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Le Théâtre des Champs-Elysées

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Actualité
17 décembre 2018
Le Théâtre des Champs-Elysées

Infos sur l’œuvre

Détails

*** Mis à jour par Christine Ducq en 2024 ***

Bien sûr, les dates les plus marquantes dans l’histoire du Théâtre des Champs-Elysées sont liées au ballet, plus qu’à l’art lyrique : Le Sacre du printemps dès sa première saison, les Ballets Russes, les Ballets Suédois, les Ballets du marquis de Cuevas après la guerre… Mais si les plus grands chefs se sont succédé sur le plateau ou dans la fosse, les plus grands chanteurs s’y sont aussi produits en récital, et en matière de représentations d’opéra, le TCE affiche également un bilan impressionnant.


Adresse : 15, avenue Montaigne, 75008 Paris

Institution lyrique hébergée : le Théâtre des Champs-Elysées, destiné à la musique, partage le bâtiment avec la Comédie et le Studio des Champs-Elysées, réservés au théâtre parlé. Il appartient depuis 1970 à la Caisse des dépôts et consignations

Directeur : Michel Franck, depuis 2010 et jusqu’à l’été 2025 puis Baptiste Charroing.

Site web : https://www.theatrechampselysees.fr/

Années de construction : 1911-1913

Architectes : Roger Bouvard, Henry Van de Velde, et surtout Auguste et Gustave Perret

Style architectural : Préfiguration de l’Art Déco, par la simplicité revendiquée de son décor rectiligne.

Répertoire de prédilection : Variable selon les décennies et les directeurs… On peut néanmoins noter un attachement durable pour la musique ancienne : au cours de la saison 1914-1915, Debussy en personne aurait dû diriger des représentations des Indes galantes, et Hippolyte et Aricie y fut donné notamment en 1947, avec Roger Désormière à la baguette, ainsi qu’en 1964, sous la direction de… Pierre Boulez ! Ces derniers temps, on a pu entendre au TCE pas mal de baroque (Lully, Haendel, Vivaldi) et de belcanto (Rossini, Donizetti), mais tout le « grand répertoire » y est également défendu, sinon scéniquement, au moins en concert.

Activités pédagogiques et culturelles : Depuis quelques années, le Théâtre des Champs-Elysées présente au moins un spectacle destiné au jeune public. On peut citer dans le passé Un barbier, version courte du Barbier de Séville, ou Une Carmen, étoile du cirque, avec plusieurs représentations dans le temps scolaires, à un tarif extrêmement abordable. Les enseignants peuvent préparer la  venue de leurs élèves grâce à des dossiers d’accompagnement élaborés par le Théâtre. Des formules sont également proposées aux enseignants du second degré et aux universitaires souhaitant venir avec leurs classes. Le jeune public en cette saison 2024-2025 se verra offrir par le TCE un opéra participatif, Un Elixir d’amour d’après Donizetti, en français et en version réduite, dans lequel les enfants seront partie prenante, une Flûte enchantée avec quatuor à cordes et mimes d’après Mozart, plusieurs concerts à des prix attractifs, et des séances adaptées à de jeunes spectateurs souffrant de handicaps (malentendants, sourds, malvoyants, aveugles).

Histoire : En juillet 1906, Gabriel Astruc obtient de la Ville de Paris une promesse de concession pour un terrain situé à l’emplacement de l’ancien cirque d’été, sur l’esplanade des Champs-Elysées. Il est initialement question d’y bâtir un Palais Philharmonique incluant trois salles de 2200, 1000 et 800 places, mais qui est bientôt ramené à une seule. La Ville ayant rompu ses engagements en juillet 1909, Astruc part à la recherche d’un autre terrain. En février 1910, il fait l’acquisition d’une parcelle située avenue Montaigne. L’architecte Roger Bouvard dessine un plan qui restera grosso modo inchangé, mais avec un habillage néo-classique, style Trianon. Déçu, le bras droit d’Astruc, Gabriel Thomas, parvient à attirer le Belge Henry Van de Velde, un des grands noms de l’Art Nouveau, connu pour ses réalisations à Bruxelles et en Allemagne. Nommé architecte conseil pour la décoration du Théâtre, Van de Velde donne au projet un aspect plus moderne. Envisageant une charpente en béton armé, il rencontre les frères Perret, à la tête d’une entreprise spécialisée dans cette technique encore assez nouvelle.

Le 6 février 1911, les frères Perret déclare le projet « inconstructible en béton armé » et modifient le plan. Ils envisagent d’abord une façade aveugle, mais c’est finalement Antoine Bourdelle qui prend la responsabilité de la décoration extérieure – avec une frise monumentale évoquant Apollon et les muses, et cinq bas-reliefs évoquant les arts présents dans l’édifice – mais aussi intérieure, le sculpteur se faisant pour l’occasion peintre de fresques, avec une trentaine de scènes mythologiques dans l’atrium et sur le pourtour des loges. Le plafond de la salle est confié à Maurice Denis, avec quatre grandes compositions, dont deux relatent l’histoire de l’opéra, de la tragédie lyrique au vérisme, en passant par Wagner. A Henri Lebasque reviennent les paysages du Salon des Dames, à Jacqueline Marval les dix panneaux du Foyer de la danse sur le thème de Daphnis et Chloé. L’édifice est classé monument historique en décembre 1957, trois ans après le décès d’Auguste Perret. a salle a fait l’objet d’une restauration intégrale en 1986-87.

