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Nuits d’été — La Côte-Saint-André

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Spectacle
26 août 2022
Nuits d’été, plus qu’un songe…

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Hector Berlioz

Rêverie et caprice, romance pour violon et orchestre, opus 8, H.88

Les Nuits d’été, op.7, 6 mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier

Felix Mendelssohn

Symphonie n°3 « Ecossaise », en la mineur, opus 56

Alix Le Saux, mezzo-soprano

Orchestre de chambre de Lausanne

Direction musicale et violon

Renaud Capuçon

La Côte Saint-André, Festival Berlioz, Cour du Château Louis XI, 21 août 2022, 21h

le concert, enregistré par Radio-Classique, sera retransmis le samedi 27 août

Le concert centré sur Berlioz et Mendelssohn que nous propose Renaud Capuçon, à la tête de l’Orchestre de chambre de Lausanne confirme déjà l’excellence du lieu. Est-il un espace en plein-air dédié à la musique dont l’acoustique soit plus favorable que celui de la cour du Château Louis XI où, tous les soirs, le Festival Berlioz accueille les plus grandes formations comme de remarquables solistes ? Il est permis d’en douter. Les Nuits d’été, de Berlioz, sont au cœur du programme, introduites par Rêverie et caprice, opus 8, que le chef dirige du violon. La célèbre symphonie « Ecossaise », de Mendelsssohn, sera donnée en seconde partie.

L’orchestre séduit à plus d’un titre. Chambriste, au plein sens du terme, avec cette écoute permanente de l’autre, la personnalité de chaque pupitre ou instrument, le son est plein, rond, riche en couleurs. La virtuosité de chacun, toujours au service du texte, est éblouissante. Victor Desarzens, le fondateur, serait fier de sa descendance.

Rêverie et caprice est rarement donné, et il faut redire notre reconnaissance au Festival Berlioz de proposer chaque saison son lot de découvertes. Renaud Capuçon sera le soliste de cette œuvre concertante, accompagné par son orchestre qu’il dirige de l’archet. La genèse de la pièce est liée à l’échec de Benvenuto Cellini. Berlioz en extrait la romance de Teresa, supprimée dans l’opéra, et l’amplifie pour en faire un petit concerto, bien qu’il intitule sa pièce « Romance ». L’œuvre, brève, n’a pas pour ambition de rivaliser avec les grands concertos, mais de divertir instrumentalement le public qui allait écouter le même soir Harold en Italie et le triple concerto de Beethoven. Peu de développements pour une musique bien faite, souple, variée, sollicitant autant le violon que l’orchestre. Evidemment, sous l’archet de notre chef-soliste, c’est un moment fort agréable, excellent prélude aux Nuits d’été (publiées la même année (1841) dans leur version initiale, pour voix et piano), bien que relevant d’esthétiques différentes.

On ne présente plus les Nuits d’été, que toutes les grandes mezzos ont illustrées, depuis Suzanne Danco. Berlioz est en pleine possession de ses moyens lorsqu’il achève l’orchestration du cyle, en 1856. Seules, les clarinettes, les flûtes et les cordes sont sollicitées par chacune des mélodies. L’orchestration renouvelée participe aux changements des couleurs qu’appellent le poème et son illustration. Une des plus prometteuses de nos mezzos, Alix Le Saux, a mûri l’ouvrage depuis qu’elle devait le donner avec l’Orchestre de la Suisse Romande (durant le COVID). Dès la villanelle, on est séduit par la voix, claire, jeune, aux belles couleurs, fraîches comme mordorées, égale dans tous les registres (les piani murmurés), qui traduira remarquablement les climats et les émotions de chaque pièce. La conduite de la ligne et le soutien ne connaissent pas la moindre défaillance. Ces qualités de jeunesse et de fraîcheur renouvellent l’approche du cycle, trop souvent confié à des voix consacrées, souvent marquées par l’âge. Le spectre de la rose, très retenu, est servi par des cordes, des bois et un violoncelle solo superbes. Le balancement de Sur les lagunes (Ma belle amie est morte), jusqu’au perdendo final, ne laisse pas d’émouvoir. La plénitude de « Reviens, reviens… » (Absence), sa sincérité touchent chacun. La diction est soignée, et si certains mots ou membres de phrase ne peuvent être reconnus que par les familiers, c’est que l’orchestre oublie parfois sa fonction accompagnatrice. Ce sera l’unique réserve. La direction, bien que se montrant très attentive au chant, avec des cordes aux phrasés exemplaires et des bois admirables, réalise une balance ponctuellement défavorable à la soliste. C’est particulièrement vrai de certains passages de la barcarolle finale (L’île inconnue). Une mezzo dont la carrière, conduite avec intelligence, nous réserve des surprises, et une formation exemplaire de vie, de couleurs et de cohésion. Le concert sera diffusé par Radio-Classique le 27 août. Nul doute que les techniciens auront corrigé d’ici là les quelques déséquilibres dérangeants que le public perçoit dans les Nuits d’été.  Certes, la voix n’a pas encore acquis toute la puissance ni la projection des « grandes » mezzos familières de l’ouvrage, mais l’orchestre méritait d’être davantage tenu pour la servir sans la couvrir.

L’ « Ecossaise » est avec l’ « Italienne » la plus jouée des symphonies de Mendelssohn, et c’est toujours un bonheur que de l’écouter. L’orchestre et son chef sont pleinement engagés, pour cette expression si singulière d’un romantisme sincère, impétueux et doux, tendre, ô combien différent de celui de Berlioz. On oublie la progression soigneuse du premier mouvement tant on est séduit. Le vivace suivant est jubilatoire, frémissant, pris à un train d’enfer sans que l’on ressente la moindre précipitation. Les modelés des cordes, des violons tout particulièrement, donnent à l’adagio cette qualité rare, élégiaque et grave, à laquelle prennent part les cors et les violoncelles. Le final, enfiévré, étourdissant, puis empreint de solennité est réussi. Toujours attentive aux phrasés des cordes, la direction s’avère efficace, mais se montre par trop démonstrative, ample, négligeant certaines respirations et privilégiant dans les passages rapides la scansion rythmique, nerveuse, obsessionnelle, aux dépens des lignes, alors qu’a contrario, elle gomme quelque peu l’articulation du mouvement lent. Mais ceci n’altère pas une soirée réussie. On espère retrouver, ensemble ou séparés, les artisans du bonheur partagé par les auditeurs de ce soir.

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Rêverie et caprice, romance pour violon et orchestre, opus 8, H.88

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Felix Mendelssohn

Symphonie n°3 « Ecossaise », en la mineur, opus 56

Alix Le Saux, mezzo-soprano

Orchestre de chambre de Lausanne

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