaldo Hahn, O mon bel inconnu (1933)

Ô mon bel inconnu est à l’opérette ce que Théorème, le film de Pasolini, est au cinéma : l’irruption du désir amoureux trouble la vie quotidienne des membres d’une même famille. Mais ce trouble, mis en mots par Sacha Guitry et en musique par Reynaldo Hahn, ne peut qu’être charmant. « Qu’est-ce qu’il faut pour être heureux ? » chante la bonne Félicie, interprétée lors de la création par Arletty. La réponse tient en trois actes et une quinzaine de numéros – dont le fameux trio qui donne son nom à la pièce –, tous plus délicieux les uns que les autres. [Christophe Rizoud]

7. Franz Lehar, Giuditta (1934)

Qui dit opérette viennoise, dit Franz Lehár, La Veuve joyeuse et une vingtaine d’autres titres composés entre 1896 et 1934. À défaut d’être la plus connue, la dernière d’entre elles, Giuditta, est la plus ambitieuse.  Il n’y a pas loin d’ailleurs entre l’opéra et cette musikalische Komödien inspirée à la fois de Carmen, le chef-d’œuvre de Bizet, et de Morocco, le film avec Marlene Dietrich et Gary Cooper. La fin tragique, étonnante pour un ouvrage supposé léger est une des surprises que réserve la partition. Le sex-appeal affolant de « Meine Lippen, sie küssen so heiß » lorsqu’il est interprété par des grandes voix – Teresa Stratas hier, Anna Netrebko en concert à Baden-Baden il n’y a pas si longtemps –, en est une autre. (Christophe Rizoud]

8. Moïses Simons, Toi c’est moi (1934)

Longtemps, Toi c’est moi n’aura survécu qu’à travers son adaptation cinématographique, où brillent les chanteurs duettistes Pills et Tabet, mais aussi des acteurs comme Saturnin Fabre, Simone Simon (bien connue des cinéphiles pour La Bête humaine ou La Féline) ou l’incomparable Pauline Carton. La reprise de l’œuvre par Les Brigands il y a quelques années a pourtant montré que la partition de Moïses Simons mérite sa place au panthéon des opérettes et inclut bien d’autres numéros savoureux que l’ineffable duo des Palétuviers. [Laurent Bury]

9. Pablo Sorozábal, La tabernera del puerto (1936)

Aucune des vingt-mille zarzuelas recensées depuis la naissance du genre au 18e siècle n’a franchi les Pyrénées. Cette forme d’opérette, cousine espagnole de notre opéra-comique et du singspiel allemand, n’a en effet jamais réussi à prendre racine en dehors du monde ibérique, La tabernera del puerto pas plus qu’une autre. À défaut d’être représenté dans nos contrées – ce qui est fort dommage tant il contient de pages séduisantes –, cet ouvrage s’invite souvent sur nos scènes en récital par l’intermédiaire de son air le plus connu – popularisé par Placido Domingo puis par Rolando Villazón – : l’incendiaire « No puede ser ». [Christophe Rizoud]

10. Francis Lopez, Le Chanteur de Mexico (1951)

Même ceux qui sont allergiques à Luis Mariano doivent reconnaître que Francis Lopez fut le dernier grand compositeur d’opérettes, dont le succès reposa non seulement sur l’immense popularité de son ténor star, mais aussi sur une intarissable veine mélodique qui lui permit de multiplier les tubes au fil des décennies. Plutôt que l’immortel « Mexico, Mexiiiiiiico », glissons une oreille vers un autre air du Chanteur de Mexico, avec une pensée pour Florian Laconi qui est sur le point d’en porter le sombrero à l’Opéra d’Avignon. [Laurent Bury]

 

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