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La Jacquerie — Montpellier (Festival)

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Spectacle
24 juillet 2015
Une dose de Lalo pour quatre volumes de Coquard

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en quatre actes, achevé par Arthur Coquard

Livret d’Edouard Blau et Simone Arnaud, d’après une pièce de Prosper Mérimée

Version de concert

Détails

Blanche de Sainte-Croix

Véronique Gens

Jeanne

Nora Gubisch

Robert

Charles Castronovo

Guillaume

Boris Pinkhasovich

Le Comte de Sainte-Croix

Jean-Sébastien Bou

Le Sénéchal

Patrick Bolleire

Le Baron de Savigny

Enguerrand de Hys

Choeur de Radio-France

Chef de choeur

Michel Tranchant

Chef de chant

Brigitte Clair

Orchestre Philharmonique de Radio France

direction musicale

Patrick Davin

30ème Festival Radio France Montpellier Languedoc Roussillon

Montpellier, Opéra Berlioz – Le Corum

Vendredi 24 juillet 2015, 20 heures

Le Palazzetto Bru Zane et le Festival de Radio France Montpellier se sont unis pour rendre vie à l’opéra posthume de Lalo, La Jacquerie. L’événement réside moins dans le premier acte, qui ne vit que des emprunts à Fiesque, qu’à la révélation des suivants, de la plume d’Arthur Coquard. Travail de toute autre nature que celui de Guiraud pour Carmen (transformation des dialogues parlés en récitatifs) : bien qu’au service de la musique de Lalo, c’est une œuvre forte, originale et personnelle.

Le livret d’Edouard Blau, qui avait signé celui du Roi d’Ys, puis de Werther, nous plonge dans le XIVe siècle, pour un opéra historique à la Meyerbeer, d’une concision dramatique efficace. Blanche doit être mariée à un baron. Son père, le comte de Sainte-Croix, exige que ses serfs paient la dot, ce qui suscite une révolte animée par le bûcheron Guillaume. A son retour de Paris, Robert, fils de Jeanne la fermière, est choisi pour conduire le soulèvement, ce à quoi elle tente vainement de s’opposer. Lors d’une fête au château, les insurgés abattent le Comte dont l’intransigeance était absolue. Jeanne souhaite mourir avec lui. Guillaume veut la frapper, Robert s’interpose, quitte à passer pour un traître, car il a reconnu en elle une jeune fille qui l’a sauvé dans une émeute à Paris. Mais les seigneurs ont organisé la répression et les Jacques sont traqués. Blanche et Jeanne se lamentent. Robert veut revoir Blanche une dernière fois. Celle-ci lui reproche le meurtre de son père, ce dont il se défend. Guillaume accuse Robert de trahison. Blanche et Robert, conscients de leur mort prochaine, s’avouent leur amour. Les Jacques sont empêchés d’accomplir leur vengeance par les seigneurs qui délivrent Blanche. Guillaume poignarde Robert. Blanche se retirera dans un couvent.

L’écriture du premier acte, puissante sinon lourde, sent son Wagner. Bien qu’aucune rupture ne soit perceptible, il en ira différemment ensuite. A la brève et vigoureuse introduction du début vont se substituer pour chacun des trois actes suivants d’amples préludes symphoniques, avec d’extraordinaires soli (hautbois, cor, cor anglais). Réunis en suite ou joués séparément, ils méritent de sortir de la fosse pour faire enfin connaître et apprécier l’œuvre de Coquard. Le caractère français de cette musique est indéniable. Bien que la mélodie y soit continue, que l’orchestre y joue un rôle essentiel, que des motifs récurrents soient perceptibles, la clarté de la prosodie et du chant, l’usage d’un orchestre coloré à souhait, transparent, voire diaphane, mais énergique, puissant, nerveux ou rêveur, toujours ductile et souple, tout l’affirme. Ecouter un ouvrage français de cette facture élaborée, inventive, en comprendre tout le texte, y compris celui des chœurs, est un motif supplémentaire de satisfaction.


