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VERDI, La traviata — Venise

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Spectacle
17 septembre 2013
Carsen, le ticket chic

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI

La Traviata
Opéra en trois actes
Création, Venise, La Fenice, 6 mars 1853
Livret de Francesco Maria Piave
D’après Alexandre Dumas fils

Mise en scène
Robert Carsen
Décors et costumes
Patrick Kinmonth
Chorégraphie
Philippe Giraudeau
Lumières
Robert Carsen et Peter Van Praet

Violetta Valery
Elena Monti
Alfredo Germont
Piero Pretti
Giorgio Germont
Dimitri Platanias
Flora Bervoix
Chiara Fracasso
Annina
Sabrina Vianello
Gastone
Iorio Zenaro
Le baron Douphol
Armando Gabba
Le docteur Grenvil
Mattia Denti

Orchestre et Chœur du Teatro La Fenice
Direction musicale
Diego Matheuz

Venise, Teatro La Fenice
17 septembre 2013, 19h

 

Pas de star du box office pour la reprise de cette Traviata qui a marqué en 2004 la réouverture de la Fenice, après l’incendie. Elena Monti n’a rien d’une vamp, mais sa Violetta touche tant par le naturel et la sincérité de l’actrice que par un chant lumineux, nuancé, vibrant. La pureté de « È strano ! É strano ! », la souplesse des vocalises sur le mot gioia charment l’oreille ; l’accent de « Dite alla giovane – si bella et pura » et le désespoir de « Gran Dio !… Morir si giovane » vont droit au cœur. Le coup de foudre entre Violetta et Alfredo est d’autant plus crédible que le ténor Italien Piero Pretti n’a rien du bellâtre. Timbre de velours, aigu facile, phrasé et diction impeccables. Altier sans arrogance, séduisant sans être un séducteur, il forme avec cette Violetta attirante et joliment sensuelle, un couple presque idéal.
 

Giorgio Germont est interprété par le chanteur grec, Dimitri Platanias, baryton verdien émérite. Doté d’une voix ample, agréable et puissante, il a interprété notamment des rôles comme Nabucco, Rigoletto et Iago. Avec lui, le magnifique duo avec la soprano est parfait de musicalité. Sa forte corpulence lui confère une autorité naturelle. Son attitude statique, au premier abord, n’exclut pas l’intelligence théâtrale qui lui permet de peindre avec sensibilité l’évolution d’un personnage en fin de compte très humain. Quant aux divers rôles secondaires, mais importants pour l’équilibre d’une représentation réussie, ils sont tous tenus avec justesse, talent, et compétence.

Autre atout de la soirée, le jeune maestro Diego Mateusz, violoniste de formation, qui sait faire chanter les instruments et mettre en valeur cette partition riche en contrastes et en harmoniques, d’un style entièrement nouveau pour son époque. Comme il se doit à l’opéra, sa direction fluide, voluptueuse et précise est avant tout au service des chanteurs — il respire constamment avec eux. Bien préparé, très engagé dans l’action, le chœur de La Fenice s’avère excellent. Voilà pour l’ivresse musicale.
 
Pour ce qui est du flacon portant l’étiquette Robert Carsen, l’on ne peut qu’admirer l’intelligence de la vision moderne de cette rédemption par l’amour, sublimée par une musique somptueuse. Comme à l’accoutumée, l’élégance, le raffinement, et l’originalité qui sait dépasser la vraisemblance au bénéfice du théâtral, sont les recettes qui ont fait le succès du metteur-en-scène canadien. Lit gigantesque, plateaux d’argent, verres à pied, lampes à foison, tenues suggestives, le tout savamment dosé et entouré par une nature irréelle et poétique. C’est en s’accompagnant au piano, au milieu des invités en liesse, qu’Alfredo exécute son air d’entrée « Libiamo, libiamo ne’ lieti calici, ». Tandis qu’après le premier duo amoureux, le ténor réapparait pour « Amor, amor è palpito », Violetta, allongée sur son lit avec Gastone, subit distraitement des caresses sans effet, alors, qu’à l’évidence, l’entendant sans le voir, c’est avec Alfredo qu’elle fait l’amour en pensée. Verdi, paysan de Busseto, aurait voulu que sa Traviata soit représentée en costumes contemporains afin de dénoncer clairement l’hypocrisie de la société bourgeoise et nantie, aux mœurs relâchées dans laquelle il vivait.. En réponse à ce souhait, tombe, sans discontinuer durant les deux premiers actes, une pluie de billets verts symboles de la pollution par l’argent. Et, quand il s’agit de replonger le spectateur dans une atmosphère de fête insouciante, sexy, et déchaînée, avec un ballet disco, Carsen convoque l’image du groupe américain, Village People, icône gay des années 1980. En revanche, dans les instants dramatiques intenses, il sait se faire discret. Ainsi, est-ce dans un décor dépouillé, baigné d’une lumière grise, que la mort surprend Violetta et qu’elle s’effondre sur le mot joie dans les bras d’Alfredo. 

Au regard de sa qualité, cette représentation vénitienne est applaudie assez froidement par un public comprenant de très nombreux touristes. Avant que le rideau ne se lève sur l’acte final, sans doute pressés d’aller dîner, quelques uns d’entre eux avaient déserté leurs fauteuils.

Prochaines représentations avec une autre distribution : 27, 28 septembre.

 

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Giuseppe VERDI

La Traviata
Opéra en trois actes
Création, Venise, La Fenice, 6 mars 1853
Livret de Francesco Maria Piave
D’après Alexandre Dumas fils

Mise en scène
Robert Carsen
Décors et costumes
Patrick Kinmonth
Chorégraphie
Philippe Giraudeau
Lumières
Robert Carsen et Peter Van Praet

Violetta Valery
Elena Monti
Alfredo Germont
Piero Pretti
Giorgio Germont
Dimitri Platanias
Flora Bervoix
Chiara Fracasso
Annina
Sabrina Vianello
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17 septembre 2013, 19h

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