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Un jour, une création : 11 septembre 1951, débauche d’idées.

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11 septembre 2019
Un jour, une création : 11 septembre 1951, débauche d’idées.

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The Rake’s progress, c’est d’abord une série de 8 tableaux puis de 8 gravures du peintre anglais William Hogarth qui la réalise entre 1733 et 1735, donnant ainsi une suite masculine à une autre série de 1730, A Harlot’s progress, décrivant la vie d’une prostituée. Cette fois, Hogarth présente la vie ou plutôt la « carrière » d’un libertin, d’un débauché, d’un « roué » (rake), Tom Rakewell (nom évidemment pas choisi au hasard…). Cela commence donc par un bel héritage presqu’inespéré et par sa dilapidation à travers luxe et luxure. Suit l’arrestation de Tom et son emprisonnement, puis son rebond par un mariage avec une riche héritière très âgée, dont il va gaspiller la dot avant de finir dans un asile. Charmante destinée… Igor Stravinsky, exilé aux Etats-Unis depuis 1939 et naturalisé américain depuis peu, fait la connaissance de ce sombre cheminement pictural en 1947, au Chicago Art Institute et ne tarde pas à faire savoir qu’il aimerait en faire un opéra. C’est Aldous Huxley qui lui souffle le nom de Wystan Hugh Auden, poète anglais, pour établir le livret, en compagnie de Chester Kallmann, un autre poète –américain- davantage rompu à l’écriture de livrets, même si Auden avait écrit le texte du premier opéra de Britten, Paul Bunyan.

Stravinsky reçoit le livret -qui ajoute histoires et personnages aux tableaux- 1 an après, au printemps 1948, et se met au travail. Tom Rakewell devient un personnage plus faible et irrésolu que cynique et simplement immoral. Il semble guidé par des sentiments inconciliables, entre abysses et quête de l’amour vrai, incarné, justement, par Anne « Trulove », l’un des personnages imaginé par les librettistes… Stravinsky, qui arrive là au terme de sa période néo-classique entamée durant la Seconde guerre mondiale, élabore une partition qui s’inspire naturellement beaucoup de la période des tableaux, avec une structure elle-même en numéro avec airs et récitatifs, au point que certaines critiques l’accuseront vite d’avoir construit un « pastiche », sans grande imagination. C’est bien sûr être sévère avec une œuvre beaucoup plus originale que cela, même si le pastiche est volontairement bien présent. Après tout, c’est un art aussi : demandez donc à Offenbach !

Stravinsky emprunte à plusieurs mythes pour composer ses personnages : un peu de Don Giovanni, un peu de Faust-Mephisto aussi, mais, comme le souligne Piotr Kaminski, également quelque chose de Hermann, l’obsessionnel héros ou plutôt anti-héros de la Dame de pique de Pouchkine et de Tchaikovsky. Certes, Stravinsky lorgne sur Mozart (et sur d’autres !), mais il fait du Stravinsky, comme le souligne Piotr Kaminsky. Et ce Stravinsky est résolument moderne.

La création, lors la Biennale de Venise voici 68 ans, est un grand succès. Elle n’a pas été de tout repos : Stravinsky voulait Igor Markevitch pour la diriger, mais la direction du festival avait refusé. Stravinsky dirigera donc la première, dans une mise en scène de Carl Ebert, avant de laisser la baguette à Ferdinand Leitner, souhaité par le Festival et qui avait conduit les répétitions. Stravinsky pourra néanmoins compter sur la présence d’Elisabeth Schwarzkopf en Anne Trulove, ce qu’il n’obtiendra pas 2 ans plus tard lors de la reprise de son œuvre au Metropolitan Opera de New York, Schwarzkopf étant alors écartée par le tout puissant patron de ce dernier, Rudolf Bing, qui n’a jamais accepté l’acquittement de Schwarzkopf lors de son procès en dénazification.

Stravinsky ne connaîtra pas la belle renaissance de sa partition, particulièrement depuis les années 90, mais The Rake’s progress est désormais fermement inscrit parmi les principales œuvres lyriques du XXème siècle. En voici d’ailleurs l’une des reprises pionnières, au Festival d’Aix-en-Provence en 1992, avec Jerry Hadley en Tom Rakewell, qui sombre ici dans la folie avant l’épilogue, sous la direction de Kent Nagano, dans une production teintée de noirceur signée Alfredo Arias.

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