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Flammes de magiciennes — Froville

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Spectacle
5 juillet 2022
De la fureur à la démence grotesque de Platée

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Flammes de magiciennes

Récital de musiques vocales et instrumentales des XVIIe et XVIIIe siècles français

Détails

Médée vengeresse et cruelle

Jean-Féry Rebel : Le Chaos (extrait des Elémens),

Marc-Antoine Charpentier : Médée (cinq extraits)

Marin Marais : Tempête d’Alcyone

Médée amoureuse et humaine

Marc-Antoine Charpentier : Médée (deux extraits)

Marin Marais : Chaconne de Sémélé (acte II)

Les tourments amoureux de Galatée et d’Eolie

Jean-Baptiste Lully : Suite du Temple de la Paix et de l’Idylle sur la Paix (extraits) ; chaconne « Qu’une injuste fierté », d’Acis et Galatée ; gigue ; entrée des Basques.

Henri Desmarets : « Désirs, transports, cruelle impatience » (extrait de Circé)

Les tourments amoureux de Circé

Jean-Marie Leclair : « Serments trompeurs », de Scylla et Glaucus ; premier air en rondeau, loure.

L’invocation de Circé

Jean-Marie Leclair : « Noires divinités », suivie du deuxième air des démons (Scylla et Glaucus)

Vengeance, désespoir et folie

Jean-Philippe Rameau

Extraits de Castor et Pollux, de Dardanus, des Fêtes de l’hymen, et de Platée

Patricia Petitbon, soprano

Floriane Hasler, mezzo-soprano

Amarilllis

Direction musicale, hautbois et flûtes

Héloïse Gaillard

Prieuré de Froville (Meurthe et Moselle), 25ème édition du Festival de Froville, le 2 juillet 2022, 20h

Pour son concert de clôture, le 25e Festival de Froville a comblé son auditoire. De son côté, le vénérable prieuré du XIIe siècle était comble. L’affiche promettait bien du bonheur : Patricia Petibon, accompagnée de la mezzo Floriane Hasler, avec l’Ensemble Amarillis, que conduit Héloïse Gaillard.

Le programme, exclusivement consacré à la musique baroque française, s’articulait en deux parties, la première consacrée aux musiciens du Grand siècle, la seconde à leurs immédiats successeurs. Les pièces s’organisent autour d’héroïnes passionnées, mais aussi cruelles et vengeresses : Médée (à travers la tragédie lyrique de Marc-Antoine Charpentier), Circé (de Leclair) tout particulièrement, sans oublier des figures aussi attachantes que Galatée (Lully), Scylla (Leclair), Télaïre … et Platée (Rameau). Les pages instrumentales les plus contrastées rythment les enchaînements.

Amarillis rassemble pas moins de 17 musiciens autour du grand clavecin franco-flamand de Brice Sailly. Placée sur la droite, avec le second hautbois (aussi seconde flûte) et le basson, Héloïse Gaillard anime son ensemble tout en assurant les parties de hautbois comme de flûtes à bec (de la sopranino à la ténor). Elle vit pleinement tout ce qu’elle joue, avec une rare virtuosité, un sens des phrasés, des articulations et des rythmes qui forcent l’admiration. Ainsi la ritournelle pour les flûtes de la Médée de Charpentier est-elle un régal, ainsi les Tambourins de Castor et Pollux. Les pièces instrumentales, délibérément variées, à commencer par le célèbre Chaos, des Elémens de Jean-Féry Rebel, sont autant de réussites, pleines et colorées. Les percussions inventives de Yula renforcent le caractère fantastique, dramatique ou dansant, des pages qui y font appel.

