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DONIZETTI, Lucia di Lammermoor — New York

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Spectacle
19 mai 2020
Insurpassé et peut-être insurpassable (streaming)

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes

Livret de Salvadore Cammarano, d’après La Fiancée de Lammermoor, roman de Walter Scott.

Création le 26 septembre 1835 au Teatro San Carlo, Naples

Détails

Production

Margherita Wallmann

Mise en scène

Bruce Donnell
Décors

Attilio Colonnello
Lumières

Gil Wechsler
Chorégraphie

Alicia Markova

Lucia di Lammermoor
Joan Sutherland

Edgardo
Alfredo Kraus

Enrico
Pablo Elvira

Raimondo
Paul Plishka

Normanno
John Gilmore

Arturo
Jeffrey Stamm

Alisa
Ariel Bybee

Chœurs et orchestre du Metropolitan Opera

Direction musicale
Richard Bonynge

Réalisation de la captation
Kirk Browning

New York, Metropolitan Opera, 13 novembre 1982

Il est des jugements qui parfois résistent mal au temps. Joan Sutherland et Alfredo Kraus furent ainsi longtemps considérés comme les belcantistes les plus authentiques de leur génération, redonnant à ce répertoire toute ses lettres de noblesse. Cette captation vieille de près de 40 ans aurait donc pu être l’occasion d’une remise en question. Après tout, nos deux héros n’y sont plus de première jeunesse : Dame Joan vient de célébrer ses 56 ans une semaine plus tôt (le 7 novembre), et son partenaire fêtera ses 55 ans quelques jours plus tard (le 17). L’un et l’autre ont débuté dans ce rôle, ensemble, à Londres, en 1959 ! Mais rien ce soir ne viendra remettre en doute le génie de ces deux légendes encore au sommet de leurs moyens.

Puissante et homogène sur toute la tessiture, la voix de Joan Sutherland se joue de toutes les difficultés de la partition avec une aisance confondante : vocalises, roulades, suraigus, variations… un modèle. La diction est plus appliquée qu’à certaines occasions. Le personnage, bien rôdé, est tout en finesse et on oublie vite que la Stupenda n’a plus l’âge du rôle depuis longtemps. Certains poses peuvent paraître un peu emphatiques (à l’époque, les chanteurs jouaient pour des salles de 2.000 à 4.000 personnes, pas pour les gros plans des caméras) mais beaucoup de détails sont plein de subtilités (le sourire un peu triste de Lucia touchant discrètement l’alliance qu’elle a échangé avec Edgardo alors qu’on la force à épouser Arturo). Aucune concession aux effets histrioniques : cette Lucia est bien ce qu’elle est, c’est-à-dire une héroïne romantique, sans effets scéniques outrés. Et puis, il y a cette scène de folie prodigieuse, où le soprano parcourt la scène d’un bout à l’autre sans que son chant n’en soit jamais affecté, et dont les deux parties seront accueillies par une interminable ovation. Alfredo Kraus est encore une fois formidable de style. Bien captée, la voix n’a pas les nasalités qu’on perçoit parfois dans certains enregistrements. Au contraire, le timbre est d’argent, les aigus éclatants (jusqu’au contre ré bémol à l’unisson de sa partenaire à la fin du sextet). Sa scène finale est d’un pur velours, avec un art insurpassable de la maîtrise du souffle et de la variété des couleurs. On regrette la coupure, habituelle à l’époque, de la scène de Wolfcrag. Face à ces deux monstres sacrés, Pablo Elvira fait mieux que tirer son épingle du jeu. Son Enrico est particulièrement bien chantant, peut-être un peu plus verdien que donizettien (à l’époque, les barytons ne chantaient pratiquement jamais ni variations ni codas dans ce répertoire). La voix de Paul Plishka est comme toujours un peu nasale, mais le chanteur est sûr et intelligent (il faut l’entendre citer avec émotion les paroles de  Lucia dans sa scène de l’acte III). Fort heureusement, son duo avec Lucia à l’acte II est ici rétabli. Les seconds rôles sont parfaits, en particulier le Normanno un brin vicieux de John Gilmore, très bon acteur, et l’Arturo au beau timbre de Jeffrey Stamm. La direction de Richard Bonynge est fine, vivante, dynamique, à l’écoute des chanteurs et du drame, bref : idéale.

La production de Margherita Wallmann est d’une modernité totale. Figurez-vous que l’action est transposée à l’époque du livret ! Foin d’urinoirs, de pardessus gris, d’accouchement sordide… Une telle mise en scène serait tout simplement impensable aujourd’hui et ferait s’évanouir d’horreur tous les ayatollahs de la déconstruction obligatoire. Seule concession, des costumes en délicatesse avec l’historicité, qui évoquent davantage une gay pride au XVIIe siècle que les austères jupettes écossaises pour homme. Le spectacle est remarquablement capté par Kirk Browning dont la justesse de certains plans démontre qu’il connaissait sa Lucia di Lammermoor sur le bout des doigts avant de se lancer dans l’aventure.
On ne pourra guère reprocher à ce spectacle que quelques coupures : même ainsi, on ne trouvera pas, à notre humble avis, d’enregistrement vidéo rendant à ce point justice au chef-d’œuvre de Donizetti et qui laisse à ce point l’émotion nous envahir.

Lien vers la vidéo : https://www.metopera.org/season/on-demand/opera/?upc=811357011478

 

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Opéra en trois actes

Livret de Salvadore Cammarano, d’après La Fiancée de Lammermoor, roman de Walter Scott.

Création le 26 septembre 1835 au Teatro San Carlo, Naples

Détails

Production

Margherita Wallmann

Mise en scène

Bruce Donnell
Décors

Attilio Colonnello
Lumières

Gil Wechsler
Chorégraphie

Alicia Markova

Lucia di Lammermoor
Joan Sutherland

Edgardo
Alfredo Kraus

Enrico
Pablo Elvira

Raimondo
Paul Plishka

Normanno
John Gilmore

Arturo
Jeffrey Stamm

Alisa
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Chœurs et orchestre du Metropolitan Opera

Direction musicale
Richard Bonynge

Réalisation de la captation
Kirk Browning

New York, Metropolitan Opera, 13 novembre 1982

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