© Marc Ginot

La direction de Patrick Davin traduit bien son attachement à défendre cette musique injustement oubliée. Il construit les progressions, dessine chaque phrase, insuffle à l’orchestre et aux chœurs une énergie rare, toujours attentif aux équilibres. L’Orchestre Philharmonique, au grand complet, joue parfaitement le jeu et sonne magnifiquement. Chaque pupitre est valorisé, et la dynamique de l’ensemble, les contrastes ménagés par l’écriture sont soulignés par la direction. Loin des flons-flons (on se souvient de ceux de La Vivandière), cette musique a un parfum nouveau. Véronique Gens donne à Blanche une vie singulière. Elle nous émeut par la qualité et la vérité dramatique de son chant. Les épreuves qu’elle traverse vont transformer la jeune fille sage soumise à un père attentionné en une héroïne passionnée, prête à sacrifier sa vie avec Robert. La voix est fraîche, remarquablement conduite avec un médium riche, des aigus aisés et souples. « L’oiselet du joli bocage » (acte III), rêveur, nous fait oublier Lalo, et préférer Coquard. « Dieu, comme cette odeur est douce et printanière », très soutenu, bien timbré, est d’une émotion retenue. Les mots font défaut pour décrire l’exaltation pathétique atteinte au finale.Son duo avec Jeanne,  précédé du solo de cor anglais du 4e acte, est poignant. Chacune trouve les accents les plus justes pour en faire un point culminant de l’ouvrage. Nora Gubisch malgré d’indéniables qualités d’émission, semble parfois fatiguée. L’effort est perceptible, particulièrement au début. Le 2e acte lui accorde de nombreuses et  belles interventions « Ô mon enfant, quel sacrifice, quel dévouement veux-tu de moi ? » (acte II) avec la petite harmonie, est empreint d’une émotion sincère, sa prière à la Vierge (« Vierge, madame et maîtresse ») accompagnée par le chœur atteint à une beauté rare. La force expressive la plus intense est atteinte dans le duo signalé ci-dessus. Boris Pinkhasovich est un splendide Guillaume, le révolté.  Son émission claire, forte, son aisance naturelle et son engagement dramatique forcent l’admiration. Dès sa première intervention (la chanson de Jacques Bonhomme), nous sommes emportés. Le Robert de Charles Castronovo est héroïque, et l’on parlerait d’un heldentenor s’il s’exprimait en allemand. Son retour auprès de sa mère (au premier acte), l’affrontement avec Guillaume (acte II), puis avec le Comte (acte III), et pour terminer cette transfiguration de la mort par l’amour en font un, sinon le, personnage central.  Jean Sébastien Bou qui remplace un soliste défaillant incarne le Comte avec l’autorité qui convient. La voix est puissante, sensible, bien articulée. Son dialogue avec Blanche est empreint d’une rare humanité. Ainsi est campé un personnage dont la vérité psychologique est réelle. Le Sénéchal de Patrick Bolleire, sonoreet bien timbré, particulièrement intelligible, est pleinement convaincant.

L’excellent chœur de Radio France, préparé par Michel Tranchant, est très sollicité : Les paysans sont au cœur de l’action et Lalo, Coquard davantage encore, lui confient un rôle essentiel. Interjections, chœurs développés, de femmes, d’hommes, bouche fermée, a cappella… toutes les possibilités sont exploitées avec à propos. Retenons le beau Stabat mater, puis, au début du 3ème acte, le Mai. Arthur Coquard savait écrire pour le chœur beaucoup mieux que la plupart de ses contemporains français. Gageons que l’intérêt et l’excellente surprise suscités par cette production ne s’arrêteront pas à ces trois actes.

La Jacquerie sera reprise le 11 mars 2016 à l’Auditorium de la Maison de la Radio, et le livre disque devrait sortir fin février.

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Robert

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Guillaume

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Le Comte de Sainte-Croix

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Le Sénéchal

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Le Baron de Savigny

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