L’acoustique généreuse du prieuré roman semble euphoriser les musiciens, parfois au détriment des équilibres. Toutes autres que Patricia Petibon et Floriane Hasler, à l’émission puissante, auraient sans doute été mises en danger par les cordes, d’une présence dominatrice. Autant les vents respirent, autant ces dernières, en dehors des pièces de Rameau, sont-elles perçues sans grandes nuances malgré de beaux modelés (« Quel prix de mon amour », Médée). Le jeu n’est pas adapté au volume et à l’acoustique de l’édifice. On est surpris par le tempo très allant de la chaconne de Sémélé (de Marin Marais), propre à valoriser les variations de la flûte et du violoncelle, mais qui altère quelque peu le caractère inexorable de la basse obstinée.


Patricia Petibon, Floriane Hasler et Amarillis  © Claudine Lin

Floriane Hasler, lauréate du dernier concours de chant de Froville, confirme toutes ses qualités au travers de ses airs comme du duo partagé avec Patricia Petibon (sans oublier le bis final) : la puissance, l’égalité des registres, la conduite du chant et son articulation nous promettent encore bien des bonheurs. Longueur de voix, soutien de la ligne, projection, servis par un timbre et une projection hors du commun, tragédienne autant que boute-en-train, avec gravité comme avec fantaisie, légèreté et séduction, les qualités de Patricia Petibon pourraient occuper des pages… Les ans n’ont pas prise sur celle qui illustre avec autant de bonheur Lully et Haendel comme Mozart, Debussy, Poulenc ou Philippe Boesmans.  L’émission conserve cette pureté des aigus tout en confortant le médium et les graves. Il faudrait énumérer chacune de ses interventions, jusqu’au poignant « Tristes apprêts » (Castor et Pollux). Impertinente, libre et affirmée, dans son chant comme dans son corps, Patricia Petibon s’en donne à cœur joie dans l’interprétation déjantée de l’air de Platée « Formons les plus brillants concerts », irrésistible couronnement d’une soirée inoubliable. Pour répondre aux chaleureuses ovations d’un public galvanisé, notre diva et Floriane Hassler lui offriront le « Sound the trumpet » de l’Ode à Sainte-Cécile de Purcell.

Laure Baert, son infatigable directrice artistique, a annoncé la 26e édition du Festival, déjà programmée du 3 juin au 8 juillet 2023 (le détail en sera publié en février). Entretemps, le concours international de chant baroque se tiendra dans le même cadre du 16 au 18 septembre prochain.

 

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Infos sur l’œuvre

Flammes de magiciennes

Récital de musiques vocales et instrumentales des XVIIe et XVIIIe siècles français

Détails

Médée vengeresse et cruelle

Jean-Féry Rebel : Le Chaos (extrait des Elémens),

Marc-Antoine Charpentier : Médée (cinq extraits)

Marin Marais : Tempête d’Alcyone

Médée amoureuse et humaine

Marc-Antoine Charpentier : Médée (deux extraits)

Marin Marais : Chaconne de Sémélé (acte II)

Les tourments amoureux de Galatée et d’Eolie

Jean-Baptiste Lully : Suite du Temple de la Paix et de l’Idylle sur la Paix (extraits) ; chaconne « Qu’une injuste fierté », d’Acis et Galatée ; gigue ; entrée des Basques.

Henri Desmarets : « Désirs, transports, cruelle impatience » (extrait de Circé)

Les tourments amoureux de Circé

Jean-Marie Leclair : « Serments trompeurs », de Scylla et Glaucus ; premier air en rondeau, loure.

L’invocation de Circé

Jean-Marie Leclair : « Noires divinités », suivie du deuxième air des démons (Scylla et Glaucus)

Vengeance, désespoir et folie

Jean-Philippe Rameau

Extraits de Castor et Pollux, de Dardanus, des Fêtes de l’hymen, et de Platée

Patricia Petitbon, soprano

Floriane Hasler, mezzo-soprano

Amarilllis

Direction musicale, hautbois et flûtes

Héloïse Gaillard

Prieuré de Froville (Meurthe et Moselle), 25ème édition du Festival de Froville, le 2 juillet 2022, 20h

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