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VERDI, Aida — Vérone

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Spectacle
7 août 2011
98 ans, et toujours pas une ride

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3

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe VERDI (1813-1901) Aïda Opéra en 4 actes Livret d’Antonio Ghislanzoni d’après un scénario d’Auguste Mariette Création au Caire (Opéra Khédival), le 24 décembre 1871 Mise en scène, Gianfranco de Bosio Décors réalisés par Rinaldo Olivieri d’après Ettore Fagiuoli (1913) Costumes d’après Mariette Chorégraphie, Susanna Egri Aïda, Lucrezia Garcia Radamès, Marcello Giordani Amnéris, Giovanna Casolla Amonasro, Alberto Mastromarino Ramfis, Giacomo Prestia Le Roi, Carlo Striuli Un messager, Angelo Casertano Une prêtresse, Giorgia Bertagni Orchestre, chœurs et ballet des Arènes de Vérone Direction, Daniel Oren Vérone, Arena, dimanche 7 août 2011, 21h

La production d’Aïda qui, en 1913, inaugurait les saisons lyriques des arènes de Vérone, a été reprise de nombreuses fois entre 1913 et 1936. Recréée sous la direction de Gianfranco de Bosio en 1982, et reprise à nouveau une vingtaine de saisons, elle a été vue par plus de 2 millions de spectateurs. Et il faut dire qu’elle le mérite, car elle s’intègre merveilleusement bien aux arènes, dégageant ce parfum « péplum » si particulier et si proche des volontés de l’égyptologue Mariette. Bien sûr, il ne faut pas y chercher des méandres psychologique ni psychanalytiques originaux : nous sommes ici au premier degré, mais c’est du grand spectacle très soigné dans le moindre des détails, et qui fonctionne remarquablement bien*.

 

La surprise du soir a été d’apprendre trois minutes avant le début de la représentation que le rôle d’Aïda serait chanté par Lucrezia Garcia, qui fait partie des quatre Aïda programmées à Vérone, mais remplace au pied levé Amarilli Nizza. La jeune cantatrice vénézuélienne, qui a commencé sa carrière il y a une dizaine d’années, est visiblement une jeune femme solide et volontaire, et l’Aïda qu’elle incarne s’en ressent. Point de pleurnicheries, juste des états d’âme, et il n’y a que devant son père qu’elle accepte de plier. La voix est puissante et souple, très musicale ; le style est bien adapté, sauf une légère propension à hacher certains passages plutôt qu’à leur donner le legato traditionnel. Elle a l’art des notes filées et tenues, et émet le contre-ut avec brio. Donc, une magnifique interprétation, et une cantatrice à suivre avec intérêt : on doit en principe retrouver son Aïda à l’Opéra Bastille en 2013.

 

Le second intérêt de la soirée était de voir en Amnéris Giovanna Casolla, une des plus grandes comédiennes/tragédiennes actuelles du théâtre lyrique international. Nous avions souligné l’an dernier la finesse de détails de son interprétation de la princesse Turandot (voir notre compte rendu). Il en est de même cette année, où elle subjugue le public par l’intelligence de son interprétation : non seulement elle donne l’impression de jouer le rôle pour la première fois tant elle est attentive à ce que disent ses partenaires, et tant elle réagit avec à propos au texte de chacun ; mais de plus, elle est royale naturellement, sans vulgarité, et joue une simple princesse, avec ses problèmes de princesse amoureuse, et non les viragos impétueuses que l’on peut voir si fréquemment. Vocalement parlant, c’est tout aussi intéressant, et pourtant, elle n’est pas mezzo, ce qui l’oblige à alléger toutes les notes graves qu’elle se refuse à poitriner ; les aigus sont rayonnants, et le respect de la partition tout comme l’intelligence musicale lui permettent de construire un personnage particulièrement séduisant.

 

On ne se lasse pas de voir et d’entendre Giacomo Prestia dans le rôle de Ramfis. Il y est étonnant de présence souveraine ; la voix est toujours somptueuse, le style parfait, bref un grand prêtre comme on voudrait en voir plus souvent. On retrouve toujours avec plaisir Alberto Mastromarino, qui est devenu l’un des grands spécialistes du rôle d’Amonasro ; le personnage de sauvage hirsute qu’il crée est certes un peu forcé et daté, mais il est, vocalement parlant, tout à fait convaincant. Marcello Giordani, également bien connu des scènes internationales, du Met à la Scala, est un Radamès correct, qui remplit honnêtement son contrat, sans guère de flamme ni guerrière ni amoureuse. Aux côtés d’un messager sans histoire (Angelo Casertano), le roi rigolard de Carlo Striuli et la grande prêtresse de Giorgia Bertagni ont chacun de leur côté allègrement détonné. Quant aux danseurs, très applaudis cependant, mieux vaut n’en rien dire.

 

On a souvent reproché à Daniel Oren de trop diriger Aïda, et de s’enfoncer dans la routine. Ce soir, en super forme, il a balayé d’un geste royal toutes les réticences. Vif, attentif, il a suivi les chœurs et les solistes avec la plus grande attention, et a insufflé à l’orchestre la passion sans laquelle Aïda risquerait de n’être qu’un péplum spaghetti.

 

* Il reste peu de temps pour voir cette production : quelques représentations cet été, peut-être une dernière reprise l’an prochain mais rien n’est décidé ; en tous cas, en 2013, pour le centenaire de cette Aïda véronaise, il y aura en principe une nouvelle production.

 

 

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Giuseppe VERDI (1813-1901) Aïda Opéra en 4 actes Livret d’Antonio Ghislanzoni d’après un scénario d’Auguste Mariette Création au Caire (Opéra Khédival), le 24 décembre 1871 Mise en scène, Gianfranco de Bosio Décors réalisés par Rinaldo Olivieri d’après Ettore Fagiuoli (1913) Costumes d’après Mariette Chorégraphie, Susanna Egri Aïda, Lucrezia Garcia Radamès, Marcello Giordani Amnéris, Giovanna Casolla Amonasro, Alberto Mastromarino Ramfis, Giacomo Prestia Le Roi, Carlo Striuli Un messager, Angelo Casertano Une prêtresse, Giorgia Bertagni Orchestre, chœurs et ballet des Arènes de Vérone Direction, Daniel Oren Vérone, Arena, dimanche 7 août 2011, 21h

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