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CAMPRA, Requiem – Ancy-le-Franc

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Spectacle
5 juillet 2023
Piété et ferveur des maîtres de Notre-Dame

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

André Campra

Messe de Requiem

Détails

Jean Veillot

Sacris solemniis

Domine salvum fac regem

Ave verum corpus

François Cosset

Missa Domine salvum fac regem

Pierre Robert

Christe redemptor

André Campra

Requiem

 

Ensemble Correspondances

Direction

Sébastien Daucé

 

Château d’Ancy-le-Franc (Yonne), Festival Musicancy, 2 juillet 2023, 17h

Après la création d’un opéra fantastique (Les Mystères du Père-Lachaise, d’Edwin Baudo), pour sa vingtième édition, le festival Musicancy a convié Sébastien Daucé et son ensemble Correspondances, pour un programme neuf. Le château d’Ancy-le-Franc (1), joyau de la Renaissance, accueille dans sa splendide cour intérieure, à l’acoustique exceptionnelle, des œuvres sacrées du baroque français, dont nos interprètes se sont faits les champions. Nous parcourrons ainsi pas moins de cinquante ans de productions en relation avec Notre-Dame de Paris, à travers cinq compositeurs qui y officièrent comme maîtres de chapelle (ou de musique), et dont la figure de Campra est la plus connue.

Son Requiem est la pièce maîtresse, à laquelle sera consacrée la seconde partie du concert. La première est dévolue à des œuvres sacrées, une messe et des motets, de maîtres plus ou moins tombés dans l’oubli, fort injustement.

La Sacris solemniis de Jean Veillot, dont ne nous sont parvenus que trois motets, nous offre de belles polyphonies, à 5, renouvelées à souhait, où soli, petit chœur, grand chœur rivalisent, alternant avec de beaux intermèdes instrumentaux, préfiguration du grand motet versaillais. La messe « Domine salvum fac regem » de François Cosset, successeur de Veillot à Notre-Dame, se caractérise par son écriture austère, sobre. A retenir, après l’intonation du Gloria, l’Et in terra pax, où passages homophones et contrapuntiques se succèdent, avec l’heureux choix de colorer les lignes vocales par leur doublure au moyen de deux flûtes à bec, du basson et du serpent. Pas de Credo, mais un Regina caeli de Lalouette, entre le Gloria et le Sanctus. Les trois dessus s’y accordent idéalement pour une musique séduisante, la piété peut être gracieuse et jubilatoire (Alleluia). De Jean Veillot, encore, le motet Domine salvum fac regem, si souvent illustré alors (2) . Les cinq solistes y rivalisent avec les différentes formations du chœur. Suit un Ave verum corpus de belle facture, où les voix d’hommes  se montrent sous leur meilleur jour. Le Christe redemptor, de Pierre Robert – auquel Michel Richard Delalande succédera à Notre-Dame  – relève d’un langage original, renouvelé sinon versatile, comme semble avoir été l’existence du compositeur. Une nouvelle et belle découverte.

Sous la direction engagée et inspirée de Sébastien Daucé, toujours la musique respire, retrouvant une fraîcheur naturelle, une profondeur qui dépasse l’aspect démonstratif ou décoratif commun. L’ornementation, individuelle comme collective, souple et délicate, sert idéalement la ligne mélodique. Quatorze chanteurs et un ensemble instrumental de dix-neuf musiciens, l’équilibre est constant, pour un effectif comparable à celui de la Chapelle en 1723. Renonçons à énumérer les solistes, également superbes, tant ils se renouvellent au fil de pièces. Toutes les qualités soulignées vont culminer dans le Requiem de Campra (3).

La symphonie à trois sur laquelle s’ouvre l’œuvre impose cette gravité profonde qui imprégnera la partition. La noblesse sereine et résignée de l’Introït (Requiem) ne peut laisser insensible. Le Kyrie, intime, accablé, va s’amplifier pour une émouvante supplication. Les modelés, la lisibilité des parties, comme leur harmonie n’appellent que des éloges. Le caractère éminemment dramatique de l’Offertoire garde sa gravité tendue, sans jamais céder à la tentation opératique. Une belle symphonie en sol mineur l’ouvre, annonciatrice de ses motifs, à travers le frémissement des cordes, propre à illustrer le texte, sans figuralisme littéral. L’opposition des flûtes aux cordes, un continuo réactif, un effectif renouvelé, ménageant les oppositions, les contrastes, c’est un constant régal, où la ferveur le dispute à la plénitude. Il en ira de même avec le Sanctus où duo, puis solo alternent avec le grand chœur avant l’Osanna. L’Agnus Dei ne sera pas en reste, dont on retient le récit introductif comme le solo du Lux aeterna. Le retour de l’émouvant Requiem, apaisé et profond, conclut ce moment où le temps a été littéralement suspendu.

Le magnifique Tristis est anima mea de Pierre Robert, sera offert en bis au public, conquis. Le 16 juillet, aux Promenades musicales du Pays d’Auge, les passionnés qui ont laissé passer cette première occasion, pourront se rattraper, à moins qu’ils attendent août (Rouen) ou mars prochain (à Perpignan).

(1) dont la construction a commencé en 1542, initiée par Antoine de Clermont-Taillard, favori d’Henri II. C’est à Serlio, « peintre et architecte du Roy », rencontré sur le chantier de Fontainebleau, que la réalisation sera confiée. L’édifice, où se conjuguent harmonieusement les principes italiens et français, sa décoration intérieure, son immense parc, à eux seuls, valent plus que le détour.
(2) semble s’être installé dans le paysage polyphonique dès la première moitié du siècle précédent. C’était une sorte d’hommage à la monarchie régnante et à la France que le monarque conduisait.
(3) même si l’auditeur a peine à la percevoir, la symétrie quasi parfaite de la messe, avec l’Offertoire au centre, rejoint celle de la cantate « Christ lag in Todesbanden » de Bach. Fruit de la volonté du compositeur, évidemment, dans chacun des cas, qui sont loin d’en être les seuls.
(4) dans le silence qui précède l’Hostias, une tourterelle, malicieuse ou inspirée, chante le rythme de l’incise …

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Missa Domine salvum fac regem

Pierre Robert

Christe redemptor

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Requiem

 

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