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WAGNER, Die Meistersinger von Nürnberg – Bayreuth

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Spectacle
4 août 2025
Le burlesque fait son entrée à Bayreuth

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes
Musique et livret de Richard Wagner
Création au Nationaltheater de Munich le 21 juin 1868

Détails

Mise en scène
Matthias Davids

Décors
Andrew D.Edwards

Costumes
Susanne Hubrich

Dramaturgie
Christophe Wagner-Trenkwitz

Lumières
Fabrice Kebour

Chorégraphie
Simon Eichenberger

 

 

Hans Sachs
Georg Zeppenfeld

Veit Pogner
Jongmin Park

Kunz Vogelsang
Martin Koch

Konrad Nachtigal
Werner Van Mechelen

Sixtus Beckmesser
Michael Nagy

Fritz Kothner
Jordan Shanahan

Baltazar Zorn
Daniel Jenz

Ulrich Eisslinger
Matthew Newlin

Augustin Moser
Gideon Poppe

Hermann Ortel
Alexander Grassauer

Hans Schwarz
Tijl Faveyts

Hans Foltz
Patrick Zielke

Walther von Stolzing
Michael Spyres

David
Matthias Stier

Eva
Christina Nilsson

Magdalena
Christa Mayer

Le veilleur
Tobias Kehrer

 

Orchestre et chœurs du Festival de Bayreuth

Chef de Chœurs
Thomas Eitler-de Lint

Direction musicale
Daniele Gatti

Bayreuth, Festspielhaus, samedi 2 août 2025 à 16h

La nouvelle production des Meistersinger, inaugurée le 25 juillet dernier, a été confiée au metteur en scène Matthias Davids, venu du monde du théâtre et qui a fait l’essentiel de sa carrière en Allemagne. Volontiers iconoclaste, rompu aux ficelles du métier, il impose ici une conception presqu’entièrement tournée vers la comédie, qu’il manie très habilement mais pas toujours légèrement, au détriment d’une réflexion plus fondamentale – pourtant bien présente dans l’œuvre – sur le combat entre tradition et modernité. Dans une esthétique post-moderne, inspirée des jeux télévisés (nombreuses références à Intervilles) où débordent de toute part le grotesque, l’outrance et le kitsch assumé, il transpose l’œuvre dans un univers radicalement opposé à la tradition wagnérienne, son immobilisme et sa gravité.

Servie par un décor grandiose, (Andrew D. Edwards) fait de plusieurs éléments tournant dont un escalier monumental, un amphithéâtre dont les éléments décoratifs sont repris de la salle du Festspielhaus elle-même (mêmes luminaires trilobés, mêmes soubassements de colonnes en appareillage de fausses pierre etc…), une ville de Nuremberg stylisée au deuxième acte, un magnifique et sobre atelier de Sachs et finalement un podium de festival rock, la mise en scène balade le spectateur d’une époque à l’autre, confrontant les générations dans un joyeux débordement très imaginatif. Les costumes d’une imagination sans borne contribuent grandement au désordre général, en particulier dans la scène finale qui semble bien réunir tout ce que l’époque moderne peut proposer de plus laid et de plus vulgaire (tout cela parfaitement assumé) mais aussi de plus joyeux et de plus festif.

Pour tape-à-l’œil qu’il soit, le spectacle n’en est pas pour autant dépourvu d’attraits, tant Matthias Davids excelle par mille et un détails à surprendre, à faire rire, à créer des décalages inattendus qui relancent sans cesse l’action et tiennent le spectateur en éveil. Cela tient tantôt du cirque, tantôt du boulevard, délibérément populaire, exagérément coloré, plein d’artifices, très premier degré, et pourtant les sentiments sont sincères, les situations sont justes et l’émotion finit par poindre là où il faut, en particulier au début du troisième acte. De cette pièce qui pourrait n’être qu’un simple divertissement, il fait un chef-d’œuvre comique, ce qui est en soi une prouesse. Cette transposition contemporaine ne permet cependant pas de résoudre certaines questions cruciales posées par le livret, et notamment la place des femmes dans cette intrigue surannée, tout juste bonnes à servir de trophée, de récompense au vainqueur sans identité propre, mais surtout sans que jamais la question de leur consentement soit seulement évoquée. Même si l’amour de Eva pour son Walther semble sincère, Davids semble passer à côté de ce sujet-là sans s’en apercevoir.

