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STRAUSS, Der Rosenkavalier – Berlin (Staatsoper)

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Spectacle
6 mai 2023
Désaccords fatals

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Comédie en musique en 3 actes

Musique de Richard Strauss

Livret de Hugo von HOFMANNSTHAL

Création au Königliches Opernhaus Dresden le 26 janvier 1911

Première dans cette production 9 février 2020

au Staatsoper Unter den Linden

 

Détails

Mise en scène

André HELLER

Assistant à la mise en scène

Wolfgang SCHILLY

Photographies de scène

Xenia HAUSNER

Assistante à la photographie

Nanna NEUDECK

Costumes

Arthur ARBESSER

Assistante aux costumes

Onka ALLMAYER-BECK

Lumières

Olaf FREESE

Vidéo

Günter JÄCKLE, Philip HILLERS

 

 

Feldmarschallin Fürsten Werdenberg

Camilla NYLUND

Baron Ochs auf Lerchenau

David STEFFENS

Octavian

Ema NIKOLOVSKA

Herr von Faninal

Roman TREKEL

Sophie

Siobhan STAGG

Marianne 

Anna SAMUIL

Valzacchi

Karl-Michael EBNER

Annina

Katharina KAMMERLOHER

Ein Notar

Carles PACHON

Ein Sänger

Andrés MORENO GARCIA

Ein Polizeikommissar

Benjamin CHAMANDY

Mohammed

Leandro NGOMANE

STAATSOPERNCHOR

Chef des chœurs

Gerhard POLIFKA

STAATSKAPELLE BERLIN

Direction musicale

Alexander SODDY

Berlin, Staatsoper,  le samedi 29 avril 2023 à 17h

Le public s’installe alors qu’une affiche annonçant la distribution du Rosenkavalier du vendredi 9 février 1917 occupe le mur du fond de scène. On n’y remarque d’abord que les noms des chanteurs connus : Lotte Lehman dans le rôle de la FeldMarschallin et Richard Mayr en Ochs. En détaillant le bas de l’affiche, on s’aperçoit que quelques célébrités ont joué les utilités. Pour cette soirée de levée de fonds pour les soldats en 1917,Stefan Zweig, et Hugo von Hofmannsthal n’ont pas hésité à monter sur scène. Pourquoi cette affiche ? Faut-il nous rappeler que ce chef-d’œuvre recèle beaucoup de profondeur, peut-être même de la tristesse, en tout cas de la mélancolie ? Nous dit-on que l’odeur des cadavres en est l’héritage ? On sait que la création de cette comédie en trois actes a aussi précédé de peu l’effondrement de l’empire austro-hongrois. Nous pleurerons effectivement après cet avertissement de mauvais augure (mais ce ne sera pas la faute des victimes de la Première Guerre mondiale).

Avant d’en venir à la mise en scène estampillée Sécession viennoise (ni idiote ni bien marquante), confiée à un artiste qu’on nous affirme « actionniste » André Heller, où nous verrons passer Klimt, ses modèles et Grace Kelly en robe de soirée rouge, des artistes de cirque et quelques chasseurs en culotte de peau entre autres quidams, notons que la soirée est dominée par la Maréchale de Camilla Nylund et par le baron Ochs du jeune baryton-basse David Steffens auxquels on ajoutera la Sophie délicieuse de la soprano Siobhan Stagg.

Pour l’ultime soirée de cette production (reprise prévue en décembre 2023 avec une nouvelle distribution, et heureusement un nouveau chef, dans la même mise en scène), ces chanteurs ont bien du talent et bien du courage pour exister dans le charivari que la fosse nous inflige. Mais qu’est-il arrivé à cette respectable Staatskapelle de Berlin ? Révolte des musiciens contre les intentions du chef Alexander Soddy ? Incompétence de l’ancien directeur musical de l’opéra de Mannheim pour installer sa vision ? On s’interroge.

Dès les premières mesures, c’est l’horreur et la cacophonie. Rien ne va. Chacun tire la couverture à soi, ou on part en retard quand il n’y a pas carrément émeute. Les couacs épouvantables des cuivres ont certes donné le la. Les cordes se font rageuses. Qu’est-ce que ce cirque ? Le choc qu’inflige cet orchestre grinçant ne passera pas de toute la soirée, dans une œuvre qu’on attend certes bouffe, mais gaie, enlevée, brillante et tendre ! Les pupitres en retard donc, les sonorités pâteuses ou rugueuses, les traits anarchiques, les plans sonores brouillons, bon sang mais c’est bien sûr ! Le chef anglais croit nous « elektrifier » le Chevalier à la Rose ! Et c’est consternant de ratage. 

© Staatsoper Berlin

Le premier tableau présente une version (un peu trop colorée ?) de ce que pourrait être une chambre Art Nouveau 1900. Les costumes assez laids (comme ces rayures et carreaux noirs et blancs des robes de la Maréchale) s’intègrent tant bien que mal dans une esthétique début de siècle. Ce qui empêche vraiment la magie d’opérer c’est ce laisser-aller dans la fosse qui ne se règle pas, perturbant grandement le beau tête à tête entre Oktavian (la mezzo Ema Nikolovska, au peu élégant vibrato d’abord, prenant ensuite ses marques avec une voix bien projetée) et sa Bichette. Notons que les parlandos d’Oktavian comme ceux d’Ochs seront parfois trop plats, guère portés par la fosse.