Le Théâtre des Champs-Elysées possède un frère jumeau, au moins partiel. De 1924 à 1927 fut construit à Istanbul un théâtre voulu par le député Süreyya Ilmen, qui avait rapporté de ses voyages en Europe une grande admiration pour les édifices les plus modernes. L’Opéra-théâtre Süreyya reproduit à l’identique le vestibule et le péristyle du TCE (moins les fresques), le reste du bâtiment étant tout à fait différent.

Premier opéra représenté : Benvenuto Cellini, de Berlioz, le 2 avril 1913 (générale le 31 mars, lors du gala d’inauguration du théâtre), sous la direction de Felix Weingartner, le spectacle étant réglé par le ténor wagnérien Ernest van Dyck. L’œuvre n’avait plus été donnée intégralement à Paris depuis sa création en 1838

Soirées marquantes :

  • 10 mai 1913, création parisienne de Pénélope de Fauré, dont la première mondiale a eu lieu à Monte-Carlo en mars de la même année
  • Au printemps 1914, Tristan et Isolde, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg et Parsifal sont pour la première fois donnés en allemand à Paris
  • 18 juin 1928, création française de Jonny Spielt Auf, de Krenek
  • 2 mai 1952, création scénique française de Wozzeck, par la troupe de l’Opéra de Vienne
  • 25 novembre 1954, création de L’Ange de feu de Prokofiev, intégrale, en français, en version de concert
  • 7 décembre 1973, dernier concert parisien de Maria Callas, en duo avec Giuseppe di Stefano

Acoustique : Globalement bonne, mais très variable selon la place que vous occupez et le type d’orchestre, selon qu’il est sur scène ou en fosse. Les places de parterre sont évidemment celles qui offrent la meilleure visibilité et le plus grand confort sonore, l’essentiel étant d’éviter les places situées complètement sur le côté, en fond de loge, d’où vous risquez de ne pas voir grand-chose (à moins que vous ne préfériez qu’il en soit ainsi…)

Tarifs : Pour les opéras mis en scène, six catégories allant de 5 euros pour les places sans visibilité (en vente aux caisses, une heure avant le début du spectacle) à 180 pour les meilleures. L’abonnement permet une réduction allant de 5, 15 à 30% du prix des places selon les formules. Pour 35 euros hors abonnement, on peut malgré tout avoir des places de face, au quatrième et dernier étage du théâtre. Pour les opéras en version de concert, six catégories allant de 5 à 180 euros pour les concerts les plus prestigieux (mais en cette saison ce sera 140 euros maximum, pour un Don Giovanni avec Florian Sempey). Pour les moins de 26 ans, la Carte Jeune (à 15 euros) permet de se procurer des places allant de 10 à 20 euros selon les spectacles. Pour les autres, la Carte Liberté est proposée en deux versions, Solo (30 euros) et Duo (50 euros) pour acheter des places à moins 10% toute l’année.

Anecdote : En 1924, dans L’Inhumaine, chef-d’œuvre de Marcel Lherbier, on peur voir dans le rôle de la cantatrice Claire Lescot rien moins que Georgette Leblanc, maîtresse de Maeterlinck, que celui-ci aurait voulu imposer en Mélisande à Debussy, et qu’il réussit à imposer à Dukas pour créer Ariane et Barbe-Bleue. Et le cinéaste a souhaité recréer un scandale comparable à celui du Sacre du printemps en 1913 : les figurants sont en réalité des membres de la haute société parisienne, conviés à feindre l’enthousiasme ou l’indignation.

Les bémols : Seulement 6 emplacements réservés pour accueillir les spectateurs à mobilité réduite. Il faut appeler le théâtre au 01 49 52 50 50 pour en organiser l’accueil. Attention : au vestiaire, chaque objet déposé vous coûtera deux euros. Il ne faut plus donner de pourboire aux placeurs et placeuses.

Les dièses : Le plaisir incomparable de pouvoir admirer un bâtiment qui, grâce à une restauration soignée, a retrouvé l’aspect qu’il avait il y a un siècle, sans aucune modernisation disgracieuse. Le personnel très souriant et accueillant, les différents bars, où les commandes peuvent se prendre à l’avance pour l’entracte.

Accès : Métro Alma-Marceau (ligne 9) ou Franklin-Roosevelt (ligne 1), RER Pont de l’Alma (ligne C), arrêt également desservi par les lignes d’autobus 42, 63, 72, 80 et 92. Une station de taxi se trouve place de l’Alma, et une station Vélib’ a été créée en face du Théâtre. Le parking Alma-George V accueille les automobilistes.

Où dîner à proximité ? Au Bar des Théâtres, où on peut parfois croiser certains artistes après le spectacle (des chanceux ont croisé Marina Rebeka par exemple), et qui propose un service avant ou après le concert. Possibilité aussi de réserver son encas aux bars du TCE avant le spectacle pour ne pas faire la queue à l’entracte.

Où dormir à proximité ? L’hôtel sans doute le plus proche du Théâtre des Champs-Elysées est le Plaza Athénée. Il a été inauguré en 1913, comme le TCE, mais est construit dans un style néo-XVIIIe 1900, très loin des audaces de Van de Velde et des frères Perret. Evidemment, avec ses 5 étoiles, il n’est pas à la portée de toutes les bourses…

Pour en savoir plus : A l’occasion du centenaire, un volume très richement illustré est paru. Depuis, les éditions Verlhac publient une collection de fascicules d’environ 75 pages, qui reviennent sur des aspects spécifiques de l’histoire du lieu. Derniers numéros parus dans cette série intitulée « Chroniques du Théâtre des Champs-Elysées » : Le Roman du Théâtre, ou le rêve d’un Palais Philharmonique, par Joseph Abram, et Une brève histoire en affiches : un siècle de musique, de ballet et de théâtre

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