A la direction musicale du spectacle, Daniele Gatti se lance à corps perdu dans l’aventure, avec plus d’entrain et d’enthousiasme que de précision ou de souci du détail. Comme emporté par le caractère débridé et foutraque du plateau, l’orchestre propose beaucoup d’ardeur, réussit quelques prouesses – la scène de la bagarre généralisée au deuxième acte est parfaitement en place – , se reprend quand il le faut et termine la soirée, près de cinq heures de musique tout de même, sans fatigue apparente.

La production bénéficie d’une distribution magnifique, dominée magistralement par Michael Spyres dans le rôle de Walther von Stolzing. S’il n’a plus tout à fait l’âge d’un jeune premier, il a la voix idéale pour le rôle, charpentée, puissante et claire, et incarne ce personnage de bon garçon sympathique avec une aisance déconcertante. Tout aussi impressionnant, mais dans un autre registre, le Hans Sachs de Georg Zeppenfeld fait preuve d’une humanité profonde, d’une grande maturité confinant à la sagesse. Son timbre imposant, sa haute stature et sa présence scénique font beaucoup pour nourrir le rôle. Le jeune ténor suisse allemand Matthias Stier dans le rôle de David a fait l’effet d’une révélation. Sa voix magnifiquement timbrée et pleine de charme semble tout à fait naturelle ; il donne au rôle une spontanéité et une sincérité déconcertantes. Christina Nilsson, soprano suédoise qui prête sa voix claire et puissante à Eva, a fait forte impression également, se révélant fine musicienne et d’une efficacité remarquable au troisième acte. A ses côtés, Christa Meyer dans le rôle plus modeste et moins flamboyant de Magdalena remplit parfaitement son office. Tous les cinq ont donné une magnifique version du célèbre quintette du troisième acte, musicalement très pure et scéniquement très émouvante. Beckmesser est chanté par Michael Nagy, baryton d’origine hongroise né à Stuttgart, qui tente de contourner le ridicule du personnage par une certaine froideur et fait beaucoup rire. Un peu en deçà de ses partenaires, Jongmin Park montre peu de charisme en Pogner malgré la profondeur de la voix. Les membres de la confrérie sont traités par la mise en scène de façon indifférenciée ; ils forment une cohorte homogène de fort bonne qualité, Martin Koch en Vogelsang, Werner Van Mechelen en Nachtigall, Jordan Shanahan en Kothner, Daniel Jenz en Zorn, Matthew Newlin très drôle en Eisslinger, Gideon Poppe en Moser, Alexander Grassauer en Ortel, Tijl Faveyts en Schwarz et Patrick Zielke en Foltz. Citons encore Tobias Kehrer qui incarne un veilleur de nuit redoutable, muni d’un impressionnant cor des Alpes. Les chœurs dirigés par Thomas Eitler-de Lint, nombreux et fort sollicités par la mise en scène, semblent avoir apprécié l’importance qui leur est ici accordée et répondent avec entrain, précision et spontanéité à toutes les injonctions de la partition.

Tous seront récompensés à la fin du spectacle par des applaudissements extrêmement nourris et bien mérités, la performance vocale et le caractère enjoué du spectacle emportant finalement l’adhésion du plus grand nombre.

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Opéra en trois actes
Musique et livret de Richard Wagner
Création au Nationaltheater de Munich le 21 juin 1868

Détails

Mise en scène
Matthias Davids

Décors
Andrew D.Edwards

Costumes
Susanne Hubrich

Dramaturgie
Christophe Wagner-Trenkwitz

Lumières
Fabrice Kebour

Chorégraphie
Simon Eichenberger

 

 

Hans Sachs
Georg Zeppenfeld

Veit Pogner
Jongmin Park

Kunz Vogelsang
Martin Koch

Konrad Nachtigal
Werner Van Mechelen

Sixtus Beckmesser
Michael Nagy

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Daniel Jenz

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Matthias Stier

Eva
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Direction musicale
Daniele Gatti

Bayreuth, Festspielhaus, samedi 2 août 2025 à 16h

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