Dans cette histoire burlesque et profonde, où noblesse et prosaïsme contrastent, où un amant fidèle ne réussit pas à le rester (Oktavian) tandis qu’un coureur vulgaire (Ochs) n’arrive pas à tromper sa fiancée, des plages contemplatives sublimes ont été voulues par Strauss. On les attend, elles seront parfois sauvées in extremis ici ou là malgré le désastre en fosse, par exemple à la fin du premier acte grâce à quelques solos et accompagnements de la Staatskapelle, et grâce au savoir-faire de la soprano finlandaise, belle Marschallin parvenue à la plénitude vocale idoine après un début un peu désorienté par le quasi chaos musical. Madame Nylund est tendre dans les accents intérieurs de la conversation en musique mais les aigus sont parfois forcés. Entre-temps le chanteur italien (Andrés Moreno Garcia) se sera taillé (forcément) un beau succès avec son pastiche – alors que des circassiens se seront échinés en vain à faire valoir leurs tours dans le défilé des importuns, un peu à l’image de cette proposition finalement.

Le deuxième acte mettant en scène la Frise Beethoven centrée sur le Gorille (les hommes, ces mammifères peu fins aux pulsions déréglées comme Ochs, veut-on nous dire) voit donc entrer Klimt, ses modèles et tout un personnel hétéroclite qui animent une entrée ratée du Chevalier à la Rose (en style Louis XV tout d’argent), la faute à l’orchestre évidemment qui ne sait faire que pompeux quand il faudrait être éclatant. Klimt, quant à lui évolue sur scène, en observateur de la comédie humaine ou en séducteur compulsif (ou les deux). C’est assez bien trouvé même si l’idée est un peu diluée dans un discours surchargé.

Malgré le fait qu’il soit accompagné systématiquement par une valse (sa valse signature) ici pachydermique, les facéties du jeune baryton bavarois Steffens, en Ochs, au timbre plaisant à l’émission fluide (qui sait altérer aux bons moments ses graves pour nous faire rire – par exemple à la fin de l’acte Il sur l’adjectif « lang »), bref un fat bouffe tel qu’attendu, n’empêchent pas les bâillements. Heureusement la fraîcheur et la vivacité de Sophie (Sobhian Stagg), au phrasé délicat et aux aigus charmants, nous emmènent jusqu’à un troisième acte franchement amusant.

André Heller est à son affaire avec le piège organisé dans l’auberge par Oktavian et les deux intrigants (excellents Karl-Michael Ebner et Katharina Kammerloher), sans orchestre sur scène. Après quelques éclats de rire, « jedes Ding hat seine Zeit » comme la Maréchale nous l’a rappelé plus tôt, il est temps de quitter la salle, à peine émus par le trio et les duos du finale pourtant si justement vantés. Les chanteurs constamment contrariés par une direction décousue, fâchée avec la justesse et sans hauteur de vue, sont empêchés de nous offrir le grand lied final bouleversant voulu par Strauss. Les ensembles ont été trop souvent désordonnés, les interprètes livrés à eux-mêmes. Cet opéra, « une mascarade viennoise » selon la Maréchale ?

Cela n’excuse pas la contre-performance d’un orchestre privé de nuances, de justesse, souvent de cohésion, de couleurs et de lyrisme. Mais n’est-il pas aussi la victime d’une vision ratée musicalement ? On sait qu’il est difficile de trouver un chef capable de bien diriger ce chef-d’œuvre. Il faudrait de surcroît beaucoup plus de talent à Alexander Soddy pour faire de cette partition une pièce de littérature atonale ou du moins une énorme parodie très noire. L’idée, qui se défend, mal mise en œuvre ici, se perd décidément sans rime ni raison.

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Comédie en musique en 3 actes

Musique de Richard Strauss

Livret de Hugo von HOFMANNSTHAL

Création au Königliches Opernhaus Dresden le 26 janvier 1911

Première dans cette production 9 février 2020

au Staatsoper Unter den Linden

 

Détails

Mise en scène

André HELLER

Assistant à la mise en scène

Wolfgang SCHILLY

Photographies de scène

Xenia HAUSNER

Assistante à la photographie

Nanna NEUDECK

Costumes

Arthur ARBESSER

Assistante aux costumes

Onka ALLMAYER-BECK

Lumières

Olaf FREESE

Vidéo

Günter JÄCKLE, Philip HILLERS

 

 

Feldmarschallin Fürsten Werdenberg

Camilla NYLUND

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David STEFFENS

Octavian

Ema NIKOLOVSKA

Herr von Faninal

Roman TREKEL

Sophie

Siobhan STAGG

Marianne 

Anna SAMUIL

Valzacchi

Karl-Michael EBNER

Annina

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Carles PACHON

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Andrés MORENO GARCIA

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Mohammed

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